Covid-19 : en Bourgogne, les éleveurs d'escargots en péril

Publié le 24/02/2021 - 11:25
Mis à jour le 24/02/2021 - 11:25

Restaurants fermés, marchés annulés, foires supprimées: en Bourgogne, terre d’escargots, de nombreux éleveurs privés de débouchés par le Covid se retrouvent « le couteau sous la gorge », sans pouvoir compter sur une aide gouvernementale qu’ils jugent inadaptée.

illsutration © Myga91 CC0 PXB
illsutration © Myga91 CC0 PXB

Hervé Ménelot pointe avec son stylo la succession de colonnes sur son graphique comptable: en bleu, les recettes de 2019 sont hautes; en rouge, celles de 2020 rasent l'abscisse.

"Là, je faisais un week-end portes-ouvertes. Ça a été annulé. Là, les marchés de Noël ont été supprimés... Là, les foires gastronomiques...", énumère le patron de "L'escargot dijonnais", à Fénay en Côte d'Or.

"Sur l'ensemble de 2020, j'ai fait un tiers de ventes en moins par rapport à ce que j'avais prévu. Alors, je ne me suis pas rémunéré de juin à octobre: j'ai vécu très simplement avec mes petites économies", explique le producteur, seul employé permanent de sa micro-entreprise.

"Cette année, c'est pareil. Je n'ai aucune manifestation en vue, aucun marché de producteurs, et pas de restos. On n'est pas très optimiste", lâche-t-il en jetant un oeil inquiet sur les bocaux d'escargots qui s'entassent sur les rayons de sa boutique "à la ferme", installée dans une maison en plein champs.

"Les charges sont incompressibles: l'énergie, les assurances et surtout les emprunts", rappelle Hervé Ménelot qui a investi 150.000 euros pour démarrer son exploitation, en 2015.

"On va vite se retrouver sans trésorerie: comment allons-nous tenir le coup ?", se demande-t-il, avant de lâcher: "Fermer ? C'est le risque".

"200 euros sur mon compte"

"On a failli tout arrêter en décembre", se souvient Olivier Dard. "Normalement, ce mois-là, on fait 90 % de notre chiffre d'affaires. En décembre 2020, j'ai perdu 70 % de mes ventes".

Au total, sur l'ensemble de 2020, son exploitation "Les Choupins'escargots", à Chapelle-Voland  dans le Jura aura perdu "50 % de chiffre d'affaires".

Pour "essayer de survivre", son épouse Véronique, qui gère la petite entreprise, a drastiquement réduit son salaire. "1.000 euros par mois maximum et c'est souvent largement en dessous", lâche son mari, qui, lui, a été forcé de prendre un travail d'employé communal.

"Environ une centaine des 300 à 400 éleveurs en France sont en très grosse difficulté", résume William Blanche, président du Groupement des héliciculteurs de Bourgogne-Franche-Comté (GHBFC). "Certains ont le couteau sous la gorge", prévient-il.

Formé de petites exploitations, l'élevage français n'a pas la taille pour résister à la crise sanitaire: sur les 30.000 tonnes d'escargots consommés dans l'Hexagone, 5 % seulement y sont produits, les pays de l'Est inondant le marché de leurs "escargots de Bourgogne".

Cette espèce, qui n'est pas propice à l'élevage, est protégée en France et ne peut pas y être ramassée pour commercialisation. Seuls sont produits en France des petits et gros gris.

Pour contrer les pertes de débouchés dues au Covid, de nombreux éleveurs ont demandé l'aide de 1.500 euros par mois de l'État.

"Ça m'a sauvé", se souvient Sylvain Peyrot. "Quand j'ai reçu l'aide, il me restait 200 euros sur mon compte", dit le patron de "Lescarg'aujoux", à Etrigny (Saône-et-Loire).

Le producteur a touché 1.500 euros pour avril, mai et juin. "Mais ça recommence. En janvier, j'ai fait 160 euros de chiffre d'affaires, contre 3.000 à 4.000 normalement. C'est bis repetita".

Sylvain Peyrot compte bien refaire appel à l'aide "si besoin". Celle de 1500 euros par mois lui sera encore ouverte mais il ne sera pas éligible à l'aide de 10.000 euros par mois maximum car un décret du 19 décembre conditionne son accès à la réalisation de 50 % du chiffre d'affaires dans la restauration, a précisé à l'AFP le ministère de l'Agriculture.

"Quasiment personne ne fait 50 % dans la restauration. Moi, je vends à 80 % aux particuliers: à la ferme, dans les marchés...", explique Hervé Ménelot, qui est également coordinateur national du GHBFC.

"On a l'impression d'être oubliés", lâche-t-il, pointant du doigt le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, qui s'est déplacé fin novembre dans le Morvan tout proche pour soutenir les producteurs de sapins. "Mais sans venir nous voir !"

