Surpoids et obésité : danser pour le plaisir plutôt que compter les calories à Besançon...

Publié le 09/03/2021 - 14:52
Mis à jour le 09/03/2021 - 14:52

Trois Bisontines, Chloé Vuillemin, diététicienne, Élise Benazet, psychomotricienne et Nadia K, professeure de danse, lanceront au printemps 2021 un nouvel atelier de danse et d’échanges dédié aux personnes en surpoids et obèses à Besançon : « 6e regard. Regards croisés sur les corps et danse adaptée ». Objectif : lutter contre la grossophobie. Interview.

Elise Benazet, Nadia K. et Chloé Vuillemin © DR
Elise Benazet, Nadia K. et Chloé Vuillemin © DR

Quel est l'objectif de ce cycle d'ateliers "6e regard. Regards croisés sur les corps et danse adaptée" ?

Chloé Vuillemin : "L'objectif y est d'affiner la conscience de ses sensations et de se réapproprier son corps grâce à la danse dans un espace bienveillant, en insistant sur la notion de plaisir."

Qu'est-ce qui vous anime dans la lutte contre la grossophobie ?

Chloé Vuillemin : "La grossophobie est l'ensemble des attitudes hostiles et discriminantes à l'égard des personnes en surpoids. Elle est partout : dans le monde du travail, chez les professionnel.les de santé, dans les relations avec l'entourage, dans l'espace public. Elle est très largement véhiculée par les médias !

"Nous sommes toutes et tous grossophobes" Chloé Vuillemin

Nous sommes toutes et tous grossophobes, de façon plus ou moins consciente : il n'y a qu'à observer notre réaction quand on nous demande comment on se sentirait à l'idée de prendre ne serait-ce que 5 kg..."

Comment vous est venue l'idée de créer cet atelier ?

Chloé Vuillemin : "J'ai toujours été investie dans la lutte contre les discriminations, en particulier en ce qui concerne les rapports de domination : qu'ils soient liés au genre, à l'origine ethnique, à la classe sociale, à l'orientation sexuelle, etc.

En tant que diététicienne, j'ai rapidement été marquée par la violence subie par les personnes en surpoids, et par les dégâts (physiques et psychiques) que la grossophobie peut provoquer. Rien n'est pensé pour les personnes en surpoids : l'intérêt de ce type d'ateliers est donc de leur rendre leur légitimité à occuper l'espace.

Dans ma pratique professionnelle, je m'intéresse beaucoup au rapport au corps, au respect des sensations. J'ai d'ailleurs en parallèle un projet de groupe de parole, toujours à destination des personnes obèses ou en surpoids, avec Souad Ben Hamed, psychologue. Groupe de parole qui débutera au printemps, nous l'espérons !

J'avais envie de proposer un espace bienveillant pour les personnes en surpoids."

Pourquoi la danse ?

 Chloé Vuillemin : "La danse est un moyen d'expression de ce qui est profond, de ce que l'on n'ose pas ou ne peut pas verbaliser. C'est l'art qui implique le corps par excellence ! En danse, le poids devient un outil : on utilise différentes parties de son corps pour se déplacer, se stabiliser, etc. Dans la danse, on est à mi-chemin entre l'extérieur (le regard, de l'autre ou de soi ; l'aspect esthétique) et l'intérieur (sensations corporelles, émotions).

"Il ne s'agit pas ici de danser pour brûler des calories."

Il ne s'agit pas ici de danser pour brûler des calories. Ce que l'on souhaite proposer, c'est un espace où se faire plaisir avec son corps, comment l'habiter différemment, se le réapproprier, en tenant compte des spécificités des personnes en surpoids. Ça fait écho aux cours de "yogras", cours de yoga proposés par le collectif Gras Politique, adaptés aux personnes en surpoids.

Le fait de bouger permet également de libérer des endorphines, hormones de bien-être ! Également, le corps est un outil par lequel on contraint et contrôle les femmes : il est donc intéressant de passer par le corps pour se libérer."

