INSOLITE !
Selon une note que l'AFP a consultée, l'organisation controversée fondée en 1974 par le Français Claude Vorilhon, dit Raël, a écrit au gouvernement portugais pour solliciter, "à titre payant ou gratuit", la mise à disposition d'un terrain de 4 km2.
C'est là que le mouvement raëlien, considéré comme une secte en France depuis un rapport parlementaire de 1995, espère construire une ambassade pour accueillir ses Elohims, les "scientifiques" censés avoir créé l'espèce humaine. Le projet, d'un montant estimé à 40 millions d'euros, doit comporter une plateforme d'atterrissage de 14 m de diamètre.
Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), le mouvement raëlien pose comme condition à son implantation "la concession obligatoire d'un statut d'extraterritorialité" et "l'instauration d'une zone de restriction aérienne pour cet édifice qui devra être éloigné de tout secteur urbain". En contrepartie, les Raëliens promettent de "favoriser le développement économique de la région où sera implantée l'ambassade".
Pourquoi le Portugal ?
Ce n'est pas a priori un territoire stratégique pour le mouvement, qui y compte 15 membres actifs et une cinquantaine de sympathisants, selon la note consultée par l'AFP, alors que l'organisation revendique sur son site internet "plus de 85.000" adeptes dans une centaine de pays. Mais des démarches similaires ont déjà été menées aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, en France, au Pérou et en Israël sans résultats, selon la Miviludes. Le mouvement a donc jeté son dévolu sur le Portugal, où un de ses responsables a récemment vanté les vertus d'un peuple "accueillant et pacifique".
Sollicité par l'AFP pour commenter son projet et la réponse des autorités portugaises, le mouvement raëlien n'a pas donné suite. Raël, qui se présente comme le "messager" d'une "religion athée", est adepte du clonage, de la "méditation sensuelle" et du "polyamour". Son mouvement est dans le collimateur des organisations anti-sectes pour ses exigences financières et sa logique de rupture sociale. En juin, le gourou a ajouté le polémiste controversé Dieudonné à une liste de "guides honoraires" sur laquelle figurent quelque 80 noms, souvent à leur corps défendant, comme l'écrivain Michel Houellebecq et le philosophe Michel Onfray.