Combien de salariés travaillent dans la lunette à Morez ?

Publié le 01/11/2016 - 08:15
Mis à jour le 01/11/2016 - 19:02

Ce mercredi 2 novembre 2016, le tribunal de commerce de Lyon statue sur l’avenir du lunetier LOGO. Près de 200 emplois sont en jeu. L’industrie lunetière française reste durement affectée par la concurrence italienne et asiatique, et le marché de niche du haut de gamme vers laquelle elle s’oriente ne suffit pas à enrayer son déclin et ce, malgré la vogue du « Made in France ». Mais combien le secteur fait-il travailler de personnes dans la vallée de Morez dans le Jura ?

 ©
©
  • Aujourd'hui le secteur de la lunette représente encore 2.500 salariés en France, dont environ 1.600 dans la vallée morézienne. A son âge d'or dans les années 1970, celle-ci concentrait à elle seule 10.000 emplois dans la lunetterie, selon des chiffres du groupement des industriels et fabricants de l'optique (Gifo).

La vallée de Morez risque à présent de perdre un énième fleuron, LOGO, menacé de liquidation après que le groupe de luxe LVMH lui a retiré ses contrats de licence pour ses marques TAG Heuer et Fred, dont l'entreprise dépendait.

"Depuis une vingtaine d'années et les délocalisations de la production, beaucoup d'entreprises ont disparu de la région", se désole Jérôme Colin, président du syndicat des fabricants lunetiers du Jura à Morez, capitale historique de la lunetterie française, avec une prédilection pour le métal, dont les origines remontent à la fin du 18e siècle. Le secteur dans son ensemble est pénalisé par ses coûts de main-d'oeuvre, qui représentent "les deux-tiers du prix d'une monture", selon M. Colin, par ailleurs directeur général du lunetier jurassien Oxibis. Entre une monture française et une monture importée, "il y a souvent un écart de prix de 30% à 50%", relève-t-il.

 "Le Made in France est demandé (par les consommateurs français), mais pas souvent acheté parce qu'il est trop cher", estime-t-il, tout en reconnaissant que cette indication est un atout pour l'export qui représente environ 50% du chiffre d'affaires du secteur, évalué par le Gifo à 500 millions d'euros en 2015.

  • L'écart de prix peut même aller "de 50 à 100%" par rapport à la concurrence asiatique pour des lunettes labellisées "Origine France Garantie", précise Walter Van Hee, directeur des achats chez le distributeur Optic 2000.

Plus strict, ce label exige notamment qu'au moins 50% du coût de revient (production et distribution) soit réalisé en France, où le produit doit prendre ses "caractéristiques essentielles".

Le "premium" pour survivre 

Les industriels incriminent aussi le plafonnement depuis 2015 des remboursements des montures par les mutuelles à 150 euros, un tarif trop bas selon eux pour une fabrication française: "Ce plafonnement va finir d'achever la filière", s'alarme M. Colin. "Les gens acceptent de payer 5% ou 10% plus cher" pour des lunettes produites en France, "mais pas plus", confirme Eric Plat, PDG de la coopérative d'opticiens Atol. Cependant l'écart de prix avec la Chine "se réduit et la notion de qualité en France est supérieure", estime Jean-Michel Werling, consultant de l'Atelier Paget, petit lunetier qui s'est créé récemment à Morez sur les cendres du l'entreprise disparue Albin Paget, grâce à la décision du groupe Afflelou de lui confier la fabrication de lunettes "premium".

La plupart des réseaux d'opticiens, parfois incités par des mutuelles et complémentaires santé, proposent aujourd'hui des montures françaises. Mais cela reste minoritaire dans leurs collections. "C'est une part très forte de leur communication (...) mais en termes de résultats, c'est moins important. Ce n'est pas inintéressant, mais il faut le ramener à sa juste proportion d'un point de vue industriel", estime Henri Grasset, patron de l'entreprise Lunettes Grasset Associés, installée à Oyonnax (Ain), l'autre bassin lunetier français, plus spécialisé dans les matières plastiques.

  • "Si tout le monde achetait plus français, dans les lunettes comme ailleurs, les prix baisseraient avec les économies d'échelle" 

"Tout le tissu a changé ici, les entreprises locales ne sont plus sur de grandes séries, mais davantage sur de la niche, le haut de gamme et l'accessoire de mode" explique M. Grasset. "Travailler plus sur la qualité et la différenciation que sur les volumes, ça a du sens", relève-t-il. "Mais il faut être capable de s'adapter aux cycles de la mode, avec des renouvellements de collections plusieurs fois par an".

"Le luxe c'est important pour nous, mais ce n'est pas là-dessus qu'on va faire des volumes", relativise Jean Calamand, patron du sous-traitant Lucal à Oyonnax, qui travaille notamment pour de petits créateurs de lunettes haut de gamme. "Si tout le monde achetait plus français, dans les lunettes comme ailleurs, les prix baisseraient avec les économies d'échelle", plaide-t-il.

