Zéro alcool en janvier ?  le défi venu d'Angleterre pour oublier les excès

Publié le 16/01/2019 - 15:12
Mis à jour le 16/01/2019 - 15:15

Un mois de sobriété après les excès des fêtes : ce défi de plus en plus populaire au Royaume-Uni commence à faire des émules en France, une « bonne résolution » encouragée par les acteurs de la lutte contre les méfaits de l’alcool. « Cette initiative avait un écho relativement faible en France les dernières années, mais elle semble prendre un peu plus. Il s’agit de la soutenir et de la promouvoir », observe Jean-Michel Delile, psychiatre et président de Fédération Addiction.

© CC0 kloxklox_com  ©
© CC0 kloxklox_com ©

Lancé outre-Manche en 2013 par l’association Alcohol Concern, le « Dry January », ou « Janvier Sec », consiste à ne pas boire une goutte d’alcool pendant tout le premier mois de l’année.

En 2018, 4 millions de Britanniques y ont participé et plus de 100.000 se sont inscrits sur le site de l'opération ou ont téléchargé l'application associée, selon l'association, rebaptisée depuis Alcohol Change UK.

Un succès qui s'explique par l'objectif "pragmatique" du défi, qui "ne diabolise pas la consommation d'alcool" en soi, selon Jean-Michel Delile. L'aspect ludique et communautaire aide aussi, explique à l'AFP le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions: "C'est une façon intelligente d'utiliser les réseaux sociaux, avec des groupes de gens qui s'entraident. C'est plus facile que d'arrêter tout seul".

"Pas un gadget"

Pour autant, "ce n'est pas un gadget, c'est une très importante initiative de santé qui a fait la preuve de son efficacité", ajoute le psychiatre et addictologue.

Les effets de ce mois d'abstinence se font en effet ressentir sur la consommation d'alcool le reste de l'année, d'après une enquête auprès de 800 participants au "Dry January" de 2018, réalisée par un psychologue de l'université du Sussex en partenariat avec Alcohol Change UK.

En août, les personnes interrogées déclaraient boire en moyenne 3 jours par semaine, contre environ 4 auparavant, et avoir été ivres 2 fois dans le mois, au lieu d'un peu plus de 3 fois. Le nombre de doses d'alcool consommées a lui aussi décliné. "Ne pas boire d'alcool pendant 31 jours nous montre que nous n'avons pas besoin d'alcool pour nous amuser, nous détendre et être sociable", analyse Richard Piper, directeur d'Alcohol Change UK.

Si l'on connaît les risques pour la santé à long terme associés à la consommation d'alcool (cancer, maladies du foie, etc.), ce mois "à sec" est aussi l'occasion de se rendre compte des "bénéfices plus immédiats" de la sobriété, ajoute-t-il, dans un communiqué de l'université du Sussex.

88 % des participants à l'étude estimaient avoir économisé de l'argent, tandis que 71 % affirmaient mieux dormir. Une majorité jugeait aussi avoir plus d'énergie, avoir perdu du poids ou encore avoir une peau de meilleure qualité.

50.000 décès

"L'intérêt, c'est que chacun réfléchisse à sa propre consommation, se pose la question +est-ce que j'ai un problème avec l'alcool ou pas ? et si j'ai un problème, qui puis-je consulter ?+", analyse Nicolas Simon, professeur de médecine à Marseille et président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA). Pour que la greffe prenne en France, où la consommation est moins concentrée sur le week-end qu'au Royaume-Uni, il faudrait toutefois adapter l'opération aux "modes de consommation locaux", juge Jean-Michel Delile.

On pourrait imaginer se passer d'alcool pendant une semaine, ou un ou deux jours par semaine, avance le président de Fédération Adiction, un réseau qui regroupe plus de 200 associations. Il faudrait aussi un soutien des pouvoirs publics, notent les associations, à l'instar du "Mois sans tabac", initiative britannique à l'origine, organisée en France depuis trois ans par l'agence sanitaire Santé publique France.

"Nous avons engagé des contacts", notamment avec la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), affirme Jean-Michel Delile. "Vu la pusillanimité des pouvoirs publics sur l'alcool, ce n'est pas eux qui prendront l'initiative, il faut que ça soit la société civile", doute toutefois Michel Reynaud. Une défiance partagée par Nicolas Simon, qui rappelle que le gouvernement ne cesse de repousser la publication de son nouveau plan de lutte contre les addictions, initialement prévu en août.

L'abus d'alcool est à l'origine d'un peu moins de 50.000 décès par an en France.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Santé

Aide à mourir : mises en garde des fédérations hospitalières sur les défis de la mise en oeuvre

La possibilité d'assistance au suicide ouverte par le projet de loi sur la fin de vie soulève plusieurs défis de mise en oeuvre concrète, en raison notamment des réticences d'une partie des soignants, ont averti mardi 23 avril 2024 les fédérations hospitalières.

Semaine européenne de la vaccination : le CHU de Besançon fait le point sur la prévention anti-HPV

À l'occasion de la semaine européenne de la vaccination du 22 au 28 avril 2024, le CHU de Besançon revient sur l'importance de la prévention anti-HPV et fait le point sur la simplification de son parcours vaccinal à destination des jeunes de 11 à 20 ans.

150 professionnels se réunissent autour du handicap de l’enfant et de l’adolescent

Jeudi 11 avril 2024, 150 professionnels issus d’associations et de fédérations se sont données rendez-vous à l’espace Tabourot-des-Accords de Saint-Apollinaire, en Côte-d’Or pour comprendre les enjeux et dresser un état des lieux autour du handicap en région.

Cernés par le sucre ? Valentine Caput fait le point sur la présence du sucre dans les produits

Une toute récente étude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de mars 2024, vient de livrer ses conclusions concernant l’utilisation de sucres ou de produits sucrants dans quelques 54.000 produits alimentaires transformés de consommation courante. Notre diététicienne bisontine, Valentine Caput, commente ces résultats pour le moins vertigineux...

Pour une “école promotrice de santé”, les académies de Bourgogne Franche-Comté et l’ARS signent une convention

Pour renforcer la coordination entre ARS et rectorats de la région académique, au service de la santé des élèves de Bourgogne-Franche-Comté, Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique et de l’académie de Besançon, Pierre N’Gahane, recteur de l’académie de Dijon, et Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS, ont signé une convention de partenariat, ce lundi 15 avril, à Dijon, dans les locaux de l’Agence Régionale de Santé.

Santé publique, santé au travail, précarité : l’ARS et la Dreets unissent leurs compétences

La direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et l’ARS Bourgogne-Franche-Comté ont signé ce 5 avril 2024, à Dijon, un protocole de coopération avec neuf axes pour articuler enjeux de santé publique et de santé au travail.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 1.7C°
couvert
le 25/04 à 6h00
Vent
1.82 m/s
Pression
1013 hPa
Humidité
94 %