Yaël Braun-Pivet réélue à la tête de l'Assemblée face à une gauche déconfite

Publié le 19/07/2024 - 08:47
Mis à jour le 19/07/2024 - 08:51

Yaël Braun-Pivet retrouve le perchoir: onze jours après les législatives, la présidente sortante de l'Assemblée a été réélue grâce à une entente entre la droite et la macronie, qui souligne le mur auquel se heurte la gauche au Palais Bourbon, et pose peut-être les bases d'une coalition gouvernementale.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Au terme d'une journée "historique" et pleine de suspense, qui a vu affluer plus de 500 journalistes au Palais Bourbon, Mme Braun-Pivet a été élue au troisième tour avec 220 voix contre le candidat de la gauche André Chassaigne (PCF), 207.Sébastien Chenu a quasiment fait le plein des suffrages de son camp avec 141 voix.

La "légalité du scrutin" a aussitôt été remise en cause par LFI, Hadrien Clouet pointant un nombre de ministres démissionnaires ayant voté supérieur à l'écart de voix.

Arrivée troisième au premier tour du scrutin, la députée des Yvelines a bénéficié du report des voix de la candidate Horizons Naïma Moutchou, et surtout du soutien de La Droite républicaine, qui a retiré son candidat Philippe Juvin.

Entre les deuxième et troisième tours, la gauche a retenu son souffle, se reprenant à espérer après le désistement du candidat de Liot Charles de Courson, qui aurait pu lui profiter - en vain.

Après la défaite du camp présidentiel, arrivé deuxième au soir du second tour des législatives, la députée des Yvelines réalise un coup inespéré, grâce au concours d'une droite elle-même affaiblie après la décision solitaire de son président Eric Ciotti de s'allier avec le Rassemblement national.

Le Palais Bourbon bruissait depuis plusieurs jours des rumeurs d'un accord entre la droite et la macronie, La Droite républicaine ayant selon des sources concordantes négocié plusieurs postes clés à l'Assemblée pour prix de son ralliement: au minimum, une vice-présidence dévolue à la députée du Doubs Annie Genevard, la présidence de la commission des finances, censée revenir à Véronique Louwagie, et un des trois postes de la questure.

"On assume totalement de prendre nos responsabilités. Cela veut dire empêcher LFI et ceux qui bordélisent l'Assemblée nationale d'accéder à la présidence de l'Assemblée", expliquait avant le retrait de M. Juvin Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe de La Droite Républicaine.

Pas de "rupture"

"Un coup de force antidémocratique", s'était par avance indignée la présidente des députés insoumis Mathilde Panot.

Un "statu quo" avec Yaël Braun-Pivet serait "irresponsable", avait abondé la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain.Il y a "une volonté de rupture et de changement politique" chez les électeurs, insistait-elle auprès de l'AFP.

En marge du scrutin, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées place de la République à Paris à l'appel notamment de la CGT, "pour mettre l'Assemblée nationale sous surveillance" et demander le "respect" du résultat des élections.

Mais le Nouveau Front populaire s'est trouvé aux prises d'un "tout sauf la gauche", selon le mot d'une source macroniste.

"Envoyer un membre du NFP au perchoir enverrait le signal qu’ils pourraient éventuellement nouer des deals à l’Assemblée.Or, nous nous efforçons depuis dix jours d’expliquer qu’ils ne sont pas en capacité de gouverner, qu’ils n’ont pas de majorité et que ça ne tiendrait pas.Nous n’avons aucun intérêt à envoyer Chassaigne (...) au perchoir", expliquait encore en début d'après-midi le ministre du Logement Guillaume Kasbarian.

L'accord entre la droite et la macronie est-il pour autant l'embryon d'une coalition entre ces deux forces ? La droite récuse être dans cette logique, mais assume selon M. Jeanbrun de vouloir "faire gagner (ses) idées", couchées dans un "pacte législatif" qu'elle propose à la macronie.

"Bingo" pour Wauquiez

"Si nous obtenons des postes à responsabilité sans être (dans) l’exécutif, c’est un peu bingo pour nous.Notre ligne, c’est pas de participation à un gouvernement", assurait jeudi matin un proche de Laurent Wauquiez.

Enferrée depuis le 7 juillet dans des discussions pour s'accorder sur le nom d'un candidat commun pour Matignon, la gauche voit elle s'éloigner la perspective d'accéder au pouvoir, au moins dans l'immédiat.Si la gauche échoue au perchoir, "ce sera plus difficile (pour Matignon) mais rien ne sera joué après", commentait avant l'issue du vote la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Jeudi, Olivier Faure a appelé les troupes de l'alliance de gauche à organiser un vote entre deux personnalités: Huguette Bello, présidente de La Réunion à laquelle s'oppose le PS, et Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat qui n'a pas les faveurs de LFI.

Dans un entretien à l'AFP, cette dernière s'est dite prête à devenir Première ministre, bien décidée à "arracher" des mesures de gauche pour répondre à "l'urgence sociale".

Vendredi, les discussions reprendront pour attribuer les autres postes clés de l'Assemblée, membres du bureau et présidents de commission.

Ces derniers jours, le NFP est revenu à la charge pour appeler à priver l'extrême droite de toutes ces fonctions clés.Le groupe de Marine Le Pen, qui disposait jusqu'ici de deux vice-présidences, crie déjà au déni de démocratie.

Si le groupe présidé par Gabriel Attal affirme ne vouloir voter ni pour un candidat du RN, ni pour un LFI, le MoDem et Horizons sont favorables à une répartition des postes proportionnelle au poids de chaque groupe.

