La Gagygnole met la montagne suisse en bouteille pour la ressusciter

Publié le 19/05/2022 - 15:00
Mis à jour le 02/08/2022 - 13:32

La Suisse veut à tout prix sauver ses pittoresques villages de montagne d’une lente extinction. Des racines de gentiane au genévrier, les frères Gyger distillent tout ce qu’ils trouvent dans le Jura pour recréer une économie locale.

Gagygnole écoule ses eaux-de-vie aromatisées dans 200 points de vente du pays – dont l’une a été consacrée meilleur gin de Suisse l’an dernier – et ses ventes de fondue au gin cartonnent aussi. Pas question pour autant de songer à exporter. « On a toujours un peu refusé parce que c’était difficile au niveau de la logistique, mais pourquoi pas… tant que ça va avec notre philosophie », glisse Tim, 26 ans, le benjamin.

Ce n'est que lorsque ces trois jeunes amoureux de la nature ont pu acquérir leur propre alambic et transformer l'ancien appartement de leur grand-père avec le soutien de l'Aide Suisse à la montagne qu'ils ont pu se professionnaliser il y a environ 2-3 ans, installant leur distillerie Gagygnole dans le hameau-rue de Souboz à près de 900 m d'altitude.

Au rez-de-chaussée d'une ancienne ferme, une odeur d'épices - mélange de coriandre et de baies de genévrier - flotte en l'air, tandis qu'une chaleur enveloppe le visiteur à l'approche d'un alambic en cuivre haut de 2m50 dans lequel l'aîné, Gaëtan, dit "Gagy", 30 ans, distille un gin au feu de bois.

"Le lieu de production est notre lieu de vie depuis qu'on est tout petits. On a vraiment des racines ancrées dans notre village", explique  cet agronome de formation ayant étudié à Genève.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par GAGYGNOLE Sàrl (@gagygnole)

"Nous n'avions pas envie de nous établir en ville" même si la clientèle y est plus nombreuse, ajoute le fondateur de Gagygnole. Un choix de vie qui se fait rare en Suisse, pays à 70% montagnard mais où moins d'un quart de la population y vit.

Les villages de montagne se vident, les épiceries ferment et comme à Souboz les écoles aussi, la population préférant s'installer en plaine près des agglomérations, en particulier Zürich, Genève et Lausanne, même si la Suisse n'a pas échappé à un certain retour à la nature pendant la pandémie de Covid.

A Souboz, les habitants se font rares, passant de 135 en 2012 à 85 l'an dernier.

Face à l'exode des montagnards, certains villages tentent le tout pour tout, allant même jusqu'à proposer leurs maisons vides pour un franc symbolique ou offrant à certaines conditions des fonds pour attirer des nouveaux-venus.

L'Aide suisse à la montagne apporte elle chaque année des contributions à fonds perdu à des centaines d'entrepreneurs, comme les frères Gyger.

"Une fonction d'allumette"

"Si on veut que la montagne vive, il faut qu'il y ait des gens. Mais nous ne sommes pas une oeuvre d'entraide sociale, nous soutenons les gens qui ont envie d'entreprendre et dont le projet va créer de l'emploi", explique Willy Gehriger, qui préside cette fondation privée d'utilité publique. "On a un peu une fonction d'allumette", explique-t-il.

Né en 1943 pour sortir les montagnards de la misère, l'Aide à la montagne a pendant très longtemps essentiellement soutenu les agriculteurs, avant d'élargir son champ d'action il y a une douzaine d'années: soutien aux commerces, aide à l'installation du Wi-Fi dans les petits établissements d'hébergement, financement de cours d'informatique, soutien au sauvetage de bâtiments classés pour que des touristes puissent s'y loger...

"Réduire l'aide à la montagne à l'agriculture serait une erreur", observe M. Gehriger.

Vêtus de t-shirts, casquettes au front et iPad à la main, les frères Gyger n'ont rien du cliché du montagnard trapu, rustique et grincheux. C'est avec humour qu'ils affichent leur ambition: "repeupler Souboz et recréer une économie" locale à la montagne.

"On est quand même conscient qu'on apporte quelque chose à Souboz, en bien. Il y a un potentiel énorme pour nos régions de montagne. C'est vraiment quelque chose dont on doit être fier en tant que Suisse", assure Luca, 27 ans, deuxième de la fratrie.

Le pari est réussi puisque l'entreprise familiale compte quelques employés et fait occasionnellement travailler artisans et agriculteurs de la région, notamment pour la mise en bouteille de leurs recettes originales de gin, whisky et vodka... 18.000 bouteilles l'an dernier.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

Congés payés en cas de maladie non professionnelle, quels sont les changements ?

La loi d’adaptation au droit de l’union européenne reconnaissant l’acquisition de congés payés pendant l’arrêt maladie non professe, a été publié mardi 23 avril 2024. Ces nouvelles dispositions sont entrées en vigueur le 24 avril 2024. On fait le point avec le site du service public

Fonds Feader : Inquiète, la profession alerte les agriculteurs.

Pointant du doigt un fonctionnement laborieux, la Chambre régionale d'agriculture et les principales structures qui accompagnent les agriculteurs en Bourgogne-Franche-Comté ont consigné un communiqué daté du 25 avril 2024 alertant les agriculteurs à faire preuve de vigilance sur le suivi de leurs dossiers de demande de fonds Feader.

Le taux de chômage en hausse de 0,7 % en Bourgogne-Franche-Comté

Selon une note diffusée le 25 avril 2024 par l’Insee, institut national de la statistique et des études économiques, le taux de chômage en Bourgogne-Franche-Comté a augmenté de 0,7% sur le premier trimestre de l’année pour la catégorie A, et donc tenus de rechercher un emploi et sans activité.

Plateforme Easydis à Besançon “nous n’avons pas annoncé la fermeture du site”

Suite à un article paru chez nos confrères de France Bleu Besançon, ce mercredi 24 avril 2024 expliquant que la plateforme logistique d’Easydis à Besançon allait fermer ses portes en septembre prochain (sauf si l'entreprise trouve repreneur), nous avons contacté une porte-parole du Groupe Casino. Cette dernière nous a affirmé "qu’à aucun moment" il n’avait été décidé et dit aux salariés que le site allait fermer…

Casino JOA Besançon : plus de 721.000 € remportés en moins d’un mois

Le mois d’avril a apparemment porté chance à quelques joueurs du casino Joa de Besançon. L’établissement informe qu’entre le 1er et le 21 avril 2024, 721.275 € de jackpots ont été payés aux clients ayant eu la main chanceuse sur les machines à sous ou jeux électroniques (roulette anglaise électronique ou black jack électronique). 

La Bourgogne-Franche-Comté, première “région microtechnique” de France, présente au SIAMS de Moutier

Du 16 au 19 avril 2024, à l’occasion du Salon de la chaîne de production des microtechniques (SIAMS), grand rendez-vous de la filière de l’industrie des microtechniques, la Bourgogne-Franche-Comté était présente avec un pavillon régional dédié, en collaboration avec la CCI BFC.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 7.8
légère pluie
le 26/04 à 21h00
Vent
1.58 m/s
Pression
1008 hPa
Humidité
91 %