Tribune - ”On ne peut pas faire d’économies budgétaires sur le dos de la ruralité !”

Publié le 20/11/2023 - 16:58
Mis à jour le 20/11/2023 - 16:36

Dans une tribune du 17 novembre 2023, le sénateur du Doubs Jean-François Longeot, en tant que président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, pense qu’un autre réforme est possible au sujet des zones de revitalisation rurale (ZRR).

Jean-François Longeot © Sénat
Jean-François Longeot © Sénat

Dans ce contexte de discussion budgétaire pour 2024, le gouvernement se targue de réformer les zones de revitalisation rurale (ZRR). Or, le dispositif d’exonération fiscale proposé par le Gouvernement est de ”piètre qualité”, selon le sénateur du Doubs qui pense qu’”il ne répond ni aux attentes du Sénat ni à celles des associations représentatives des élus locaux.”

Le gouvernement refuse le classement à l’échelle communale, ”la seule qui permettrait de cibler efficacement la ruralité au plus près des territoires”, pour Jean-François Longeot. Dans la copie proposée par le gouvernement, le nombre de communes classées diminuerait passant à 13.900 communes contre 17.700 communes aujourd’hui.

”De plus, six départements entiers seraient intégrés à ce nouveau zonage, rendant plusieurs aires urbaines de plus de 25.000 habitants éligibles à ce dispositif, et risquerait d’engendrer une concurrence malsaine entre villages et villes”. Le Sénateur, au travers de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable qu’il préside, propose une réforme alternative avec des critères nombreux tels que : le taux de chômage, l’accessibilité aux services, le taux de vacance des logements, la difficulté d’accès aux soins et les contraintes spécifiques aux communes de montagne.

Tribune

Zones de Revitalisation Rurale : une autre réforme est possible 

"Dans le contexte de la discussion budgétaire pour 2024, le Gouvernement se targue de réformer les zones de revitalisation rurale (ZRR). Ce dispositif d’exonération fiscale, fondamental pour les élus locaux car offrant une opportunité de dynamiser les activités économiques et commerciales dans les zones rurales, était en effet à bout de souffle. La nécessité de réformer les ZRR fait l’unanimité : le zonage actuel, qui arrive à échéance en fin d’année, a perdu de son efficacité au fil des prorogations successives, sans aucune vision d’ensemble ni de cap crédible pour la ruralité. Il ne cible plus de manière pertinente les territoires les plus vulnérables, en raison de puissants effets d’éviction. 

Force est de constater que la réforme proposée par le Gouvernement est de piètre qualité, le manque de concertation des élus et la faible ambition budgétaire du mécanisme étant à l’origine de ces malfaçons criantes. La proposition gouvernementale ne répond ni aux attentes du Sénat ni à celles des associations représentatives des élus locaux. Nous déplorons que le zonage proposé aggrave les lacunes du classement actuel et fasse émerger deux nouveaux défauts : la diminution du nombre de communes classées et l’inclusion d’aires urbaines dans un zonage rural. 

Le nouveau zonage, baptisé « France Ruralités Revitalisation », ne résout en rien les deux défauts identifiés par le Sénat : d’une part, le Gouvernement s’obstine à refuser le classement à l’échelle communale, la seule qui permette pourtant de cibler efficacement la ruralité au plus près des territoires. La maille intercommunale est maintenue, en dépit de l’émergence des « intercommunalités XXL » caractérisées par des disparités socio- économiques et des écarts de richesse parfois très forts entre les communes membres. D’autre part, les deux critères actuels de classement (densité et niveau de vie) seraient maintenus, en dépit du besoin accru de différenciation pour prendre en compte la diversité des espaces ruraux. 

Dans la copie proposée par le Gouvernement, le nombre de communes classées diminuerait : le zonage bénéficierait à seulement 13 900 communes contre 17 700 communes aujourd’hui. De plus, six départements entiers seraient intégrés à ce nouveau zonage, rendant plusieurs aires urbaines de plus de 25 000 habitants éligibles à un dispositif de soutien à la ruralité, ce qui est contraire au bon sens et va à rebours de la philosophie du dispositif. Cette situation susciterait une concurrence malsaine entre villages et villes, réduisant ainsi l’efficacité de l’exonération fiscale et dévoyant le dispositif de son objectif originel. 

