Avec 27 jours passés à Matignon, il est le Premier ministre le plus éphémère de l’histoire de la Ve République. Nommé le 9 septembre dernier, Sébastien était sous le feu des critiques des opposants et de la droite après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Il devait prononcer mardi sa déclaration de politique générale à l’Assemblée mais a finalement remis ce lundi sa démission à Emmanuel Macron qui l’a acceptée.
Dans la foulée, le Rassemblement National a d’ores et déjà appelé à dissoudre l’Assemblée nationale.
Sa démission plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis plusieurs décennies, et place Emmanuel Macron en première ligne, alors que fleurissent des appels à une nouvelle dissolution, voire à une démission du chef de l’Etat. Le pays a connu cinq Premiers ministres depuis la réélection d'Emmanuel Macron en mai 2022.
Face aux critiques
La désignation de M. Lecornu, ministre des Armées proche d'Emmanuel Macron, avait déjà suscité la réprobation de la gauche et du Rassemblement national, qui n'ont cessé de brandir la menace d'une censure rapide à moins d'une rupture claire dans la politique menée.
Mais M. Lecornu a également dû faire face à une fronde à l'intérieur même de sa fragile coalition gouvernementale. Les Républicains ont fait monter la pression ces derniers jours en conditionnant leur participation à des engagements supplémentaires du Premier ministre, notamment sur l'immigration. Ils exigeaient également d'avoir un tiers des postes ministériels.
Le dévoilement de son équipe dimanche soir, qui fait la part belle aux reconductions et signe le retour au gouvernement de l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire, tenu pour responsable de la situation budgétaire, a achevé d'enflammer la situation. Jusqu'à pousser M. Lecornu à la démission lundi matin.
Lecornu revient sur les raisons de sa démission
Dans la cour de Matignon, l’ex-Premier ministre est revenu ce lundi matin à 10h45 sur les raisons de sa démission. "On ne peut pas être Premier ministre quand les conditions ne sont pas remplies", a annoncé d’entrée Sébastien Lecornu. Alors qu’il a pointé du doigt le manque de civisme politique, l’ex-Premier ministre a listé les trois raisons qui l’ont amené à la démission. "La première, c’est que ces formations politiques ont fait mine parfois de ne pas voir le changement, la rupture profonde, de ne pas se servir de l’article 49.3. Il n’y avait plus de prétexte pour que les parlementaires refusent de faire leur métier", a-t-il regretté. Concernant la deuxième, il a avancé que "les partis politiques continuent d’adopter une posture comme s’ils avaient tous une position de majorité à l’Assemblée nationale", voulant pour chacun faire adopter leur programme général aux autres, or "les compromis ne sont pas la compromission", a rappelé le Premier ministre démissionnaire.
Enfin, fustigeant les appétits partisans, il a regretté que la composition du gouvernement sortant "n’ait pas été fluide", dénonçant les calculs et ambitions déjà tournés vers les prochaines élections présidentielles. "En aucun cas il ne faut revivre les moments de la IVe République" a-t-il insisté.
Sébastien Lecornu a conclu son discours avec "un message d’espoir et d’optimisme". Selon lui, "il suffirait de peu pour que ça fonctionne" et a rappelé qu’il faut toujours "préférer son pays à son parti".
(avec AFP)