Abus aux Foyers de Charité : la mise en cause du fondateur fait des vagues. La famille réagit

Publié le 11/08/2020 - 14:10
Mis à jour le 11/08/2020 - 15:16

La révélation récente d’abus présumés du fondateur des Foyers de Charité, trente ans après sa mort, ne passe pas auprès de ses soutiens, qui dénoncent une « manipulation » et réclament une « véritable enquête » au Vatican.

Cette oeuvre catholique, qui compte 78 foyers sur quatre continents, y accueille plus de 50.000 personnes par an pour des retraites spirituelles.

Le 7 mai, elle portait "à la connaissance de tous", via un communiqué de presse, les conclusions d'un rapport accusant le Père Georges Finet (1898-1990) d'agissements "gravement déviants".

Vingt-six témoignages, émanant pour la plupart d'anciennes élèves du Foyer de Châteauneuf-de-Galaure (Drôme) et couvrant la période 1945-1983, ont fait état de "touchers" exercés sur diverses parties du corps et de "questions intrusives à caractère sexuel" posées lors de séances de confession.

Le même jour, la Conférence des évêques de France saluait ce "travail de vérité" contribuant à "l'oeuvre purificatrice engagée par toute l'Église". Le Père modérateur des Foyers, Moïse Ndione, complétait la communication sur l'affaire par une interview à la chaîne KTOTV.

Ces annonces ont eu beaucoup d'écho, en France comme à l'étranger. Mais les défenseurs du défunt, sans nier d'éventuels abus, soupçonnent derrière cette démonstration de transparence une "manoeuvre" liée à la réforme de la gouvernance de l'oeuvre, engagée depuis 2016.

Cette dernière suscite des oppositions en interne autour de l'héritage de Georges Finet qui était très soucieux, comme la mystique Marthe Robin (1902-1981) avec laquelle il fonda les Foyers de Charité en 1936, de leur autonomie au sein de l'Église catholique, refusant d'en faire un ordre religieux centralisé.

"Les changements de gouvernance depuis trois ans achoppent sur une forme de résistance : la vision du père d'un foyer qui doit décider de tout semble indéracinable", relève ainsi la synthèse du rapport sur les abus présumés de Georges Finet.

"L'oeuvre a été imprégnée de cette culture", poursuit ce document publié le 7 mai et qui condamne "fermement" les agissements du religieux, tout en appelant à "poursuivre" la réforme pour assurer "une juste autorité" parmi les Foyers.

Un "mélange" des sujets

Ce "mélange" des sujets a "surpris" la famille du défunt. Dans des courriers accompagnés d'un "mémoire en défense", dont l'AFP a eu connaissance, le représentant de ses neveux et nièces a demandé au Vatican et à la CEF de lancer "une véritable enquête canonique" pour examiner les faits de façon "totalement indépendante" et contradictoire.

Parallèlement, un collectif d'une centaine d'anciennes élèves de Châteauneuf-de-Galaure a sommé vendredi la hiérarchie des Foyers de lui remettre, sous dix jours, l'intégralité des 143 témoignages recueillis au total, jugeant le contenu de la synthèse "imprécis et flou".

Cet accès a déjà été refusé à la famille, qui dénonce "une injustice": "un homme est désigné coupable sans pouvoir se défendre (ou être défendu)", faute de savoir "ce qui lui est clairement reproché".

"Ces témoignages ont été recueillis sous le sceau de la confidentialité", a déclaré vendredi à l'AFP le secrétaire général des Foyers, Thierry Coustenoble, pour expliquer que leur verbatim ou même des extraits ne peuvent pas être communiqués.

L'appel à témoins avait été lancé en septembre par une "commission de recherches", créée après un premier signalement en 2019. Présidée par la théologienne Françoise Gaussen, nommée début juillet dans le diocèse d'Aix-en-Provence et Arles, ses autres membres sont restés anonymes.

D'anciennes élèves ayant témoigné "en toute bonne foi" s'interrogent sur la manière dont leurs propos ont pu être utilisés : seraient-elles "des +victimes+ sans le savoir ?".

"Les faits pour nous sont établis", a souligné M. Coustenoble. "Il y a des personnes qui ont été heureuses de leurs rencontres avec le Père Finet, qui n'en ont pas souffert, fort heureusement. Mais il y a aussi des personnes, et c'est à elles que nous pensons d'abord, qui ont souffert."

La CEF, pour sa part, a réitéré son soutien à cette "démarche douloureuse de vérité", tout en disant "comprendre que ces révélations blessent profondément" celles et ceux dont la vie a été marquée par les Foyers. Mais "l'oeuvre ne peut être résumée à son fondateur", a ajouté un porte-parole des évêques.

(AFP)

DROIT DE RÉPONSE DES NEVEUX ET NIÈCES DU PÈRE FINET

La famille du Père Finet (1898-1990), a appris le 7 mai 2020 dans une campagne médiatique renouvelée le 7 juin, que leur oncle était accusé 30 ans après sa mort de comportements « gravement déviants » durant les confessions.

Nous, sa famille, avec le soutien des membres de la famille Robin qui se sont manifestés, réclamons au nom de la justice due à un mort, de pouvoir accéder à l’intégralité du rapport de la commission de recherche « Gaussen ». Or les commanditaires de cette commission, après avoir condamné sans réserve les agissements du Père Finet, nous refusent ce droit au motif de préserver l’anonymat des plaignantes.

Nous avons transmis aux autorités ecclésiastiques un mémoire en défense dans lequel nous rappelons de nombreux points, dont ceux-ci :

 Le seul témoignage identifié, celui de M. Alain Houdy qui est à l’origine de la commission de recherche, n’apporte aucun argument d’accusation solide et émet des supputations infondées. En outre, le rapport passe totalement sous silence le fait qu’aucun autre témoignage ne soit venu le corroborer.

  •  Ce point jette le plus grand doute sur la valeur des 26 autres témoignages à charge dont le rapport ne donne que des indications très parcellaires et confuses, voire absentes à l’image des autres témoignages indiqués comme à charge reçus par la suite.
  •  Les confessions ne se passaient jamais dans une chambre comme cela a été dit mais dans une chapelle dont la porte était vitrée ou dans un bureau situé à côté d’un secrétariat. Il n’y avait aucune obligation de se confesser auprès du Père Finet, de nombreux prêtres étaient disponibles pour cela. Si une jeune fille était mal à l’aise en confession avec un prêtre, elle avait tout le loisir d’en choisir un autre.
  •  Aucune plainte concernant un problème de mœurs n’a été déposée contre le Père Finet durant les 67 années de son sacerdoce (1923-1990).
  •  Nous, ses nièces et ses neveux dont beaucoup sont des anciens élèves des foyers, n’avons jamais entendu de rumeur sur des comportements inappropriés durant les longues années de notre présence à Châteauneuf.

En aucun cas, nous ne nous opposons à l’Eglise, nous en faisons pleinement partie et nombre d’entre nous y sont très engagés, comme prêtres, religieux ou laïcs. Il faut combattre tous les abus, mais les preuves doivent être irréfutables pour condamner quelqu'un alors qu'aucune accusation n'a été faite contre le Père Finet de son vivant. Personne ne peut porter atteinte à la réputation d’autrui sans se fonder sur le droit et la justice.

Les nièces et neveux du Père Georges Finet

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