Violences sexuelles : adoption définitive en vue d'un texte de protection des mineurs

Publié le 15/04/2021 - 08:26
Mis à jour le 15/04/2021 - 08:26

Le Parlement s’apprête à valider ce jeudi 15 avril 2021 la proposition de loi contre les violences sexuelles sur les mineurs, ouvrant un nouveau chapitre dans ce combat en fixant notamment à 15 ans le seuil de consentement – 18 ans en cas d’inceste.

Assemblée nationale © D Poirier
Assemblée nationale © D Poirier

"En dessous de 15 ans, c'est non; l'inceste, c'est non", résume la rapporteure de la proposition de loi au Palais Bourbon, la députée Alexandra Louis (LREM), trois ans après la loi Schiappa qui avait déjà renforcé la répression.

Dans un climat marqué par des affaires retentissantes et un recul du tabou qui entoure souvent ces actes, parlementaires et gouvernement s'étaient engagés à durcir au plus vite la législation. Quatre mois après son dépôt par les centristes au Sénat, le texte déjà approuvé par la chambre haute revient devant les députés, qui s'apprêtent à le ratifier au nom du Parlement après une ultime lecture.

Pour le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, attendu dans l'hémicycle, le message est on ne peut plus "clair": avec cette loi "aucun adulte ne pourra se prévaloir du consentement d'un mineur" en dessous de 15 ans.

  • Pour l'inceste, c'est tolérance zéro s'il est commis sur un mineur de moins de 18 ans par une personne du cercle familial, mais aussi un concubin ou un compagnon pacsé.

Scandales pédophiles à l'école, dans l'Eglise ou en milieu sportif, incestes, prostitution de mineurs ou pédopornographie sur internet témoignent de l'ampleur du problème, en France comme à l'étranger.

Des affaires comme celle du politologue Olivier Duhamel, mis en cause pour des agressions sexuelles sur un beau-fils adolescent - il a reconnu les faits lors de son audition mardi devant les policiers - ont remis ce sujet délicat sur le devant de la scène.

Dépistage et prévention

"La libération de la parole des victimes de crimes sexuels, et notamment des crimes d'inceste" oblige à "ne plus fermer les yeux", fait valoir le ministre de la Justice.

Le texte, qui touche à des notions juridiques complexes tenant aux libertés, au consentement ou la prescription, a fait l'objet de délicats arbitrages. Ainsi une disposition, surnommée "Roméo et Juliette", a été élaborée pour éviter de pénaliser les "amours adolescentes" librement consenties.

Cette clause prévoit que les sanctions ne s'appliquent que si "la différence d'âge entre le majeur et le mineur (de moins de 15 ans, ndlr) est d'au moins cinq ans". La clause ne vaut que pour les relations sincères, pas celles répréhensibles comme la prostitution ou les agressions.

La criminalisation des "amours adolescentes" légitimes "serait une folie", estime la rapporteure Alexandra Louis. Mais cette disposition a fait l'objet de débats acharnés, nombre d'élus souhaitant réduire cet écart d'âge.

La socialiste Isabelle Santiago souligne que "les associations de protection de l'enfance sont vent debout" contre ce qu'elles estiment être un "grave recul qui fragilise la protection des mineurs de 13 et 14 ans", susceptibles d'avoir une relation avec un jeune majeur de 18 ou 19 ans.

Plus consensuelles, d'autres dispositions du texte alourdissent les peines pour les clients ayant recours à des mineurs prostitués. La "sextorsion" - incitation de mineurs à des actes sexuels sur internet - est également dans le collimateur.

La proposition de loi prévoit aussi un mécanisme permettant, suivant certaines modalités, que le délai de prescription de trente ans pour un viol sur un mineur soit prolongé si la même personne viole par la suite un autre enfant.

Les différents passages de ce texte, émanant à l'origine de la sénatrice Annick Billon puis profondément remanié par le gouvernement et les députés, a déjà fait l'objet de votes unanimes des deux chambres, traduisant une volonté sur tous les bancs de s'attaquer à ce mal.

Ce sont des "avancées historiques", selon Eric Dupond-Moretti. Pour Philippe Gosselin (LR), "nous avons abouti à une réponse qui n'est peut-être pas parfaite, mais qui va vraiment dans le bon sens".

En complément de l'arsenal législatif et répressif, le gouvernement s'est engagé derrière Emmanuel Macron à développer des actions de dépistage et de prévention au travers notamment de l'école, afin de mieux repérer et accompagner les jeunes victimes.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Volte-face : les bars de Besançon pourront finalement diffuser les Jeux olympiques de Paris !

EXCLUSIVITÉ • Suite aux polémiques autour de la diffusion des JO sur les terrasses bisontines, nous avons contacté la Ville de Besançon. Abdel Ghezali, premier adjoint en charge des Sports, a affirmé que la mesure interdisant l’installation d’écrans en extérieur serait suspendue dès vendredi 26 juillet 2024, et cela, jusqu’à la fin des épreuves sportives. Cela inclut également les Jeux paralympiques.

Laurent Croizier s’insurge contre l’arrêté interdisant la diffusion des JO sur les terrasses bisontines…

Dans une lettre adressée en date du 24 juillet 2024 à Anne Vignot, la maire de Besançon, le député du Doubs demande à ce que les restaurateurs et cafetiers bisontins puissent installer des écrans sur leur terrasse ou à l’intérieur de leur établissement qui seraient visibles depuis la voie publique…

Macron : pas de nouveau gouvernement avant la fin des JO, appel aux partis à “faire des compromis”

Emmanuel Macron a affirmé mardi 23 juillet 2024 qu'il ne nommerait pas de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques, "mi-août", au nom de la "trêve" qu'il a invoquée, faisant valoir que l'inverse "créerait un désordre" pendant l'événement sportif planétaire organisé à Paris.

L’ancien préfet de Haute-Saône Michel Vilbois limogé pour management “brutal”

Préfet du Tarn depuis seulement 9 mois, Michel Vilbois, ancien préfet de Haute-Saône, sera démis de ses fonctions à compter du lundi 22 juillet. Connu pour sa fermeté face aux manifestations contre l’autoroute A 69 et visé, selon des sources concordantes, par des accusations de management "brutal". Son limogeage intervient environ un mois après un audit mené auprès de ses services par l’Inspection générale de l’administration (IGA), dont les résultats ne sont pas encore connus.

Candidat RN sous curatelle dans le Jura : un recours pour annuler le scrutin législatif

La candidate Nouveau Front populaire dans la 2e circonscription du Jura a déposé un recours mercredi 17 juillet 2024 devant le Conseil constitutionnel pour faire annuler le scrutin législatif qui avait vu la qualification au second tour d'un candidat Rassemblement national sous curatelle, donc théoriquement inéligible.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 27.4
couvert
le 27/07 à 12h00
Vent
2.81 m/s
Pression
1015 hPa
Humidité
55 %