RSA jeunes : les conseils généraux socialistes dénoncent les modalités d'application

Publié le 06/09/2010 - 15:46
Mis à jour le 06/09/2010 - 15:46

Les trois présidents socialistes des conseils généraux du Doubs, du Territoire de Belfort et de Haute-Saône ont fait savoir au gouvernement que « le RSA jeunes n’est pas à la hauteur de l’enjeu ». Ils dénoncent notamment le fait que pour en bénéficier un jeune doit avoir travaillé au moins deux années cumulées à temps plein lors des trois dernières années.

Le communiqué signé par Claude Jeannerot (25), Yves Ackermann (90) et Yves Krattinger (70):

« Présenté comme une mesure phare du plan « Agir pour la Jeunesse », porté par le président de la République, le « RSA-Jeunes » relève plus, une fois encore,d’un effet d’affichage que d’un vrai service rendu à la jeunesse de notre pays.

Annoncé pour le 1er septembre, cette extension du RSA aux moins de 25 anspartait pourtant d’une bonne intention : favoriser leur insertion dans la vie active en atténuant les difficultés de transition entre des petits contrats de travail. Quoi de plus dévastateur en effet que d’accéder à une indépendance grâce à un travail et de devoir revenir en arrière quand celui-ci s’arrête ? Le RSA devrait leurpermettre, par exemple, de se maintenir dans un logement autonome le temps de retrouver un nouvel emploi.

Mais les conditions d’accès au « RSA jeunes », telles que définies dans lesdécrets d’applications qui viennent d’être publiés, sont extrêmement limitatives et contraignantes. Il faudra par exemple avoir travaillé au moins deux années cumulées à temps plein lors des trois dernières années pour y avoir accès.

Imposer cela est non seulement une façon d’exclure la quasi-totalité des jeunes concernés mais révèle aussi une profonde méconnaissance, voire un mépris, des grandes difficultés que rencontrent les jeunes aujourd’hui pour accéder à un travail stable, à un revenu pérenne et à une autonomie.

Ces difficultés concernent bien sûr les jeunes « décrocheurs » en échec scolaire ou social. Elles concernent aussi de très nombreux jeunes diplômés. En réalité, seulement 5 % des moins de 26 ans rentrent désormais sur le marché du travail avec un contrat à durée indéterminée. Les stages et petits contrats sont la règle.

Dans ces conditions, imposer deux années de travail pour accéder au RSA revient de fait à ne s’adresser qu’à ceux qui ont le plus de chance de retrouver un emploi.

L’enjeu de l’avenir professionnel de la jeunesse est beaucoup trop grave pour laisser penser que le « RSA jeunes » est une solution. Très partiel, très restrictif, il n’aidera qu’une infime minorité.

Toutes les personnes qui éprouvent de grandes difficultés pour trouver uneplace, un contrat, un stage, un apprentissage ne seront pas concernées. Pire, le message adressé donnera un sentiment d’injustice en excluant d’office tous ceux qui n’ont pas travaillé au moins deux ans à temps complet.

En plein débat sur les retraites, cette question de l’entrée dans le monde du travail devrait être associée à celle de sa sortie. Car si la perspective de sortie s’éloigne pour les seniors, la porte d’entrée est de plus en plus lointaine et complexe pour les jeunes. C’est ainsi une forme de crispation et d’immobilisme qui s’installe, entre ceux qui pourraient laisser leur place et ceux qui désirent accéder au monde du travail.

Enfin la question financière doit être clairement posée, car il faut rappeler que l’Etat ne s’est toujours pas acquitté des sommes dues aux Conseils généraux au titre de la compensation du RMI puis du RSA (soit un montant cumulé de 20M€ depuis 2004 dans le Territoire de Belfort, de 63 M€ pour le Doubs, 16,5 M€ pour la Haute-Saône). Cette situation pourrait se présenter à nouveau avec le « RSA jeunes », d’autant plus que le Ministre tarde à préciser les modalités de compensation pour cette nouvelle allocation après 2011. Il n’est pas question qu’une fois de plus, ce qui relève de la solidarité nationale pèse sur les collectivités locales.

Cependant, nos inquiétudes ne s’arrêtent pas là puisque le « RSA jeunes » prévoit également un dispositif d’accompagnement social et professionnel. Celui-ci devra être mis en oeuvre avec les moyens humains et matériels des Conseils généraux et il représentera nécessairement un surcoût dans nos budgets de fonctionnement, que l’Etat ne compense pas.

Non, le « RSA jeunes », réduit comme peau de chagrin, n’est pas à la hauteur del’enjeu pour une jeunesse qui a pourtant bien besoin d’être soutenue et encouragée ».

 

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