Juliette Roche exposée au Musée des Beaux-Arts, à la découverte d'une peintre, femme, discrète…

Publié le 02/08/2021 - 07:00
Mis à jour le 25/10/2021 - 10:04

PUBLI-INFO • Jusqu’au 19 septembre, le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon expose les œuvres d’une artiste peintre à la fois insolite et discrète : Juliette Roche (1884-1980). Très peu exposé de son vivant, cette épouse d’un artiste connu, Albert Gleizes, et à la carrière atypique, se dévoile au grand public à travers des peintures, des dessins et des œuvres décoratives d’une grande originalité pour son époque.

Cette première rétrospective de Juliette Roche depuis les années 1960 vise à faire découvrir une artiste femme méconnue, peintre, dessinatrice et écrivaine, ayant participé à plusieurs avant-gardes artistiques du début du XXe siècle. Elle a notamment été élève des peintres Maurice Denis et Paul Sérusier à l'Académie Ranson et hérite des formes simples, du caractère décoratif et de l'univers symboliste du groupe des Nabis. Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’intéresse au cubisme, participe au groupe Dada à New York et fait un séjour à Barcelone en 1916.

Un univers unique pour une artiste atypique

Dans ses peintures, Juliette Roche a su donner une grande originalité à des scènes de la vie parisienne qu'elle a souvent représentée avant la Première Guerre mondiale. C'est sans doute pendant la guerre qu'elle a créé ses œuvres les plus personnelles à Barcelone ou à New York avec notamment le grand format American Picnic de 1918 à voir dans l'exposition bisontine. Ensuite elle revient en France et participe à ce qu’on a appelé le « retour à l'ordre », c'est-à-dire à une figuration plus traditionnelle avec des natures mortes et surtout des portraits.

"C'est une carrière assez atypique et marginale parce que Juliette Roche est une artiste femme, même si toutes n'ont pas connu cette marginalité, mais elle s'est finalement peu souciée de faire découvrir son œuvre", explique Christian Briend, commissaire de l'exposition et administrateur de la Fondation Albert Gleizes.

De son vivant, Juliette Roche a bénéficié seulement de deux fois d’expositions personnelles : à Paris dans une prestigieuse galerie en 1914 et à Montpellier en 1963. "Elle montrait ses peintures de loin en loin, dans des salons, mais elle n'apparaissait pas véritablement comme une artiste repérée par la presse ou le milieu artistique de l'époque", souligne le commissaire de l'exposition.

Exposition Juliette Roche L'insolite au Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon. © Jean-Charles Sexe

Dans l'ombre de son époux ? Non, un choix de l'artiste

Même si, des femmes artistes et d'artistes ont dû souvent rester en retrait, dans l'ombre de leur mari, pour Juliette Roche, il s'agit plutôt d'un choix personnel. " Albert Gleizes n'était pas un mari qui l'empêchait de se réaliser", explique Christian Briend. "Elle a fait ce choix de rester en retrait, parce que je pense qu'elle portait un regard assez ironique sur la pratique artistique et sur les avant-gardes de l'époque : la façon dont elle se saisit pour peu de temps du cubisme ou du dadaïsme à New York, sans y adhérer complètement… Il y a une sorte de retrait qui fait aussi sans doute partie de sa personnalité, même si elle avait semble-t-il un fort caractère."

La place de la femme dans l'art redorée dans cette exposition

Cette exposition réunit une production conservée par la Fondation Albert Gleizes que Juliette Roche avait créée essentiellement pour assurer la défense et le rayonnement de l'œuvre de son mari. "Son œuvre est restée cachée tout simplement parce qu'elle était conservée dans les réserves de la Fondation jusqu’au moment où il est apparu opportun de proposer cette œuvre au regard du public", explique le commissaire de l'exposition.

La Fondation a alors procédé à une importante campagne de restauration et d'encadrement. Christian Briend, en tant qu'administrateur de la Fondation, a été chargé de prospecter des musées en France susceptibles d’être intéressés par l’œuvre de Juliette Roche. Il raconte que "le directeur du Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon, Nicolas Surlapierre, s’est tout de suite montré enthousiaste, tout d'abord parce qu'il aime faire découvrir des artistes que personne ne connaît, et aussi parce qu'il y voyait un intérêt par rapport à la collection d’art moderne du musée de Besançon qui fait une large place à des artistes restés fidèles à la figuration". Juliette Roche a touché à l'abstraction, mais finalement assez peu.

Également conservateur du Musée national d'art moderne au Centre Pompidou à Paris, Christian Briend ne cache pas son fort attachement à mettre sous les projecteurs les artistes femmes "qui ont été sous-montrées, moins achetées que leur équivalent masculin", précise-t-il, "actuellement au Centre Pompidou nous efforçons de rattraper certaines lacunes".

Infos pratiques

Exposition "Juliette Roche L'insolite" au Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon. © Louis Jacquot

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