Des décisions fortes, notamment sur la réparation des victimes, y compris dans sa dimension financière, sont attendues lundi, lors de la clôture des travaux de la CEF.
La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, a estimé à 330.000 les personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences sexuelles en France depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs (prêtres ou diacres), religieux ou personnes en lien avec l’Eglise (surveillants d’internats, responsables de mouvements de jeunesse etc).
Après avoir reconnu vendredi sa responsabilité dans les crimes sexuels sur mineurs et leur dimension "systémique" ces soixante-dix dernières années, l'épiscopat, réuni en assemblée plénière depuis mardi, a accompli "deux gestes" symboliques.
Un geste mémoriel d'abord: une photo, prise dans une église par une victime, montrant une sculpture représentant une tête d'enfant pleurant, a été dévoilée. Scellée au mur de l'hémicycle dans lequel se réunit l'épiscopat, elle préfigure la construction d'un "lieu de mémoire", décidée en mars par les évêques, mais dont les modalités restent à définir.
"Nous voulons marquer ce lieu de Lourdes pour un premier témoignage visuel qui fera mémoire de tant de violences, de drames et d'agressions", a affirmé Hugues de Woillemont, le porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF).
Petit enfant qui pleure sur un pilier d’église, là où tu devrais chanter, louer, te sentir en paix dans la maison de Dieu. Désormais, nous passerons devant toi en te voyant, en t’écoutant.
Prise de parole de @Mgr_EMB, temps mémoriel du 6 novembre 2021? https://t.co/hh12t3RcNK pic.twitter.com/BfYA34lvbo— Église Catholique (@Eglisecatho) November 6, 2021
Véronique Margron, présidente de la Corref (ordres religieux), a souligné le "malheur" et l"'effondrement" qui ont "fait intrusion dans des existences qui ne demandaient qu'à grandir, vivre, faire confiance".
Second geste: les 120 évêques, qui n'étaient pas vêtus de leurs habits liturgiques à la demande des victimes, les religieux, des prêtres et laïcs ont ensuite participé à une prière de pénitence et demandé, après le tintement lent du glas, "pardon à Dieu" sur l'esplanade de la basilique Notre-Dame du Rosaire.
"Relève les personnes qui souffrent, nous t'en supplions à genoux. Donne-nous de les écouter et de faire ce qu'elles nous demandent", a imploré Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF.
"J'ai vécu ces moments avec beaucoup d'émotion", a déclaré une victime, Véronique Garnier, qui participe régulièrement aux travaux de la CEF. Il était important de "nous rendre justice".
Au contraire, une personne se présentant comme la victime, enfant, d'un prêtre de la congrégation des pères de Bétharram, implantée près de Lourdes, a lui, crié sa "colère". "La repentance, c'est pipeau", a dénoncé Jean-Marie Delbos, 75 ans. Il a réclamé devant la presse, que son prédateur, "revenu dans sa communauté, soit sanctionné et défroqué".
Samedi après-midi, une vingtaine de fidèles, rubans violets attachés au bras ou autour du cou, se sont rassemblés derrière une banderole réclamant "les 4 R", à l'appel du collectif d'associations "De la parole aux actes". "R" comme "reconnaissance", "responsabilité", "réparation" et "réforme".