L'automobile à hydrogène : un segment de niche, mais une vision d'avenir

Publié le 09/09/2020 - 08:28
Mis à jour le 09/09/2020 - 08:28

Propulser des voitures, bus ou camions sans aucune émission polluante, c’est la promesse de la pile à hydrogène, dont la filière démarre lentement, mais pourrait s’imposer à terme face aux batteries rechargeables. Le constructeur PSA devrait lancer les premiers véhicules utilitaires à hydrogène (Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Opel Vivaro) fin 2021.

Toyota Mirai fonctionnant à l’hydrogène appartenant à hype au port parisien de l’Arsenal (Avril 2019) © NBKF CC3
 ©
Toyota Mirai fonctionnant à l’hydrogène appartenant à hype au port parisien de l’Arsenal (Avril 2019) © NBKF CC3 ©

Les automobiles, qui ont besoin d’un maillage étroit de stations de recharge, se développeront « après 2025 », estime Plastic Omnium qui table, à l’horizon 2030, sur un marché mondial de 2 millions de véhicules, dont 1,6 million de voitures particulières.

La pile est fournie par le spécialiste Symbio, co-entreprise de Faurecia et Michelin qui équipe aussi le fabricant de bus français Safra. En plein essor, l’entreprise française emploie 250 personnes, contre une cinquantaine il y a deux ans, et vise une production annuelle de 25.000 unités en 2025.

Des véhicules à hydrogène roulent déjà dans de nombreuses villes du monde. À Paris, les taxis de la société Hype transportent des clients depuis 2015 dans des berlines coréennes ou japonaises à la livrée bleue facilement reconnaissable.

Cela reste un segment de niche. Hyundai, qui revendique le premier rang mondial, a vendu 5 000 exemplaires de son modèle Nexo cette année, plus que la Toyota Mirai, dans un marché mondial de plusieurs dizaines de millions de voitures.

Chez PSA, qui avait sorti sept démonstrateurs technologiques de 2000 à 2010, de premiers véhicules utilitaires à hydrogène (Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Opel Vivaro) seront lancés fin 2021, une offre complémentaire aux véhicules électriques classiques. "Aujourd'hui les temps de recharge des batteries sont pénalisants" pour certaines utilisations professionnelles intensives, tandis que l'hydrogène permet de faire un plein en 2 ou 3 minutes, explique Carla Gohin, directrice de l'innovation du constructeur.

En fin d'année dernière, Renault, pionnier en France, a introduit dans son catalogue une version hydrogène de son fourgon Kangoo, dont il a produit 200 exemplaires. Un deuxième modèle, plus grand, le Master, suivra l'an prochain. Ces versions coûtent près de 50% plus cher qu'une électrique classique. Mais "avec l'hydrogène, on double l'autonomie pratique pour l'utilisateur", souligne Philippe Diviné, directeur de la stratégie des véhicules utilitaires du groupe.

Ces véhicules sont avant tout une vision d'avenir. En embarquant un réservoir à hydrogène, transformé en électricité via une pile qui alimente un moteur, ils offrent les avantages du 100% électrique (accélération, couple, silence de fonctionnement), ne rejettent aucun polluant, juste de la vapeur d'eau, tout en offrant une autonomie supérieure et des recharges aussi rapides qu'un plein d'essence.

Problème : la production d'hydrogène reste aujourd'hui fortement émettrice de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre, car elle résulte essentiellement du reformage de méthane. Les stations de recharge, très coûteuses, restent rares, tandis que les prix des véhicules sont encore prohibitifs.

"Aujourd'hui, on sait faire des véhicules à hydrogène, mais il y a encore énormément d'étapes à franchir pour en faire des véhicules économiquement viables", souligne Marc Mortureux, directeur de la Plateforme automobile (PFA) qui représente constructeurs et équipementiers français.

"On est clairement satisfaits de la mobilisation" des pouvoirs publics, a-t-il réagi mardi à l'annonce d'un plan de 7 milliards d'euros du gouvernement français pour développer la filière hydrogène. L'Allemagne a récemment mis 9 milliards sur la table, dans une course à l'innovation face à la Chine, à la Corée du Sud, au Japon et aux Etats-Unis.

Hydrogène décarboné

Le premier enjeu est la production massive d'hydrogène décarboné, défi que les énergéticiens pensent relever grâce à l'électrolyse de l'eau à partir d'énergies renouvelables (éolien, solaire) ou de nucléaire.

"À partir de 2021 ou 2022, on va voir arriver des camions, des camionnettes, des bus à hydrogène dans pas mal de villes d'Europe", prévoit Marc Perraudin, directeur de la division Nouvelles Energies chez Plastic Omnium. L'équipementier français, spécialiste du stockage de carburant, a engagé 200 millions d'euros d'investissements sur cinq ans pour développer des réservoirs à hydrogène, déjà commercialisés, mais aussi des piles à combustible.

La flambée de l'action du fabricant américain de camions à hydrogène Nikola, dès son entrée en bourse en juin, a souligné les espoirs de certains investisseurs, dont encore General Motors qui en a pris 11% mardi. Selon M. Perraudin, les véhicules électriques purement à batteries "ne répondent pas aux besoins" des transports lourds, par manque d'autonomie.

