Agression du contrôleur de la SNCF : "aucune raison n’explique mon geste" déclare l'accusé

Publié le 19/03/2014 - 18:27
Mis à jour le 15/04/2019 - 09:05

Tendu et peu à l’aise dans sa chemise rayée rose, Yassine Moumed, 29 ans, s’est présenté ce mercredi 19 mars devant la cour d’assises du Doubs pour y répondre des onze coups de couteau qu’il avait asséné à un contrôleur SNCF dans le Doubs en 2011, entraînant une importante grève de cheminots. Le verdict est attendu vendredi 22 mars au terme de trois jours d’audience à Besançon.

 ©
©

réactualisé

L'accusé, un homme psychologiquement fragile de 29 ans, originaire de Mulhouse (Haut-Rhin), risque 30 ans de réclusion criminelle pour "tentative de meurtre au préjudice d'une personne chargée d'une mission de service public". 

"J’ai commis ces faits", mais "je n’en ai aucun souvenir" et "aucune raison n’explique mon geste", a affirmé Yassine Moumed devant les jurés, avec un air de jeune premier à la fois calme et confus. "Je ne peux toujours pas dire où j’allais, où j’étais, dans quel but. Je n’ai aucune réponse", a-t-il insisté.

Le 6 octobre 2011, en milieu de matinée, Yassine Moumed avait refusé de présenter son titre de transport aux deux contrôleurs SNCF du train Lyon-Strasbourg qui le lui demandaient, avant de se scarifier avec un couteau.

L'un des contrôleurs, Thierry Hemet, était alors allé préparer un procès verbal, pendant que son collègue, Bernard Mortellier, allait chercher la trousse de secours pour appliquer les premiers soins au blessé. Le passager avait suivi M. Mortellier, 56 ans, et lui avait porté onze coups de couteau, dont deux dans des parties vitales.

Touché au niveau du visage et du thorax, le contrôleur avait néanmoins réussi à repousser son agresseur dans un compartiment et à fermer la porte. Le contrôleur avait été transporté dans un état grave au CHRU de Besançon, où il avait finalement survécu. Interpellé à sa descente du train, Yassine Moumed avait déclaré qu'il ne se rappelait pas ce qui s'était passé, sans nier toutefois son implication dans les faits.

Des analyses toxicologiques avaient révélé qu'il avait consommé du cannabis. Cette violente agression d'un contrôleur de train avait provoqué d'importantes perturbations sur tout le réseau SNCF pendant les deux jours qui suivirent, de nombreux collègues de M. Mortellier ayant exercé leur droit de retrait.

"Le droit de retrait était un signal d’alerte donné à l’entreprise pour qu’elle prenne conscience de la sécurité des agents et des passagers", a déclaré à Richard Tramunt, secrétaire du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) des contrôleurs à Strasbourg et délégué Sud-rail. "Mais la SNCF n’a toujours pas tiré les conséquences de cette agression : il y a trop de trains où les contrôleurs sont seuls", déplore-t-il, rappelant que les syndicats demandent "deux contrôleurs par train, dans tous les trains".

Dans le Lyon-Strasbourg Bernard Mortellier était pourtant accompagné d’un collègue. C’était "une chance", souligne le syndicaliste. "Ils étaient deux, ce qui a permis de donner l’alerte aux secours qui ont pu arriver rapidement et sauver Bernard".

La direction de la SNCF, qui s’est portée partie civile aux côtés de ses deux agents, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Son avocat, Me Julien Dreyfus, souligne que "la SNCF a fait bloc derrière ses deux agents, car c’est intolérable que l’un ait été menacé de mort et l’autre violement agressé". "Les deux contrôleurs sont très impressionnés et angoissés car ce procès les renvoie à des faits très douloureux et les renvoie à leur agresseur", a ajouté le conseil qui défend également les deux hommes.

L’accusé a déjà été condamné plusieurs fois pour des faits de violence sans arme, et hospitalisé à quatre reprises suite à des scarifications."L’enjeu principal des débats portera sur la personnalité de l’accusé et nous nous appuierons sur ce qui permet d’éclairer cette personnalité", a indiqué son avocat Me Jérôme Pichoff. Selon lui, Yassine Moumed "ne se souvient effectivement de rien, il n’a d’ailleurs pas reconnu sa principale victime à l’audience".

