La vie de Séverine Baillot a basculé après un accident de la route survenu en mai 2021. Amputée une première fois en début d’année 2023, puis une deuxième fois au printemps dernier de la jambe gauche, Séverine a enchainé les hôpitaux et centres de rééducation pour réapprendre à marcher et à accomplir les gestes du quotidien. Une étape qui n’a pas été de tout repos, "j’ai du tout réapprendre" nous confie-t-elle, "depuis que j’ai été opéré, cela me demande de fournir en moyenne 20% d’énergie en plus par jour pour me déplacer".
Pourtant, grâce au soutien de sa famille et de ses deux filles, quelques mois plus tard, Séverine qui marche depuis le 20 juin, décide de se lancer un défi : ou plutôt plusieurs… Celui de découvrir une nouvelle discipline déjà, le volley assis et d’intégrer l’équipe de France féminine.
Elle découvre le volley assis l'été dernier
Le volley assis est une discipline paralympique depuis 1980 pour les hommes et 2004 pour les femmes. Les joueurs évoluent assis au sol sur un terrain plus petit (6m de large sur 5m de profondeur) et avec un filet bien entendu moins haut (1m05 pour les femmes). Toutes les parties du corps peuvent être utilisées pour garder le ballon en jeu et contrairement au volley debout, il est possible de contrer le service. Le jeu est quant à lui plus rapide que le volley debout.
Passionnée d’équitation, Séverine, qui n’y connaissait rien en volley, répond pourtant à une annonce de l’équipe de France qui recherche des joueuses en vue des prochains Jeux paralympiques de Paris et part en août 2023 tenter sa chance à Vichy lors d’un stage intensif.
Une véritable "plongée dans le grand bain" pour celle qui découvre la discipline, les joueuses de l’équipe de France et le staff. Séverine comprend alors l’ampleur du travail physique et technique qui va lui être demandé au cours de ces quatre jours.
Très énergivore, le volley assis est un sport "très physique, qui demande un gainage de fou car on est sans arrêt en train de se relever". Les joueurs doivent également se déplacer au sol assez rapidement. Sa forme physique ayant été mise à mal depuis son accident, la Franc-Comtoise a donc dû se renforcer au prix d’"énormément de temps et de travail". Séverine a aussi dû rapidement revoir sa technique, "au début, les premières balles que je voyais arriver, je me mettais en boule".
Pourtant à force de travail, à la fin du stage les entraîneurs viennent la voir et lui propose d’intégrer l’équipe de France. Pensant à une blague, Séverine a d’abord éclaté de rire, "mais ils m’ont ensuite rapidement dit si pour toi c’est ok, on te lance dans l’équipe".
Des entraînements individuels à l'ASPTT Besançon
Après un petit temps de réflexion, la joueuse accepte la proposition et enchaîne depuis les entrainements individuels au sein de la section volley de l’ASPTT Besançon avec son responsable Éric Talfer. Une demande "étonnante et imprévue" avoue Éric Talfer, qui a pour mission de permettre à Séverine de "lui faire toucher un maximum de ballons avant qu’elle participe à sa première compétition".
La volleyeuse prendra effectivement part à sa première compétition avec les Bleues dès le 9 octobre prochain lors des Championnats d’Europe en Italie. Créée cette année, l’équipe n’a encore pas beaucoup d’expérience, "on est des pionnières, il y a tout un effet boule de neige à mettre en place. Oui on n'a pas un top niveau mais on sera là et on sera prête" annonce Séverine. La Franc-Comtoise apportera son potentiel à l’équipe de France qui aura pour objectif de remporter trois matchs durant cette compétition afin de parfaire son expérience du haut niveau.
Une participation possible aux Jeux paralympiques de Paris
Si la compétition se déroule bien pour Séverine, les entraîneurs de l’équipe de France pourraient alors la sélectionner parmi les neuf joueuses (sur douze) pour participer aux prochains jeux paralympiques de Paris 2024. Réponse attendue pour… fin juillet 2024 !
Séverine consacre désormais beaucoup de temps au volley et reconnaît que cela exige "beaucoup de sacrifices" qui mettent sa vie personnelle et familiale "au second plan quand on passe à un certain niveau". Un choix sportif assumé pour celle qui estime que cette nouvelle aventure lui permet de "vivre une seconde vie".
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Les joueuses de l’équipe de France de volley ont toutes le statut amateur c’est-à-dire que leur participation en équipe de France ne leur attribue pas pour autant un statut professionnel. Si elles n’ont pas de salaire, la fédération met selon Séverine "des choses en place et des moyens pour être derrière nous notamment lors des stages et des déplacements" qui sont eux entièrement pris en charge.
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