Son entrée dans l'arène électorale est grave et sobre: une "lettre aux Français" de trois pages publiée sur les sites des journaux de la presse régionale. Ni image ni vidéo ne l'accompagnent. Emmanuel Macron lancera sa campagne sur le terrain dès lundi avec un premier déplacement envisagé, sur le thème de l'éducation, a-t-on appris auprès de son équipe de campagne...
Mobilisé par le conflit russo-ukrainien, le chef de l'Etat aura donc attendu le dernier moment pour officialiser sa candidature, que les candidats doivent formaliser avant vendredi 18h.
"Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière", explique-t-il dans la lettre. "Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent", ajoute-t-il.
Il prévient toutefois qu'il ne pourra pas "mener campagne comme il l'aurait souhaité en raison du contexte" international, qui mobilise l'essentiel de son temps depuis une quinzaine de jours.
A 38 jours du premier tour du 10 avril, quel visage prendra sa campagne, qui s'annonce comme l'une des plus courtes de la cinquième République ? Emmanuel Macron ne donne pas d'indication sur le nombre de ses meetings ou de ses interventions médiatiques. Mais il annonce que, "avec clarté et engagement", il expliquera "notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d'entre vous". Dans sa lettre, où il utilise davantage le "nous" que le "je", le chef de l'Etat qui avait été élu à l'âge de 39 ans en 2017, reconnaît que son quinquennat a été secoué par une succession "d'épreuves": "terrorisme, pandémie, retour de la violence, guerre en Europe". "Rarement, la France a été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité", souligne-t-il.
"Nous n'avons pas tout réussi. Il est des choix qu'avec l'expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment", ajoute ce président souvent accusé d'arrogance et de déconnexion par une partie des Français.
En position de favori
Plus que jamais, Emmanuel Macron se présente comme le candidat du camp progressiste. Car, dit-il, "ne nous trompons pas: nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie". "L'enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance", lance-t-il, dans une allusion aux candidats d'extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour. Face à eux, Emmanuel Macron entame sa campagne en position de favori. Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, il a gagné plusieurs points dans les intentions de vote, les sondages le donnant à 27-28 %, soit une dizaine de points devant Marine Le Pen (RN), qui creuse l'écart avec Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête !).
S'il sort gagnant au soir du second tour, le 24 avril, il aura réalisé un pari jamais réalisé dans l'Histoire de la Ve République: être réélu au suffrage universel direct sans sortir d'une période de cohabitation, comme l'avaient fait François Mitterrand et Jacques Chirac.
Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron donne quelques pistes sur son programme, qui apparaît fidèle aux principes qu'il a défendus depuis 2017. Sur le plan économique, il affirme qu'il "nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production".
Il indique par ailleurs vouloir donner "la priorité à l'école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés" et vouloir également "préserver et même améliorer le modèle social" français.
Autre ambition affichée: "Placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l'agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur". Emmanuel Macron souhaite en outre que la France devienne "une grande Nation écologique, qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon".
(Avec AFP)