Les médecins qui ont formé l'accusé au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon, à la fin des années 1990, et un co-interne, ont donné des avis divergents sur le personnage, même s'ils ont relevé son "extrême
intelligence". Annie Boillot, ancienne cheffe de service et professeure d'anesthésie-réanimation au CHU, a décrit devant les assises du Doubs "un garçon efficace, fiable et consciencieux". Elle se souvient d'un interne "calme et pragmatique, très organisé, soucieux de ses patients", avec lequel il "n'y a jamais eu de problèmes".
Une autre formatrice, Pascale François, a brossé un portrait beaucoup plus négatif. "Quand M. Péchier est arrivé, j'ai tout de suite remarqué (...) qu'il avait un sentiment de supériorité par rapport aux autres, il avait besoin d'être reconnu". "C'était un beau parleur, voire manipulateur" qui "méprisait" les autres praticiens, selon Mme François. "Il n'écoutait pas les conseils des aînés et prétendait m'apprendre mon métier", a-t-elle dit, lui reprochant d'avoir fait "une expérimentation sur un patient" en utilisant des produits de façon "inhabituelle, mais pas illégale".
Randall Schwerdorffer, l'avocat de la défense, a relativisé ces propos : "ça ne se passait pas très bien entre vous, ça arrive".
Le docteur Smaïl Ouhdif, qui a cotoyé M. Péchier au CHU, s'est souvenu de "quelqu'un d'abordable, de sympa quand on allait dans son sens": "Il travaillait bien", mais il "pouvait faire des diagnostics à l'emporte-pièce". Il a évoqué le cas d'un jeune homme de 16 ans qui avait de la fièvre après un accident de la route. Présumant une infection de la jambe, Frédéric Péchier voulait l'amputer, selon le Dr Oudif, qui a été chercher la cheffe de service pour obtenir davantage d'examens. Ceux-ci ont révélé une infection pulmonaire et le patient n'a pas été amputé.
Le docteur Péchier "a une très bonne pratique, il était très respecté", mais il a "un ego démesuré", a estimé pour sa part une ancienne collègue à la clinique Saint-Vincent, où la plupart des empoisonnements ont eu lieu.
Jugé pour 30 empoisonnements commis entre 2008 et 2017, Frédéric Péchier, 53 ans, clame son innocence. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu d'ici au 19 décembre.
(AFP)