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

logo

Logo : l’ autorisation de l’accord entre LVMH et les salariés est une “bonne nouvelle”

Le  juge commissaire du tribunal de commerce de Lyon a autorisé un accord prévoyant l’indemnisation par le géant du luxe LVMH des anciens salariés de Logo, manufacture de lunettes du Jura placée l’an dernier en liquidation judiciaire. L’ancien responsable du CE de l’entreprise jurassienne estime que la décision est une bonne nouvelle…

Affaire Logo contre LVMH : jugement attendu le 4 juillet 2017

Le tribunal de grande instance de Paris rendra son jugement le 4 juillet 2017 dans l’affaire qui oppose les salariés de Logo, manufacture de lunettes du Jura placée en liquidation judiciaire en novembre, au géant du luxe LVMH. Le délibéré, qui était prévu ce mardi 30 mai 2017, a été reporté au 4 juillet, a-t-on appris lundi auprès des avocats des deux parties.

Liquidation judiciaire de Logo : le préfet du Jura mobilisé pour le reclassement des salariés et la filière lunetterie jurassienne

A la suite de la décision du 15 novembre 2016 du tribunal de commerce de Lyon prononçant la liquidation judiciaire de l’entreprise LOGO, le préfet du Jura, Richard Vignon a rencontré les salariés de la société ainsi que les élus du territoire, le 17 novembre, en sous-préfecture de Saint-Claude.

Economie

Travaux reportés, conditions dégradées : le Centre international de séjour de Besançon tire la sonnette d’alarme

Pour la première fois de son histoire, le Centre international de séjour (CIS) de Besançon a convoqué une conférence de presse jeudi 10 juillet 2025. Un geste fort, destiné à alerter sur la situation préoccupante de cet établissement public, géré par des bénévoles et propriété de la Ville de Besançon. Au cœur de la prise de parole : l’absence persistante de travaux pourtant promis depuis des années, et des conditions d’accueil devenues critiques.

Bourgogne-Franche-Comté : 11 véhicules et 21 personnes contrôlés dans le secteur du déménagement

Durant la seconde quinzaine de ce mois de juin 2025, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Bourgogne-Franche-Comté (DREAL BFC) a organisé sept opérations de contrôle des chantiers de déménagement dans les agglomérations de Belfort/Montbéliard/Héricourt, Lons-le-Saunier, Dijon, Auxerre, Nevers et Mâcon), par les services chargés du contrôle des transports terrestres. Plusieurs infractions ont été révélées. 

Base de loisirs d’Osselle : un foodtruck pour compléter le restaurant Les Bords du Lac

Afin de s’adapter à l’affluence des visiteurs sur la base de loisirs d’Osselle, un foodtruck proposant du snacking a été installé sur l’espace plage depuis le 1er juin 2025. Le restaurant Les Bords du Lac, lui, reste ouvert toute l’année, rappelle le chef Sylvain Piguet…

Intergénérationnelle, la résidence Génius a ouvert ses portes au coeur du quartier Viotte

Fruit d’une collaboration entre SMCI, promoteur immobilier à Besançon, et l’ADMR du Doubs, association de référence de l’aide à la personne, le nouveau complexe résidentiel "Génius" a officiellement ouvert ses portes. Implanté le long de l’allée piétonne Gisèle Halimi, dans le quartier entièrement réhabilité du pôle Viotte, nous avons pu assister à une visite guidée. 

Tout & Bon, un nouveau service traiteur avec livraison pour les entreprises du Grand Besançon

Le concept a été lancé en 2010 à Lille. Depuis, il s’est démocratisé et rassemble désormais 34 magasins franchisés en France. Implantée depuis le 22 avril 2025 rue Albert Thomas à Besançon, l’entreprise peut livrer dans toutes les communes du Grand Besançon ainsi que sur les secteurs de Marnay et Rioz.

Lidl vide des locaux avant de s’y installer à Châtillon-le-Duc…

L’enseigne Lidl France a mandaté l’entreprise Alternatinnov pour mener une opération de valorisation de mobilier à Châtillon-le-Duc, dans les locaux de l’ancien magasin Des marques et vous avant de s’y installer. Objectif : limiter l’impact environnemental des travaux d’aménagement en réutilisant du mobilier encore fonctionnel.

Le club de sport Moving à Besançon change de propriétaires

Le club de fitness Moving, implanté depuis plus de 35 ans à Besançon, connaît une nouvelle page de son histoire. Ludivine et Hicham, un couple de coachs originaires d’Alsace, en sont désormais les nouveaux propriétaires. Ils prennent la suite de Laurence et Gilles, qui ont dirigé le club depuis 1989, a-t-on appris le 7 juillet 2025.

En images – La Grande braderie d’été bat son plein à Besançon

Jusqu’au samedi 5 juillet 2025, le centre-ville de Besançon s’anime à l’occasion de la Grande braderie d’été de l’Union des commerçants. Plus de 200 commerçants se sont installés pour permettre aux visiteurs de faire de bonnes affaires tout en découvrant des créations artisanales et locales.

Saint-Germain : des problèmes sanitaires entraînent une restriction d’activité pour une boulangerie haut-saônoise

Suite à plusieurs manquements graves concernant l'hygiène, le préfet de la Haute-Saône a prononcé un arrêté visant à restreindre l’activité de la boulangerie "Caput" située à Saint-Germain. Cette restriction d'activité a été prononcée suite à une visite de contrôle sanitaire réalisée le 2 juillet 2025.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 26.78
ciel dégagé
le 11/07 à 15h00
Vent
2.74 m/s
Pression
1016 hPa
Humidité
39 %