Alexander Chichkine, propriétaire de la société de négoce en fertilisants Dreymoor, dont le siège est à Singapour, accuse Dmitri Malinovsky de l'avoir escroqué de 12 millions d'euros en avril 2015. Selon lui, cet argent blanchi par un montage opaque de sociétés offshore, a servi à acheter cette forteresse néo-gothique du XIIe siècle en Côte-d'Or, en octobre 2015. Sept prévenus, dont quatre Ukrainiens, comparaissent depuis une semaine pour des faits de blanchiment.
"La corruption"
L'homme d'affaires russe a commencé par expliquer à la cour la nébuleuse d'entreprises, d'intermédiaires et de représentants qui composent le marché des fertilisants en Ukraine. Selon lui, impossible d'en acheter directement à l'entreprise étatique qui les produit, OPZ : il faut nécessairement passer par ces intermédiaires. Et, quand la présidente lui demande quel est "l'intérêt" d'un tel système, il n'hésite pas à répondre : "la corruption". C'est dans ce contexte qu'il a rencontré Dmitri Malinovsky, qu'il décrit comme un jeune ambitieux et sûr de lui.
Après une première affaire conclue entre eux vers 2009, Dmitri Malinovsky le recontacte en 2015 et propose de lui vendre de l'urée et de l'ammoniac produits par OPZ, pour un montant de 12 millions d'euros. Marché conclu là encore, ils ont déjà fait affaire ensemble et les documents garantissant la transaction sont "crédibles". Mais le paiement de Dreymoor ne parvient jamais à OPZ, relate M. Chichkine. Et Dmitri Malinovsky devient tout à coup injoignable... L'homme d'affaires russe a d'abord répondu très sûr de lui à la présidente, Brigitte Roux, mais les questions des avocats de la défense l'ont ensuite fait vaciller.
"Je pars du principe qu'on vous a volé de l'argent. On peut se demander si vous n'êtes pas à la recherche d'un coupable idéal ?", l'a ainsi interrogé l'avocat de Dmitri Malinovsky, Me Benoît Diry. "Si j'avais recherché un coupable idéal, j'aurais fait porter le chapeau à Bill Gates", s'est défendu bizarrement M. Chichkine. "Aujourd'hui, M. Chichkine a menti à plusieurs reprises", a ensuite affirmé M. Malinovsky à la barre. "Il n'a pas avancé un seul fait réel qui étaye ses théories", a-t-il ajouté, soulignant que, selon lui, l'homme d'affaires russe ne l'accuse d'escroquerie que pour se débarrasser d'un "concurrent".
Infos +
Le château avait été saisi en 2018 et vidé, au grand dam des habitants de cette commune qui voyaient défiler quelque 30.000 touristes par an pour visiter cette bâtisse historique au coeur de la Bourgogne viticole.
(AFP)