Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier ce procès "hors normes" qui s’est ouvert ce lundi à Besançon. L’accusé, Frédéric Péchier est arrivé par l’entrée principale du palais de justice peu après 9h, sans escorte et en compagnie de son avocat maître Schwerdorffer. Si son état de santé posait question quelques semaines avant son procès, laissant entendre qu’il ne pourrait peut-être pas y assister, il n’en est rien ce lundi 8 septembre. De sa carrure imposante, l’homme est même venu à pied depuis Granvelle. Stoïque, l’ex-anesthésiste n’a rien laissé paraître et est entré sans un mot dans la salle du parlement où il y sera jugé durant trois mois pour 30 faits d’empoisonnement dont 12 ayant entraîné la mort entre 2008 et 2017.
"Vous êtes prêt pour ce procès historique ? Ça va être haut en couleur !" a lancé, dès son entrée aux journalistes présents, maître Frédéric Douchez, l’avocat de la clinique Saint-Vincent. Huit ans après l’ouverture de l’enquête en 2017 et un an après la mise en accusation officielle de Frédéric Péchier, c’est désormais l’heure de ce procès fleuve où 156 personnes se sont constituées parties civiles. 270 journalistes, venus du monde entier, se sont accrédités pour couvrir ce procès qui s’annonce titanesque au regard du nombre de victimes (30) et de témoins (155) et d’experts (15) appelés à comparaître.

La salle du Parlement du palais de justice de Besançon a été spécifiquement aménagée pour accueillir le déroulement du procès. D’une capacité de 191 places, elle ne permettra cependant pas d’accueillir toutes les personnes désireuses d’assister à ce premier jour de procès même si une salle de retransmission supplémentaire d’une trentaine de places a également été installée pour l’occasion.
La disposition fait que l’accusé se trouve assis à quelques mètres à peine du pupitre où viendront prendre place tous les témoins appelés à la barre. Au premier rang, la fille de Frédéric Péchier est présente en début de procès avec, derrière elle, son frère, fils du médecin.
10h10. D’une voix faible et peu assurée, le docteur Péchier répond aux questions de la présidente Thieberge qui lui demande de décliner son identité et d’indiquer son adresse actuelle. À la question "Situation familiale ?", l’accusé répond simplement "divorcé". La présidente lui demande également de confirmer le désistement de son avocat Maître Esteve qui semble avoir fait part de son désistement "par voie de presse" mais sans en avoir fait part à l’huissier de séance. Frédéric Péchier confirme. Sa soeur, Julie Péchier, fait partie des avocats de la défense.
S’en suit le tirage au sort des jurés. Plusieurs jurés dont des professionnels de santé sont notamment récusés par la défense. Une décision qui semble surprendre les avocats de la défense. Le docteur qui crie son innocence depuis le début, craindrait-il d’être désavoué par des membres du corps médical ? Le procédé a en tout cas fait sourire quelques avocats des parties civiles.
Renouvellement de constitution des parties civiles
Après une première suspension d’audience, le procès reprend vers 11h10. La présidente laisse la parole aux avocats des parties civiles qui égrènent tour à tour les noms des personnes qu’ils représentent, ils sont 156 au total.
Les témoins appelés à comparaître durant le procès sont à leur tour appelés à la barre par la présidente afin de vérifier leurs dates de témoignage durant le procès. Il leur est également rappelé que d’ici leur date de passage, les témoins ne peuvent assister à l’audience.
Parmi les témoins cités, plusieurs d’entre eux manquaient à l’appel ce lundi. La première étant actuellement hospitalisée mais considérée comme un "témoin clé" par le ministère public car occupant "un poste clé à la clinique Saint-Vincent", il est demandé par les deux parties à ce qu’elle puisse être entendue à un autre moment. Concernant le deuxième témoin, il s’agirait d’un docteur à qui il sera rappelé que son témoignage est "une obligation légale et pas une option" a rappelé la présidente.
Des recherches devront également être menées pour tenter de retrouver une infirmière en salle d’accueil "car il nous paraît important qu’elle soit entendue", a précisé les avocates générales. Même demande pour maître Schwerdorffer concernant un expert absent mais qui a mené "une contre-expertise controversée mais pas annulée". Pour la défense, ce témoignage est également jugé "indispensable".
Parmi les appelés, trois témoins sont de la famille Péchier dont le père de l’anesthésiste. Nathalie Péchier, qui a toujours défendu son mari lors de la procédure, sera elle aussi convoquée lors du procès. À la différence près qu’elle est aujourd’hui divorcée du docteur. À 13h, la séance est suspendue pour permettre une pause déjeuner et reprend à 14h.