Le député européen Christophe Grudler s'est pour sa part réjoui des annonces du gouvernement présentées  mardi matin par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, et la ministre de l’Environnement Barbara Pompili. "L’État a pris conscience de l’énorme potentiel de l’hydrogène propre pour l’avenir, tant pour l’économie, la création d’emplois, l’environnement, que pour l’autonomie énergétique de la France." Il rappelle l'objectif de création de  la filière hydrogène peut générer 50 à 100.000 emplois en France.

"Avec ce plan de 7 milliards d’euros, la France devient le pays qui investit le plus sur l’hydrogène en Europe, par rapport à son niveau de PIB. C’est la naissance d’une vraie filière hydrogène à la française. Je me réjouis du fléchage du financement sur nos entreprises françaises qui innovent dans la filière hydrogène. Cela évitera les erreurs des précédents plans d’aide aux panneaux solaires par exemple, qui avaient renforcé… les fabricants asiatiques" conclut-il.

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

Travaux reportés, conditions dégradées : le Centre international de séjour de Besançon tire la sonnette d’alarme

Pour la première fois de son histoire, le Centre international de séjour (CIS) de Besançon a convoqué une conférence de presse jeudi 10 juillet 2025. Un geste fort, destiné à alerter sur la situation préoccupante de cet établissement public, géré par des bénévoles et propriété de la Ville de Besançon. Au cœur de la prise de parole : l’absence persistante de travaux pourtant promis depuis des années, et des conditions d’accueil devenues critiques.

Bourgogne-Franche-Comté : 11 véhicules et 21 personnes contrôlés dans le secteur du déménagement

Durant la seconde quinzaine de ce mois de juin 2025, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Bourgogne-Franche-Comté (DREAL BFC) a organisé sept opérations de contrôle des chantiers de déménagement dans les agglomérations de Belfort/Montbéliard/Héricourt, Lons-le-Saunier, Dijon, Auxerre, Nevers et Mâcon), par les services chargés du contrôle des transports terrestres. Plusieurs infractions ont été révélées. 

Foodtruck, équipe… du nouveau du côté du restaurant Les Bords du Lac à Osselle

Afin de s’adapter à l’affluence des visiteurs sur la base de loisirs d’Osselle, un foodtruck proposant du snacking a été installé sur l’espace plage depuis le 1er juin 2025. Le restaurant Les Bords du Lac, lui, reste ouvert toute l’année, rappelle le chef Sylvain Piguet qui continue seul l'aventure désormais sans Adrien Rognon.

Intergénérationnelle, la résidence Génius a ouvert ses portes au coeur du quartier Viotte

Fruit d’une collaboration entre SMCI, promoteur immobilier à Besançon, et l’ADMR du Doubs, association de référence de l’aide à la personne, le nouveau complexe résidentiel "Génius" a officiellement ouvert ses portes. Implanté le long de l’allée piétonne Gisèle Halimi, dans le quartier entièrement réhabilité du pôle Viotte, nous avons pu assister à une visite guidée. 

Tout & Bon, un nouveau service traiteur avec livraison pour les entreprises du Grand Besançon

Le concept a été lancé en 2010 à Lille. Depuis, il s’est démocratisé et rassemble désormais 34 magasins franchisés en France. Implantée depuis le 22 avril 2025 rue Albert Thomas à Besançon, l’entreprise peut livrer dans toutes les communes du Grand Besançon ainsi que sur les secteurs de Marnay et Rioz.

Lidl vide des locaux avant de s’y installer à Châtillon-le-Duc…

L’enseigne Lidl France a mandaté l’entreprise Alternatinnov pour mener une opération de valorisation de mobilier à Châtillon-le-Duc, dans les locaux de l’ancien magasin Des marques et vous avant de s’y installer. Objectif : limiter l’impact environnemental des travaux d’aménagement en réutilisant du mobilier encore fonctionnel.

Le club de sport Moving à Besançon change de propriétaires

Le club de fitness Moving, implanté depuis plus de 35 ans à Besançon, connaît une nouvelle page de son histoire. Ludivine et Hicham, un couple de coachs originaires d’Alsace, en sont désormais les nouveaux propriétaires. Ils prennent la suite de Laurence et Gilles, qui ont dirigé le club depuis 1989, a-t-on appris le 7 juillet 2025.

En images – La Grande braderie d’été bat son plein à Besançon

Jusqu’au samedi 5 juillet 2025, le centre-ville de Besançon s’anime à l’occasion de la Grande braderie d’été de l’Union des commerçants. Plus de 200 commerçants se sont installés pour permettre aux visiteurs de faire de bonnes affaires tout en découvrant des créations artisanales et locales.

Saint-Germain : des problèmes sanitaires entraînent une restriction d’activité pour une boulangerie haut-saônoise

Suite à plusieurs manquements graves concernant l'hygiène, le préfet de la Haute-Saône a prononcé un arrêté visant à restreindre l’activité de la boulangerie "Caput" située à Saint-Germain. Cette restriction d'activité a été prononcée suite à une visite de contrôle sanitaire réalisée le 2 juillet 2025.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 24.88
ciel dégagé
le 13/07 à 09h00
Vent
4.02 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
67 %