(Source : AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

Procès Péchier à Besançon : “Pas de hasard ici, il n’y a que des rendez-vous avec la mort”

VIDEO • Ce mardi 9 décembre 2025, plusieurs avocats des parties civiles ont poursuivi leurs plaidoiries devant la cour d’assises de Besançon. Si certains tentent encore de comprendre ce qui s’est passé, d’autres, plus incisifs, accusent et rappellent les faits, dont les éléments "convergent tous" vers Frédéric Péchier.

Procès Péchier : le “traumatisme” de ses collègues, “victimes indirectes” des empoisonnements

Les médecins étaient "la cible", les patients "le moyen" : les avocats des collègues de Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois à Besançon pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, ont évoqué mardi 9 décembre 2025 le "traumatisme" vécu par ces anesthésistes "rongés par la culpabilité".

Au procès Péchier, des plaidoiries pour “mettre des mots” sur la douleur des victimes

Son crime était "tellement énorme": les avocats des 30 personnes que l'anesthésiste Frédéric Péchier est accusé d'avoir empoisonnées au bloc opératoire, et de leurs proches, ont commencé à plaider lundi 8 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs, pour "mettre des mots" sur la douleur des victimes.

Procès Péchier : organisation de la fin du procès et modalités d’accès à la Cour d’assises pour le public

Le procès de Frédéric Péchier par la Cour d’assises du Doubs arrive à son terme. On fait le point sur l’organisation et les modalités d’accès à la Cour pour les deux dernières semaines de procès à Besançon, du 8 au 19 décembre 2025. 

Interrogé sur sa personnalité, Frédéric Péchier se dévoile enfin…

"On a dépiauté toute ma vie": souvent décrié par les parties civiles pour son manque apparent d'émotion, l'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements (dont 12 mortels) au bloc opératoire, s'est livré de manière inédite vendredi 5 décembre 2025 devant la cour d'assises, en évoquant notamment sa famille.

Au Procès Péchier, des avis psy divergents sur le profil de l’accusé

L'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois à Besançon pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, a-t-il le profil habituel d'un tueur en série? "Oui", a estimé une "profileuse" de la police devant la cour d'assises du Doubs, "non", a répondu à l'inverse un expert psychiatre jeudi 4 décembre 2025.

Procès Péchier : un psychologue dit n’avoir rien perçu d’alarmant chez l’accusé

L'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour l'empoisonnement de 30 patients, dont 12 sont morts, "ne m'est pas apparu, pas une seule seconde, comme narcissique, manipulateur ou pervers", s'est étonné mercredi 3 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs un psychologue qui l'a reçu en consultation pour "épuisement professionnel". 

Frédéric Péchier, un anesthésiste “extrêmement brillant” à “l’ego démesuré” selon d’anciens collègues

Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, est un anesthésiste "extrêmement brillant" mais à "l'ego démesuré", ont témoigné mardi 2 décembre 2025 des praticiens qui l'ont cotoyé.

Procès Péchier : “J’en ai marre bon sang, dis-moi la vérité !”

Le frère de l'anesthésiste Frédéric Péchier, accusé de 30 empoisonnements, dont 12 mortels, a confié lundi 1er décembre 2025 devant la cour avoir été "chamboulé" par plus de deux mois de procès, qui ont révélé "la réalité des empoisonnements", dont l'accusé réfute être l'auteur.

Procès Péchier : “Jamais on n’a pu douter de son innocence”, assure sa mère

"Jamais, jamais on n'a pu douter de son innocence": Marie-José Péchier, la mère de l'ex-anesthésiste jugé depuis septembre par la cour d'assises du Doubs pour 30 empoisonnements, s'est employée lundi 1er décembre 2025 à défendre son fils.

Évasion de Dijon : un complice interpellé à Besançon, le dernier fugitif toujours en fuite

Un complice présumé de l'évadé encore en fuite, après la double évasion de la prison de Dijon jeudi, a été interpellé dimanche 30 novembre 2025 à Besançon lors d'une vaste opération policière qui n'a cependant pas permis de retrouver le dernier fugitif, a indiqué le parquet.

Procès Péchier : des “failles” évocatrices d’un tueur en série selon un enquêteur

"Manipulateur" et "menteur pathologique", Frédéric Péchier a agi pour combler des "failles personnelles" qui évoquent le profil d'un "tueur en série", a affirmé vendredi 28 novembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs un enquêteur chargé d'éclairer la personnalité de l'ex-anesthésiste, accusé de 30 empoisonnements, dont 12 mortels.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 13.21
couvert
le 10/12 à 15h00
Vent
1.9 m/s
Pression
1023 hPa
Humidité
79 %