Lorsqu’on lui demande pourquoi, après 12 années passées à agrémenter la rue Bersot de ses vanneries et de l’odeur de sa maroquinerie, Zakia a finalement décidé de mettre un terme à la boutique physique de son commerce indépendant, la gérante pointe directement du doigt "un centre-ville qui se désertifie".
Car si la rue est effectivement très attractive en soirée pour ses nombreux bars et restaurants, elle est, d’après Zakia, nettement moins fréquentée en journée "depuis plus d’un an". Dans les boutiques environnantes de son commerce, pas moins de trois boutiques sont effectivement fermées ou en passe de l’être. Mais un autre, de bouche cette fois, ouvrira également bientôt ses portes. La Fibule, elle, vit ses dernières heures et devrait voir son rideau de fer définitivement baissé d’ici la fin de la semaine.
La situation est devenue trop "lourde" pour la vendeuse qui prenait pourtant plaisir chaque matin à ouvrir son commerce. Sa clientèle elle-même, lui a fait part de son désir de ne plus venir en ville pour diverses raisons énumérées par la gérante : "la cherté des parkings", la "saleté de notre centre-ville" est également pointée du doigt, tout comme le sentiment d’insécurité.
La commerçante a beau tenter de réorganiser son magasin, changer des choses, afin d'inciter les passants à pousser les portes de sa boutique… en vain. "On ne peut pas travailler avec du vide, les gens ne rentrent pas" nous explique-t-elle. Une situation qui, d'après elle, s’est empirée après le covid, notamment avec le télétravail. "Ces gens-là ne viennent plus, on les voit moins, ça se sent".
"Les indépendants vont disparaître un à un"
Baisse de fréquentation, solidarité entre commerçants inexistante ou encore impression d’être délaissé par les politiques, Zakia n’en finit plus d’énumérer les raisons qui font que les commerces indépendants sont de moins en moins nombreux dans le quartier. "Le centre-ville personne ne le remet en question. Je n’ai pas vu un politique se dire ouah, ces boutiques elles ferment, qu’est-ce qu’on fait ? On laisse ces boutiques fermer. Eh ben c’est triste" déplore la gérante. "On a un centre-ville de mal-bouffe, de téléphonie, de lunettes, de clopinettes… et les petits indépendants, eux, vont disparaître un à un" argue encore la commerçante.
Boutique en ligne, redistribution et chaîne Youtube
Alors malgré une "décision lourde" qui lui provoque tout de même un "pincement au coeur", Zakia ne se laisse pas abattre, "je vais m’élever autrement" nous confie celle qui mise désormais sur son site internet La Fibule design. Les produits autrefois visibles et accessibles en magasin le seront désormais uniquement sur son site internet. Uniquement ? Pas sûr, puisque la commerçante souhaite également développer d’ici 2025/26 la redistribution de ses produits partout en France. Elle reste d’ailleurs disponible si des boutiques souhaitent la contacter à ce sujet.
D’autres projets sont également à l’ordre du jour comme "une chaîne Youtube" pour lui permettre de conserver une proximité avec sa clientèle et continuer de mettre en avant l’authenticité et la qualité de ses produits. Mais celle-ci arrivera dans un second temps, "le temps que je digère un peu cette fermeture". En attendant, la Bisontine promet une chose "je ne pars pas".