Pour beaucoup, les syndicats et les partis de gauche, qui estimaient que le coût très élevé de la vie en Suisse justifiait ce montant, ont pris une véritable "gifle".
Par 76,3% des voix, le peuple a littéralement balayé l'introduction de ce salaire minimum unique de 22 francs suisses de l'heure (18 euros), soit environ 4.000 francs suisses bruts (3.300 euros) pour 42 heures hebdomadaires (100%). Les 26 cantons de la Confédération se sont opposés au projet.
Ce salaire minimum aurait été le plus élevé au monde: il est de 9,43 euros en France, de 5,05 euros en Espagne et sera en Allemagne de 8,50 euros à partir de 2015.
S'il avait été accepté, il y aurait eu un risque de "suppression de places de travail" et "les personnes moins qualifiées auraient sans aucun doute rencontré plus de difficultés pour (trouver) un emploi", a commenté le ministre de l'Economie, Johann Schneider-Ammann, lors d'une conférence de presse. Paysans, petits artisans et organisations patronales se sont aussi félicités de l'issue du vote.
Chez les syndicats, qui s'attendaient à un résultat négatif, l'ambiance est loin d'être au désespoir. "Le résultat est très clair, décevant, nous ne nous attendions pas à un résultat négatif de cette ampleur. Mais je ne parlerais pas de gifle car on a certes perdu le vote mais (...) on n'a jamais vu en Suisse autant d'entreprises augmenter les salaires à 4.000 francs suisses que durant ces derniers mois", comme Aldi, Lidl, H&M, Bata & Co, a déclaré à l'AFP Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia à Genève.
"A chaque fois qu'il y a des votations sur le marché du travail, on les perd massivement. Les opposants brandissent la menace du chômage. En Suisse, cela parle aux gens car il n'y a aucune protection contre le licenciement", contrairement à d'autres pays comme la France, a-t-il toutefois déploré.
Opposés à ce projet, la droite, les milieux agricoles, le Parlement et le gouvernement avaient en effet affirmé qu'un salaire minimum unique constituait un danger pour l'emploi, soulignant qu'il existe déjà en Suisse des salaires minimum dans certaines branches professionnelles.
Du coup, une grande partie de la population craignait qu'un tel salaire ne favorise une hausse du chômage, presque inexistant en Suisse (3,2% de la population active en avril).
(Source AFP)