"Le patient Gandon est le dernier d’une longue série", a résumé l’enquêteur Olivier Verguet, au terme d’un témoignage de plus de dix heures, entamé la veille.
Le 20 janvier 2017, Jean-Claude Gandon, 70 ans, est victime d’un arrêt cardiaque inattendu alors qu’il subissait une opération de la prostate à la clinique Saint-Vincent. Frédéric Péchier, anesthésiste en charge, le réanime. Avant même le début de l’intervention, le médecin avait signalé la présence suspecte de poches de paracétamol percées dans son bloc opératoire.
Pour lui, le malaise de M. Gandon prouve l’existence d’un acte malveillant, le seul cas suspect survenu parmi ses propres patients.
Mais pour l’avocate générale Christine de Curraize, il ne s’agit que d’un "alibi monté de toutes pièces". Les policiers, déjà présents à la clinique dans le cadre d’une enquête ouverte après l’arrêt cardiaque inexpliqué de Sandra Simard, avaient immédiatement placé sous scellés le matériel médical utilisé.
"Moi je vous parle de preuves"
Les analyses ont révélé que M. Gandon avait été intoxiqué à la mépivacaïne, un anesthésique local, probablement injecté dans la poche de perfusion de paracétamol. "Deux seringues qui contiennent de la mépivacaïne ont été retrouvées dans la salle d’opération", a rappelé Olivier Verguet. Et d’ajouter : "Personne n’est entré dans ce bloc. Seul le docteur Péchier ou l’élève infirmière qui l’assistait ont pu intervenir ce jour-là."
Une thèse vivement contestée par l’avocat du médecin, Me Randall Schwerdorffer, qui dénonce une enquête biaisée : "Faire un scénario, de la justice fiction, on peut tous le faire. Moi je vous parle de preuves."
"Il n’avouera jamais"
Neuf jours plus tôt, une autre patiente, Sandra Simard, 36 ans, avait déjà subi un arrêt cardiaque sans explication apparente. La découverte dans sa perfusion d’une dose potentiellement mortelle de potassium avait alors déclenché l’enquête.
Aujourd’hui âgé de 53 ans, Frédéric Péchier continue de nier toute implication. Présent libre aux côtés de ses avocats, il suit attentivement les débats, déterminé à défendre son innocence. Il encourt néanmoins la réclusion criminelle à perpétuité.
En marge de l’audience, Jean-Claude Gandon, remis de l’épisode, a confié à l’AFP : "Je pense que c’est lui, il n’y a pas d’autre solution. Mais il n’avouera jamais."
Le verdict est attendu le 19 décembre.
(Avec AFP)