"Un hold-up démocratique"

Réaction à Besançon. Kevin Bertagnoli, adjoint à la maire de Besançon en charge de la démocratie participative, parle d'un "hold-up démocratique que nous vivons ce soir" en expliquant que "l’article 23 de la Constitution interdit d’être à la fois membre du gouvernement et parlementaire. L’article LO153 du code électoral stipule qu'un ministre-député dispose d'un mois pour choisir entre les deux fonctions. Pendant ce délai, "le député-membre du gouvernement ne peut prendre part à aucun scrutin et ne peut percevoir aucune indemnité en tant que parlementaire". De toute évidence, le vote des 17 ministres-députés est ILLÉGAL."

L'élu bisontin ajoute que "On ne sait pas encore, pas assurément, si la situation est anticonstitutionnelle. Mais j’aime à me rappeler qu’à une autre époque, en d’autres temps, sous François Hollande, Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac, l’Elysée n’aurait même pas osé imaginer tenter ce genre de coup."

Selon lui, "Ces méthodes frappent durement et durablement notre confiance démocratique. Il est urgent de construire une nouvelle République ensemble."

(avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Grand Besançon Métropole arrête son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal : que prévoit-il ?

Après 5 ans de travail, Grand Besançon Métropole (GBM) a présenté et arrêté son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) à l’issue de plusieurs années de diagnostic, de concertation et de travail avec les 68 communes du territoire. L’ensemble du dossier, désormais finalisé, doit entrer dans la phase d’enquête publique. Avant cela, il sera soumis au vote du conseil communautaire de GBM jeudi 11 décembre 2025.

Pierre Moscovici défend l’indépendance de la Cour des comptes pour sa dernière audition à l’Assemblée

Le Premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a vigoureusement défendu l'indépendance de celle-ci, "ni pouvoir ni contre-pouvoir", pour sa dernière audition mardi 9 décembre devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, consacrée au pacte Dutreil.

Saint-Vit : un collectif d’habitants prépare une liste citoyenne pour les municipales 2026

Un groupe de Saint-Vitoises et de Saint-Vitois annonce, dans un communiqué du 8 décembre 2025, la constitution d’une liste citoyenne baptisée “Saint-Vit ensemble” pour les élections municipales de 2026. Cette initiative, présentée comme locale et indépendante de tout parti, repose sur une organisation collégiale visant à “construire un projet réellement partagé et représentatif de la diversité de la commune”.

Budget de la Sécu : les députés votent sur le projet de loi ce mardi

C’est ce mardi 9 décembre 2025 que les députés doivent se prononcer sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Lundi, à la veille d'un scrutin qui s'annonce extrêmement serré, le patron du PS Olivier Faure a appelé ses députés à voter pour le projet de budget de la Sécurité sociale, menacé de rejet par les refus de LR et d'Horizons de le soutenir. De son côté, le gouvernement a multiplié les gestes pour tenter de convaincre, notamment les Ecologistes.

Dermatose nodulaire contagieuse : plusieurs élus du Doubs apportent leur “soutien total aux éleveurs de Pouilley-Français et à leur famille”

Plusieurs parlementaires du Doubs, la présidente du Département du Doubs et le président de l'association des maires ruraux du Doubs ont souhaité réagir ce mois de décembre 2025 au sujet au sujet des cas de dermatose nodulaire contagieuse de Pouilley-Français.

Dermatose nodulaire : à Besançon, Genevard appelle à un strict respect du protocole sanitaire

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) pourrait tuer 10% des bovins en France si le strict protocole sanitaire en vigueur n'était pas respecté, a mis en garde samedi 6 décembre 2025 la ministre de l'Agriculture, venue défendre à Besançon le récent abattage d'un troupeau de 83 vaches dans le Doubs.

Dermatose nodulaire : la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rendra ce samedi à Besançon

Pour rappel, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté dans le Doubs le 28 novembre 2025 dans une exploitation de Pouilley-Français. La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est attendue ce samedi 6 décembre 2025 à Besançon pour faire un point sur la situation sanitaire dans le département à la préfecture du Doubs.

Municipale 2026 à Besançon : le syndicat de la filière des musiques actuelles adresse ses questions aux candidats

Dans la perspective des prochaines élections municipales des 15  et 22 mars 2026, le syndicat de la filière des musiques actuelles (SMA) souhaite engager un dialogue avec les diverses formations politiques. C’est pourquoi, il adresse un questionnaire aux candidats à l’élection municipale de Besançon…

83 vaches abattues à Pouilley-Français : LFI dénonce une “stratégie sanitaire dépassée et destructrice”

Suite à la décision du juge des référés du tribunal administratif de Besançon qui a rejeté la requête déposée par le Syndicat des usagers de la justice (SUJ), agissant pour le compte d’un exploitant agricole de Pouilley-Français, 83 vaches ont été abattues ce 2 décembre 2025 en raison d’un cas confirmé de dermatose nodulaire contagieuse. Ce même jour, de nombreux agriculteurs s’étaient réunis pour s’opposer à cette décision. La France Insoumise du Doubs a souhaité réagir.

La Ville de Besançon repense le stationnement en centre-ville pour les professionnels

VIDÉO • Parmi les points à l’ordre du jour du prochain conseil municipal de Besançon qui aura lieu jeudi 4 décembre 2025, les élus auront à se prononcer sur plusieurs sujets, dont celui concernant le stationnement des artisans et des professionnels de santé dans le centre-ville bisontin. 

La Bourgogne–Franche-Comté organise ses premières Assises régionales de l’International

Les premières Assises régionales de l’International se sont tenues le 2 décembre 2025 à Dijon, réunissant plus de 140 participants issus d’entreprises, d’universités, d’associations, de collectivités et de la société civile.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 9.44
couvert
le 11/12 à 18h00
Vent
0.8 m/s
Pression
1022 hPa
Humidité
92 %