Un accès territorial aux soins dégradé dans notre département, surtout pour les pédiatres. L’accès géographique à la médecine de ville est extrêmement dégradé dans le Doubs, observe l’UFC Que choisir du Doubs - Territoire de Belfort. ”Notre analyse montre en effet que 39,4 % des habitants du département résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et que 40,4% des femmes et 46,6% des enfants qui y habitent sont respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique.”
Bien que les déserts médicaux soient nettement moins répandus pour les généralistes (3,3 % de la population départementale), la situation reste tout de même tendue pour 16,2 % des habitants du département qui ont d’importantes difficultés pour accéder à ce pilier du parcours de soins.
Les spécialistes aux abonnés absents
En combinant la dimension géographique et financière de l’accès aux soins, c’est-à-dire en ne prenant en compte que l’accès à des médecins ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, ”la situation se détériore très fortement en ce qui concerne l’accès aux spécialistes. Les déserts médicaux se retrouvent alors aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales de notre département”, rapporte l’association locale.
Dans le Doubs, ce sont ainsi ”59,8 % des femmes qui résident dans un désert médical pour les gynécologues, 63,7% des enfants qui sont dans un désert médical pour les pédiatres, et 60,5 % des personnes qui vivent dans une commune où trouver un ophtalmologue respectant le tarif de la sécurité sociale relève de la gageure”, détaille l’UFC.
Obtenir un rendez-vous médical, souvent impossible
Pour illustrer les conséquences concrètes des difficultés d’accès aux soins, les bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir, dont ceux de l’association du Doubs - Territoire de Belfort, ont contacté anonymement 2.642 médecins généralistes présents dans 70 départements pour savoir s’ils acceptaient de les suivre en tant que médecin traitant.
"Alors qu’au niveau du pays, dans 51,5 % des cas, les médecins ont refusé la demande de nos bénévoles, à l’échelle de notre région, ce pourcentage se monte à 29 %, un chiffre en baisse par rapport à une enquête identique que nous avions réalisée il y a 4 ans (39 %)”, nous explique-t-on.
En ce qui concerne spécifiquement le département du Doubs, ”12 % des généralistes contactés nous ont indiqué qu’ils ne prenaient plus de patient, en tant que médecin traitant”, rapporte l’UFC.
Également, 761 ophtalmologues présents dans 65 départements ont été contactés afin de leur demander s’il était possible d’obtenir un rendez-vous pour une visite de contrôle, en tant que nouveau patient. ”Dans 21 % des cas, les professionnels interrogés dans notre région ont refusé de planifier un rendez-vous (contre 28 % à l’échelle nationale)”, précise l’association locale.
Quant aux délais d’attente constatés quand il est possible d’avoir un rendez-vous, ils sont extrêmement importants : ”dans notre région, dans 20 % des cas, il faut attendre entre 1 et 3 mois, et dans 35 % des cas ils sont supérieurs à 3 mois”, dénonce l’UFC du Doubs - Territoire de Belfort.
Un recours devant le Conseil d’État, une pétition et une action
Avec la campagne #MaSanteNattendPlus, l’association mobilise les consommateurs du Doubs. ”Devant l’urgence à mettre fin aux inégalités territoriales sur l’accès aux soins et refusant d’assister plus longtemps à l’immobilisme du gouvernement qui refuse de prendre les mesures courageuses de nature à résorber la fracture sanitaire (régulation de l’installation des médecins et fin des dépassements d’honoraires incontrôlés)”, la fédération UFC-Que Choisir a déposé le 20 novembre 2023 un recours devant le Conseil d’État ”pour que la plus haute autorité administrative du pays constate et sanctionne l’inaction du gouvernement, mais également qu’elle l’enjoigne à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire.”
L’UFC-Que Choisir du Doubs - T. Belfort soutient cette démarche et invite les habitants du Doubs à la soutenir également ”en signant et en partageant massivement” la pétition nationale ”Accès soins - J’accuse l’État” dans le cadre de la campagne #MaSanteNattendPlus.
L’association locale mènera une action de sensibilisation et de mobilisation régionale à Dijon jeudi 23 novembre.
L’association appelle également les habitants du département à consulter la carte interactive gratuite sur l’état de l’accès aux soins dans leurs communes.