Prisons : nouveaux blocages en attendant la reprise des négociations

Publié le 23/01/2018 - 09:58
Mis à jour le 23/01/2018 - 21:50

Au neuvième jour du plus grand mouvement de blocage des prisons depuis vingt-cinq ans, les syndicats de surveillants continuaient ce mardi 23 janvier 2018 à mettre la pression sur la garde des Sceaux, avec laquelle ils doivent de nouveau négocier dans la journée. Hier, la maison d’arrêt de Besançon était bloquée par une soixantaine de surveillants pénitentiaires bisontins.

 ©
©

Vers 8h30, plus quelque 150 de grévistes tenaient un piquet de grève avec barricades et palettes pour réclamer plus de sécurité, d'emploi et de meilleurs salaires devant l'entrée de Fleury-Mérogis (Essonne), plus grande prison d'Europe avec plus de 4.300 détenus, a constaté un journaliste de l'AFP."Le mouvement ne faiblit pas, on continue la mobilisation, on espère des réponses rapides du gouvernement", a affirmé Alexandre Caby, délégué local Ufap-Unsa.

Les mobilisations ont repris dès le début de la matinée, de la région parisienne (Poissy, Versailles, Bois d'Arcy, Nanterre, Versailles) au sud-est (Marseille, Tarascon, Grasse, Béziers) en passant par l'ouest (Nantes, Rennes, Le Havre, Rouen, Brest...), le centre (Saint-Maur, Châteauroux, Bourges et Saran) et le sud-ouest (Gradignan et Bayonne), selon des sources syndicales et correspondants de l'AFP.

Mardi à 7H30, les surveillants refusaient de prendre leur service dans 12 établissements tandis que des barrages bloquaient l'entrée des personnels dans 49 prisons, selon un premier décompte de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP).

  • Les quelque 28.000 gardiens de prison jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée alors que les prisons souffrent d'une surpopulation chronique. Ces préoccupations seront au coeur des discussions que Nicole Belloubet mènera avec les principaux syndicats de la pénitentiaire (Ufap, FO et CGT) à partir de 14h00 à la Chancellerie.

Après l'échec de premières négociations samedi, la ministre s'est personnellement investie pour éteindre cette vaste mobilisation, déclenchée par l'agression de surveillants dans la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) le 11 janvier et attisée, depuis, par une série d'autres incidents violents. "Je sais la difficulté de leur métier", a répété la ministre dans la matinée sur France 2, en reconnaissant que les gardiens de prison ont notamment affaire à "une population (de détenus) plus violente" qu'avant.

Le gouvernement souhaite "mettre fin à ce conflit au plus vite car il en va de la sécurité" dans les prisons, a-t-elle souligné, en appelant à "la responsabilité des organisations syndicales". "Nous travaillons à de nouvelles propositions", a ajouté la ministre, au lendemain d'une première rencontre infructueuse avec les syndicats.

Lundi, 130 des 188 prisons françaises avaient été touchées à des degrés divers par le mouvement, selon la DAP.

"Simples porte-clés"

Les syndicats attendent plus d'engagements du gouvernement, notamment sur la question sensible des détenus islamistes et sur l'emploi. Samedi, les personnels avaient rejeté un projet gouvernemental qui prévoyait la création de 1.100 postes sur quatre ans. 

"Il n'y a absolument rien de concret", a de son côté estimé David Besson, secrétaire général adjoint de l'Ufap-Unsa Justice (majoritaire). Le syndicat FO a, lui, appelé à "amplifier" le mouvement, appelant les gardiens à refuser de reprendre leur travail en "déposant" les clés.

Dans la prison corse de Borgo, théâtre d'une violente agression de deux gardiens vendredi, les surveillants ont ainsi refusé de reprendre leur poste. En leur absence, les gendarmes continueront de gérer la prison. "On ne veut plus être considérés comme de simples porte-clés", résume Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire.

Mme Belloubet promet que les négociations porteront non seulement sur "les créations d'emplois", "la sécurité des personnels" mais aussi sur "la question indemnitaire", une revendication des syndicats qui n'avait pas été abordée lors des précédentes réunions.  La ministre a toutefois semblé fermer la porte à une revalorisation statutaire et salariale défendue par les syndicats FO et CGT.

Sur l'emploi, elle a également affirmé ne "pas être certaine" de pouvoir aller au-delà des 1.100 créations de postes déjà promises. Elle dit également vouloir travailler pour rendre la profession plus attractive pour les jeunes.

Sur le terrain, la mobilisation s'accompagnait parfois de quelques remous. Lundi, dans quatre établissements, des détenus ont momentanément refusé de regagner leurs cellules, notamment à Pau. Deux nouvelles agressions de gardiens ont par ailleurs eu lieu dimanche à Longuenesse (Pas-de-Calais) et Châteauroux (Indre). Des manifestations avaient aussi vu le jour sur l'ensemble de la Franche-Comté comme à Lons-le-Saunier, Belfort, Montbéliard et Vesoul. 

