"J'ai pris mon dernier café le 24 juin", a déclaré M. Lmrabet à l'AFP mardi. Depuis, il dit ne plus boire que de l'eau et du thé, avec du sel et du sucre.
M. Lmrabet n'en est pas à sa première grève de la faim. En 2003, il en avait suivi deux - de 50 jours et de 35 jours - pour protester contre sa condamnation au Maroc au terme d'un procès pour "outrage au roi". Cette fois, il proteste contre le non renouvellement de ses pièces d'identité. Les autorités marocaines "refusent arbitrairement de me renouveler la carte d'identité", affirme-t-il, alors que son passeport a expiré le 25 juin.
L'affaire remonte à 2012. Cette année-là, des policiers lui dérobent sa carte d'identité sans raison, explique-t-il. Depuis, sa carte d'identité ne lui a jamais été remise, mais il détenait son passeport. Le 20 avril, la date d'expiration de celui-ci approchant, il a demandé le renouvellement de ce document et de sa carte d'identité. Un certificat de résidence - première étape en vue d'obtenir des pièces d'identité au Maroc - lui a alors été délivré par le commissariat de Tétouan où il réside, mais le lendemain il lui a été repris par le même commissariat sans explication, selon lui. Depuis, il attend une réponse des autorités marocaines et tente d'obtenir de l'aide auprès de l'ONU.
Il voulait lancer un hebdomadaire satirique
Ali Lmrabet, interdit d'exercer entre avril 2005 et avril 2015 au Maroc, avait annoncé fin avril son intention de lancer un nouvel hebdomadaire satirique. Il avait été condamné à Rabat en avril 2005 dans le cadre d'un procès en diffamation intenté par une association sahraouie, à la suite de déclarations selon lesquelles les réfugiés sahraouis de Tindouf (sud-ouest de l'Algérie) n'avaient "aucune envie de rentrer au Maroc" et qu'ils n'auraient au demeurant "aucune difficulté" à le faire, via la Mauritanie. Ces propos sur ce dossier ultra-sensible sont en contradiction avec la position officielle marocaine, pour qui les réfugiés sahraouis sont "séquestrés" par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l'Algérie.
Par ailleurs, Ali Lmrabet éditait au Maroc les hebdomadaires Demain Magazine et Doumane (arabophone) avant que ces publications soient interdites en 2003 au terme d'un procès pour "outrage au roi". Le journaliste avait alors été condamné à trois ans de prison ferme, avant d'être relâché en début 2004 à la faveur d'une grâce royale.