Pour Emmanuel Macron, la loi sur l'immigration est "un bouclier qui nous manquait"

Publié le 21/12/2023 - 10:13
Mis à jour le 21/12/2023 - 09:43

Emmanuel Macron a vigoureusement défendu mercredi 20 décembre 2023 la loi controversée sur l'immigration, comme "un bouclier qui nous manquait", malgré les critiques et les vives divisions qui secouent son camp, rejetant également les accusations de compromission avec l'extrême droite.

Emmanuel Macron mercredi 20 décembre 2023. © C à Vous / France 5
Emmanuel Macron mercredi 20 décembre 2023. © C à Vous / France 5

"Que ça heurte certains parlementaires, que ça heurte des ministres, que ça vous bouscule, c'est légitime", a estimé le chef de l'Etat, invité de l'émission C à Vous sur France 5 en direct de l'Elysée. Il a ainsi dit "respecter" la démission de son ministre de la Santé Aurélien Rousseau, en désaccord avec le texte adopté mardi soir dans la douleur à l'issue d'un compromis avec la droite adoubé à la dernière minute par le Rassemblement national.

Des dizaines de voix de députés macronistes ont manqué à l'appel, et le RN de Marine Le Pen a revendiqué "une victoire idéologique" sur une de ses antiennes historiques, la préférence nationale.De leur côté, 32 départements de gauche ont annoncé qu'ils n'appliqueraient pas une mesure de la loi jugée "injuste" et "inefficace" qui vise à durcir les conditions de versement aux étrangers de l'Allocation personnalisée d'autonomie.

"Ce n'est pas vrai" que le texte comporte "des dispositions qui sont de nature Rassemblement national", a rétorqué Emmanuel Macron à la télévision, assurant qu'il constituait même "une défaite" pour le parti d'extrême droite car il prévoit des régularisations de sans-papiers.S'il a reconnu que certaines mesures ne le faisaient pas "sauter au plafond", comme la caution demandée aux étudiants étrangers qui n'est "pas une bonne idée", il a assuré qu'elles ne "justifiaient pas de tout bloquer".

Il a ainsi expliqué que la loi visait "très clairement" à décourager l'immigration clandestine qui est selon lui un "problème" en France, même s'il a rejeté l'idée que le pays serait "dépassé par l'immigration".

Le président a semblé vouloir faire de son texte controversé une arme contre l'extrême droite, estimant que pour "mieux protéger le pays" il fallait parfois avoir recours à "des choses qui peuvent choquer des gens" mais "qui à mes yeux sont efficaces".

Pour éviter que le RN arrive au pouvoir, il "faut traiter les problèmes qui le nourrissent" et "montrer qu'il y a une réponse dans le champ républicain conforme à nos valeurs", a-t-il plaidé, ajoutant qu'il comptait continuer à agir dans les trois ans et demi de mandat qui lui restent.

Dès mercredi matin, l'exécutif était monté au créneau pour tenter de tourner la page de la journée cauchemardesque de la veille, épilogue de 18 mois de revirements et rebondissements.

"Il n'y a pas de crise dans la majorité", a assuré la Première ministre Élisabeth Borne sur France Inter. "Il n'y a pas de mouvement de fronde ministérielle", a aussi relativisé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran après un Conseil des ministres marqué par l'absence d'Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d'Élisabeth Borne à Matignon.

Faire "bloc"

L'attitude de plusieurs ministres de l'aile gauche de la macronie, dont certains avaient mis leur démission dans la balance mardi, était particulièrement scrutée. Celui des Transports Clément Beaune s'est fait interpeller par la gauche dénonçant une "trahison" lors d'une séance du conseil régional d'Ile-de-France. Il a simplement indiqué qu'il aurait "l'occasion de parler".

Conformité que la Première ministre a elle-même reconnue fragile. Le texte "sera amené à évoluer", a-t-elle expliqué, n'excluant pas de "revenir" aussi sur certaines dispositions comme les aides personnalisées au logement, qui ont cristallisé les derniers débats. Des déclarations qui jettent un doute sur la détermination du chef de l’État à appliquer le texte, estime le patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, l'un des artisans de l'accord avec le gouvernement sur la loi. Il a appelé le chef de l'Etat à "respecter le choix des parlementaires".

"Le Conseil constitutionnel n'est pas la lessiveuse des consciences", a réagi le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Sur le même terrain, l'ex-président François Hollande a estimé qu'Emmanuel Macron et son gouvernement avaient "pris" les "idées" de l'extrême droite.