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Social

Adoption de la loi Duplomb : la FRSEA Bourgogne Franche-Comté s’en réjouit

Adoptée le 8 juillet à l’Assemblée nationale, la loi Duplomb prévoit plusieurs mesures destinées à simplifier certaines démarches administratives pour les agriculteurs et autorise l’utilisation de produits phytosanitaires tels que les néocotinoïdes, comme c’est le cas au niveau européen. Dans un communiqué du 11 juillet, la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de Bourgogne Franche-Comté assure que cette loi est ”un premier pas vers moins de contraintes pour les agriculteurs.”

Grève : les salariés de France 3 Franche-Comté dénoncent le projet de réforme de l’audiovisuel public

En grève depuis le 30 juin 2025, jour de l’examen du projet de loi par l’Assemblée nationale, les salariés de France 3 Franche-Comté réaffirment leur opposition à la création d’une holding France Médias dans un communiqué du 9 juillet 2025. 

Difficultés de fonctionnement : des associations familiales du Doubs tirent la sonnette d’alarme

Ce 2 juillet 2025, l’Union départementale des associations familiales (Udaf) du Doubs a émis un communiqué, au nom des associations familiales du territoire, faisant part de ses inquiétudes face aux difficultés qui pèsent sur le bon déroulement des actions sociales. Elle appelle la ministre chargée de la vie associative, ainsi que les parlementaires et les maires du département, à une réaction "urgente".

Grève des pharmaciens : l’ARS réquisitionne des pharmacies grévistes pour assurer la continuité du service d’urgence

Face au mouvement de grève des gardes engagé par les pharmaciens d’officine, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté se mobilise pour garantir l’accès aux médicaments en situation d’urgence sur l’ensemble du territoire régional, a-t-on appris ce vendredi 4 juillet.

”Bonjour la santé” à Besançon : un théâtre forum primé et salué par les professionnels de santé

Présenté le 2 juillet 2025 à la séance plénière de la Conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA) à Besançon, le projet ”Bonjour la santé” a suscité l’intérêt des acteurs régionaux de la santé. Ce théâtre forum, fruit d’un travail collectif avec les habitants du quartier des Clairs-Soleils, a reçu le 1er prix du concours Droits des usagers en Bourgogne-Franche-Comté, une reconnaissance forte pour cette initiative locale.

FO réagit à la démission de Marie-Guite Dufay : un bilan jugé “néfaste pour les agents”

Une semaine après l’annonce du départ de Marie-Guite Dufay de la présidence de la Région Bourgogne-Franche-Comté dans un courrier le 20 juin 2025 Force ouvrière du Conseil régional de Franche-Comté réagit dans un communiqué. Si le syndicat dit ”respecter ce choix personnel”, il dresse également un bilan sévère de son action en tant qu’employeuse.

Les agents de GRDF en grève : une mobilisation contre l’austérité et les suppressions d’emplois en Franche-Comté

À l’initiative des organisations syndicales de GRDF, une journée de grève nationale est prévue ce jeudi 26 juin 2025, dans la continuité du mouvement du 12 juin qui avait mobilisé plus de 20 % des agents à travers toutes les régions. Le mot d’ordre est le suivant : lutter contre la politique d’austérité, les réorganisations à répétition et les suppressions de postes.

Crèches de la branche de l’aide à domicile : 1.600 places menacées de fermeture

Dans un communiqué du 19 juin 2025, l’USB Domicile alerte sur l’avenir de près de 1.600 places d’accueil en crèche gérées par la branche de l’aide, de l’accompagnement, des soins et des services à domicile en France (CCN BAD - IDCC 2941). En cause : leur exclusion du bonus "attractivité", un dispositif public visant à soutenir les revalorisations salariales dans le secteur de la petite enfance.

Séjours pour mineurs isolés : le collectif Loue Solidaire lance un financement participatif

Au cours de cet été 2025, le collectif Loue Solidaire souhaite organiser des séjours à la campagne à destination des jeunes isolés de Besançon. L’association a cependant besoin d’aide financière pour mener à bien ce projet, c’est pourquoi elle lance un financement participatif.

Mobilisation dans le secteur social en Franche-Comté : les syndicats dénoncent un abandon des négociations par les employeurs

Les tensions s’intensifient dans le secteur social et médico-social. Alors que les négociations pour une Convention collective unique étendue (CCUE) sont au point mort, les syndicats, notamment la CGT, dénoncent le retrait des employeurs des discussions nationales. Des mobilisations sont prévues ce 19 juin 2025 dans toute la région Bourgogne Franche-Comté, avec des actions ciblées dans les établissements, dont l’Association d’Hygiène Sociale de Franche-Comté (AHSFC).

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 27.1
légère pluie
le 13/07 à 12h00
Vent
3.44 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
58 %