Avec Élise Benazet et Nadia K, quand et comment vous êtes-vous rencontrées ? Pourquoi travailler ensemble sur ce projet ?

Chloé Vuillemin : "J'ai rencontré Élise (psychomotricienne) il y a 3 ans, par l'intermédiaire de mes filles, qui ont participé à ses séances d'éveil rythmique pour enfants. Je l'ai trouvée très bienveillante, et c'est donc tout naturellement que je l'ai contactée quand j'ai eu envie de travailler autour du rapport au corps chez les personnes en surpoids !

Élise a pensé à Nadia (professeure de danse) pour ce projet, car Nadia avait déjà donné des cours de danse pendant plusieurs années à des dames sexagénaires, ainsi qu'à des enfants atteints de troubles du comportement ; elle anime cette année un cours pour des jeunes déficients mentaux. Elles se connaissaient depuis 15 ans : elles mènent ensemble l'association NaKa Danse, qui a pour but de promouvoir la danse par le biais de cours, de stages ou d'évènements ouverts au public le plus large possible. Nadia est influencée par la danse urbaine, qui a l'avantage d'être accessible à tous les types de corps, et qui est très inclusive.

C'est ainsi que le projet a germé !"

Cours de danse et temps d'échanges : Qui ? Quand ? Comment ?

Chloé Vuillemin : "C'est à destination des personnes adultes qui se sentent femmes. Pas d'IMC (indice de masse corporelle) minimum, car nous ne souhaitons pas exclure des personnes en raison d'un IMC "trop bas" ! Ce n'est pas l'IMC qui fait sens ici : les ateliers sont ouverts aux personnes qui se sentent grosses et dont le surpoids a des répercussions sur leur façon d'habiter leur corps. Ceci dit, pour la cohésion du groupe, il est important qu'il soit constitué de personnes réellement en surpoids ou obèses.

En groupe de 4 à 8 personnes : pour à la fois créer une dynamique de groupe, et en même temps que le groupe ne soit pas trop grand (pour que chacune puisse s'exprimer et prendre sa place).

Le cycle prend la forme de 3 ateliers préparatoires et de 3 ateliers de danse à proprement parler :

  • 3 ateliers préparatoires de 2 heures chacun, co-animés par Élise et moi-même. C'est un temps pour faire connaissance, explorer les représentations liées au corps, les sensations, en alternant des ateliers de réflexion et des ateliers corporels. Il ne s'agit pas d'ateliers "à la carte", mais d'un cycle complet, avec une progression ;
  • 3 ateliers de danse à proprement parler, animés par Nadia."

Infos +

  • Le cycle débutera la semaine du 26 avril, après les vacances de printemps, à raison d'une séance par semaine (le mardi après-midi, certainement à partir de 16h30).
  • Les renseignements et inscriptions sont à prendre auprès de Chloé Vuillemin : 06.81.32.65.69 / chloevuillemindietetique@gmail.com
Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Cernés par le sucre ? Valentine Caput fait le point sur la présence du sucre dans les produits

Une toute récente étude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de mars 2024, vient de livrer ses conclusions concernant l’utilisation de sucres ou de produits sucrants dans quelques 54.000 produits alimentaires transformés de consommation courante. Notre diététicienne bisontine, Valentine Caput, commente ces résultats pour le moins vertigineux...

Pour une “école promotrice de santé”, les académies de Bourgogne Franche-Comté et l’ARS signent une convention

Pour renforcer la coordination entre ARS et rectorats de la région académique, au service de la santé des élèves de Bourgogne-Franche-Comté, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique et de l’académie de Besançon, Pierre N’Gahane, recteur de l’académie de Dijon, et Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS, ont signé une convention de partenariat, ce lundi 15 avril, à Dijon, dans les locaux de l’Agence Régionale de Santé.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 4.69
couvert
le 23/04 à 21h00
Vent
0.46 m/s
Pression
1017 hPa
Humidité
70 %