Elisabeth Borne a aussi assuré que l'Aide médicale d’État (AME) pour les étrangers sans papiers ne serait "pas supprimée", même si elle s'est engagée auprès de la droite à la réformer début 2024.

Plusieurs figures de la majorité ne cachaient pas mercredi leur gêne, accentuée par le ralliement de Marine Le Pen à ce texte qui a pour but de faciliter les expulsions de migrants illégaux et de rendre moins attractif pour les étrangers le système de protection sociale français.

Le président de la commission des lois Sacha Houlié, qui a voté contre, a dit avoir "un peu la gueule de bois". La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a admis qu'elle "n'aurait pas rédigé 100% du texte" et que "la majorité vivait un moment plutôt douloureux".

Au contraire, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, l'un des favoris pour la présidentielle de 2027 et tenant de l'aile droite de la macronie, a salué "un compromis entre la majorité et LR" qui "crée des instruments dont nous avons besoin".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Effondrement rue de Vesoul : Laurent Croizier demande la mise en place “d’un mécanisme d’aide financière pour les commerces en difficultés”

Suite à l’effondrement de la chaussée survenu le 25 février dernier rue de Vesoul à Besançon, le député du Doubs alerte ce mois de mai 2024 sur l’avenir des commerces. A ce titre, il demande qu’une aide soit mise en place…

La ministre Fadila Khattabi se rendra au Breuil et à Chalon-sur-Saône ce vendredi 17 mai

Fadila Khattabi, ministre chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, sera, ce vendredi 17 mai 2024, en visite en Saône-et-Loire, pour visiter l’ESAT du Breuil, faire une déambulation dans le centre-ville de Chalon-sur-Saône, participer à une table ronde sur le Fonds territorial d’accessibilité et assister à un match de playoff de basket fauteuil.

Européennes : le ministre Jean-Noël Barrot sera présent à Belfort ce vendredi 17 mai

Dans le cadre des élections européennes, Christophe Grudler, député européen et candidat sur la liste ''Besoin d'Europe'' a invité Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l'Europe pour une réunion publique qui se tiendra à Belfort le vendredi 17 mai 2024 à partir de 18h30 à la Maison du Peuple.

Élections européennes : les candidats invités à débattre sur les questions agricoles dans une ferme du Jura

Dans le cadre des prochaines élections européennes qui auront lieu le 9 juin 2024, les Jeunes agriculteurs de la région Bourgogne-Franche-Comté et la FRSEA invitent les candidats à débattre de leur programme autour des questions agricoles au sein d’une exploitation située à Saint-Baraing. 

Demande de protection fonctionnelle à Anne Vignot lors du prochain conseil municipal

Durant le prochain conseil municipal qui aura lieu jeudi 16 mai 2024, les élus seront amenés à délibérer sur l'octroi de la protection fonctionnelle à la Maire de Besançon suite aux propos violents et menaçants reçus personnellement sur les réseaux sociaux à la suite de son dépôt de plainte contre l’action du collectif Némésis menée durant le carnaval de Besançon le 7 avril dernier. 

Anne Vignot sur les relations entre Besançon et Dijon : ”On n’est pas des copains, mais…” 

EXCLUSIVITÉ • Lors de l’inauguration de l’exposition Made in Germany au musée des Beaux-Arts de Besançon le 3 mai dernier, c’était la première fois que l’on voyait les maires de Besançon et Dijon réunis dans un même projet, voire complices, avec des discours positifs et élogieux l’un envers l’autre. On le sait, les relations entre les maires de Besançon et de Dijon n’ont jamais été particulièrement au beau fixe, alors qu’en est-il dans les coulisses ? Les élu(e)s d'une région doivent-ils forcément s'entendre et collaborer ? On a rencontré Anne Vignot pour en parler...

Remplacer la place de la Révolution par la place Charles Quint : la proposition du MFC rejetée

Fin 2023, la Ville de Besançon a mis en place des ”Ateliers citoyens” permettant aux Bisontin(e)s de faire des propositions sur tout sujet concernant la vie locale. Celles ayant obtenu le plus de suffrages, lors d'un vote en ligne du 15 mai au 5 juin, feront alors l'objet d'un vote en conseil municipal. Mais la proposition du Mouvement Franche-Comté est jugée irrecevable.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 17.51
nuageux
le 20/05 à 9h00
Vent
2.15 m/s
Pression
1010 hPa
Humidité
75 %