"Sans le soutien de l'État, comment tenir ?", résume Hervé Ménelot, avant d'avertir: "un tiers des exploitations peut disparaître".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

”Vos souvenirs d’hiver se cachent ici” : Montagnes du Jura veut continuer de séduire, avec ou sans neige

La marque de destination Montagnes du Jura a dévoilé, le 25 novembre 2025, une nouvelle campagne de communication intitulée "Vos souvenirs d’hiver se cachent ici". Son objectif : rappeler que l’hiver dans le massif se vit pleinement, quelles que soient les conditions d’enneigement, et soutenir l’économie touristique locale dans un contexte de changement climatique.

ESS : une croissance qui résiste en Bourgogne–Franche-Comté malgré le ralentissement régional

Les Urssaf Bourgogne et Franche-Comté, en partenariat avec la Chambre régionale de l’Économie sociale et solidaire (CRESS), ont présenté lundi 24 novembre 2025 les données actualisées sur l’Économie sociale et solidaire (ESS) en Bourgogne Franche-Comté.

Commission permanente : la Région Bourgogne – Franche-Comté vote 61,2 M€ de financements

Réunis à Besançon vendredi 21 novembre 2025, les élus régionaux ont adopté 61,2 millions d’euros de financements destinés à soutenir l’économie, la transition écologique, la formation, le tourisme et l’attractivité locale. Cette enveloppe vise à "soutenir l’économie, la transition écologique, la formation et l’attractivité des territoires".

Sondage – Pour vous, le Black friday, c’est…

L’opération marketing internationale Black friday se déroulera, comme chaque année, le dernière vendredi de novembre, le 28 novembre 2025. Née aux Etats-Unis, cet évènement commercial est bel et bien implanté en France, dans les commerces et sur les sites internet marchands. Pour vous, que représente le Black friday ? C’est notre sondage de la semaine…

Black Friday ? Non, Black week et plus, avec Intermarché Chateaufarine

PUBLI-INFO • En novembre et décembre, Intermarché Chateaufarine organise de nombreux événements avec le Black Friday, la Black Week et une action commerciale sur l’image, le son et la bagagerie. Et ça ne s’arrête pas là. Il y aura des bons d’achat sur le rayon jouets et, plus important encore, la course aux jouets.

Et si votre plus beau cadeau, c’était un moment bien-être à Salins-les-Bains ?

QUOI DE 9 ? • Situé au cœur de Salins-les-Bains, dans le Jura, Therma Salina accueille chaque année des milliers de visiteurs en quête de détente, de soins et de bien-être. Leur particularité ? une eau salée naturellement riche en minéraux, reconnue pour ses bienfaits apaisants, reminéralisants et antalgiques. Grâce à cette eau d’exception, l’établissement propose une large gamme de prestations allant de la cure thermale médicale aux soins de relaxation.

Une boutique éphémère d’artistes ouvre à Besançon

L’association Boucle d'Arts revient pour la quatrième année consécutive avec son événement phare "Boutique éphémère d’artistes". Elle ouvrira ses portes du 29 novembre au 21 décembre 2025 à l’Atelier Oxymore, situé au 7 rue Klein, Besançon. Mais également du 3 au 23 décembre 2025 dans une galerie éphémère du centre-ville qui reste encore secrète…

Le Shopping de Noël revient ! Une idée cadeau par jour sur maCommune.info, ça vous dit ?

À partir du 25 novembre 2025, vous allez découvrir jusqu’au 24 décembre la rubrique commerciale Shopping de Noël sur maCommune.info ! Chaque jour, un commerçant, une entreprise de Besançon ou d'ailleurs en Bourgogne Franche-Comté, mettra en valeur un produit, une idée cadeau à offrir en cette fin d’année…

Beaujolais Nouveau : chez Barthod, la tradition perd du terrain mais reste vivante…

Fondée il y a 76 ans, la Maison Barthod fait figure d’institution dans le paysage bisontin. À l’occasion de l’arrivée du Beaujolais Nouveau ce jeudi 20 novembre, Sébastien David, caviste chez Barthod depuis près de 30 ans, dévoile les cuvées proposées cette année et livre son regard sur une tradition qui s’étiole.

No Logo Festival annulé en 2026 : “un projet culturel sacrifié sur l’autel de la politique”

Le festival No Logo ne se tiendra finalement pas à Ornans en 2026. L’équipe organisatrice a annoncé dans un communiqué du 18 novembre 2025 la nouvelle dans un communiqué évoquant "une décision subie, incompréhensible et lourde de conséquences" qui met fin à "des mois d’un travail rigoureux, de discussions et de concertation".

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 5.44
légère pluie
le 25/11 à 15h00
Vent
2.8 m/s
Pression
1008 hPa
Humidité
91 %