Les parlementaires ne se laissent jamais aller au fatalisme: une réforme plus équitable et ciblée est possible. La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat travaille depuis près de quatre ans sur ce sujet. Une proposition de loi présentant une réforme alternative et mieux calibrée a été déposée en mai 2023 : dans cette version travaillée avec les élus locaux, le zonage ZRR se baserait sur des critères plus nombreux, permettant une prise en compte plus approfondie des fragilités des territoires ruraux. Des éléments tels que le taux de chômage, l’accessibilité aux services, le taux de vacance des logements, la difficulté d’accès aux soins et les contraintes spécifiques aux communes de montagne constituent en effet des critères d’appréhension pertinents des fragilités territoriales. Cette approche plus fine et moins myope aux réalités locales serait appliquée à l’échelle communale, conduisant au classement d’au moins 19 000 communes, soit un millier de communes de plus que dans le dispositif actuel. La réforme n’entraînerait qu’une hausse modérée des bénéfices associés au zonage, aujourd’hui estimés à 317 millions d’euros. Cette réforme plus ambitieuse constituerait 

un signal fort pour la ruralité, pour un coût global pour les finances publiques d’à peine 3 jours de charge de la dette !
Il est impératif que le Gouvernement prête une oreille attentive aux aspirations légitimes des territoires ruraux. Travaillant en étroite collaboration avec les élus locaux depuis plusieurs années, nous proposons une réforme équitable et sérieuse, réellement adaptée aux réalités plurielles de notre pays. Dans un contexte de fracture territoriale croissante, il est plus que jamais nécessaire de ne pas compromettre le soutien à la ruralité et d’afficher le volontarisme de l’État aux côtés des territoires. Nous l’affirmons haut et fort : on ne peut pas faire d’économies budgétaires sur le dos de la ruralité !" 

Soyez le premier à commenter...

3 commentaires

Laisser un commentaire

Politique

Jérôme Durain, nouveau président de la Région Bourgogne Franche-Comté : les réactions

Élu avec 54 voix contre 17 pour Jean-Marie Sermier lors de l’assemblée plénière de ce vendredi 5 septembre 2025, Jérôme Durain succède à Marie-Guite Dufay à la tête de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Plusieurs élu(e)s et partis politiques ont d’ores et déjà réagi. 

Livres dans la Boucle : pour Raphaël Enthoven, “rien dans mes propos ne justifie la censure”

+ les réactions à Besançon • À la suite de l’annulation de la venue du philosophe Raphaël Enthoven au festival Livres dans la Boucle annoncée jeudi 4 septembre 2025 par Grand Besançon Métropole, de multiples réactions ont émané de différents politiques et associations à Besançon. L’auteur évincé a lui-même réagi sur son compte X.  

Bourgogne-Franche-Comté : Jérôme Durain, “M. Narcotrafic” du Sénat, probable nouveau président de Région

Le sénateur socialiste Jérôme Durain, connu pour avoir corédigé la loi contre le narcotrafic, doit être élu vendredi 5 septembre 2025, sauf énorme surprise, président de la région Bourgogne-Franche-Comté.

“Besançon forte et solidaire”, une liste de gauche avec Jean-Sébastien Leuba en tête

MUNICIPALE 2026 • Le Parti Socialiste, Place Publique et Cap 21 ont officiellement lancé leur campagne pour l'élection municipale de 2026 en présentant leur liste commune : "Besançon forte et solidaire". À la tête de cette coalition de gauche, Jean-Sébastien Leuba, ancien adjoint au maire Jean-Louis Fousseret, conduira un projet axé sur "la solidarité, l’écologie et la démocratie participative".

Le Mouvement Franche-Comté dépose plainte contre L’Humanité et Hasni Alem

Le Mouvement Franche-Comté (MFC), présidé par Jean-Philippe Allenbach, a fait savoir qu’il engageait une série de procédures judiciaires à la suite de propos tenus à son encontre par le journal L’Humanité et par l’adjoint communiste à la maire de Besançon, Hasni Alem, suite à des propos publiés le 28 août 2025 dans une interview.

Municipales 2026 : ”Besançon doit faire mieux pour faire reculer la souffrance animale”

À l’approche des élections municipales de 2026, l’association Projet Animaux Zoopolis (Paz) publie un état des lieux des politiques menées par la Ville de Besançon en matière de condition animale et formule ses propositions pour le prochain mandat. L’association souhaite que ”la condition animale soit prise au sérieux à travers des engagements concrets des candidat-es pour que des politiques publiques en faveur de la cause animale soient menées”.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 19.88
nuageux
le 05/09 à 15h00
Vent
1.63 m/s
Pression
1023 hPa
Humidité
62 %