Grand oral marathon pour Macron devant des maires sans concession

Publié le 16/01/2019 - 08:26
Mis à jour le 16/01/2019 - 08:26

Offensif, ancré sur ses réformes hormis quelques ouvertures, Emmanuel Macron a lancé mardi 15 janvier 2019 le grand débat national par un échange-marathon de près de sept heures avec 653 maires normands, qui témoignaient des « fractures » françaises.

© damien poirier  ©
© damien poirier ©

"Nous pouvons faire du moment que traverse la France une chance", a souhaité le président devant les maires rassemblés dans le gymnase de Grand Bourgtheroulde (Eure), la première d'une dizaine de rencontres qu'il mènera dans toute la France, sa réponse politique à la crise des Gilets Jaunes.

Après avoir promis en arrivant qu'il n'allait "pas parler longtemps, car l'objectif, c'est surtout de vous entendre", le chef de l'Etat a parlé pendant près de 3h30, répondant en détail à des questions pointues, et finissant par échanger des rires avec son auditoire d'abord méfiant.

"J'ai donné mon avis mais je n'ai fermé aucun sujet"

Les maires l'ont longuement applaudi debout à la fin de l'échange, vers 22h10, quand il a prôné "une République de la délibération permanente".

"J'ai donné mon avis mais je n'ai fermé aucun sujet", a-t-il déclaré à l'AFP à la sortie. "J'ai beaucoup donné de faits, la réalité. Et j'ai donné un avis. Je dois me découvrir, avec sincérité", a-t-il dit, en promettant que durant ces deux mois ils rencontrerait aussi de simples citoyens.

Sa première sortie en région depuis un mois se déroulait sous haute sécurité. Aux cris de "Macron démission", une centaine de Gilets Jaunes s'étaient rassemblés à Grand Bourgtheroulde après avoir réussi à contourner les barrages. Les forces de l'ordre ont fait deux fois usage de gaz lacrymogènes pour les contenir et interpellé deux hommes.

Pour la première fois, le chef de l'Etat a nommé publiquement les Gilets Jaunes, ce qu'il avait évité depuis le début de leur mobilisation il y a deux mois.

"Réagir plus fort"

Cette crise est "une chance" pour "réagir plus fort" et continuer à réformer plus profondément, a-t-il plaidé, en se reprochant de ne pas avoir suffisamment impliqué les Français depuis son élection.

A Grand Bourgtheroulde, Emmanuel Macron a écouté les maires énumérer une longue liste des "doléances" de leurs administrés. "La France est malade. Il y a une grande souffrance", a témoigné l'un d'eux.

Et les élus de citer le pouvoir d'achat, la justice fiscale, le niveau des retraites ou l'affaiblissement des services publics en milieu rural. "Toutes ces fractures, on les a devant nous, et d'un seul coup, les choses s'effritent", a reconnu le chef de l'Etat, citant son prédécesseur Jacques Chirac et sa fracture sociale.

Courtois mais insistants, les élus ont suggéré plusieurs réformes: baisser la TVA sur les produits de première nécessité, rendre des compétences aux maires, rendre le vote obligatoire... D'autres en ont profité pour protester contre des normes. "Faites confiance aux maires", ont réclamé les élus, dont plusieurs ont vu dans les Gilets Jaunes l'exemple d'un "réveil démocratique".

Tombant la veste, debout au milieu des maires assis en rond autour de lui, Emmanuel Macron a défendu ses réformes, de la suppression de l'ISF à la hausse de la CSG. Et même la fermeture de la maternité de Bernay, un cas qu'il avait visiblement étudié. "Il est fort", commentaient nombre d'élus à la sortie.

Pour les convaincre, le président de la République a mêlé logique, chiffres et formules choc, parfois émaillées d'argot: "Il ne faut pas raconter de craques, c'est pas parce qu'on rétablira l'ISF que les gilets jaunes iront mieux. C'est de la pipe".

Du côté des ouvertures, il a admis qu'il pouvait y avoir des aménagements au décret limitant la vitesse à 80 km/h et qu’il pourrait rendre aux communes la délivrance de la carte d'identité ou de la carte grise. Il s'est dit aussi prêt à réviser la loi NOTRe sur l'organisation des collectivités, bête noire des maires.

Acte II

Le président s'est également dit d'accord pour "donner une place" aux référendums citoyens - l'une des principales revendications des "gilets jaunes" -- mais "pas sur tous les sujets". Le cas du Brexit "nous dit beaucoup sur ces référendums qui paraissent sympathiques".

"Sa majesté Jupiter étant toujours en train de parler en direct et depuis 15h sur toutes les chaînes d’infos du pays, on patiente en plateau sans être certain que le débat ait lieu...", a tweeté avec agacement vers 22 heures Jean-Luc Melenchon, coincé sur le plateau de CNews.

"Je tirerai des solutions véritables de ce débat car je veux en faire un acte II de mon mandat", a-t-il promis en conclusion.

L'enjeu est crucial pour Emmanuel Macron, qui compte reprendre l'initiative après deux mois de crise. Il aura fort à faire pour convaincre des Français méfiants, qui selon un sondage sont seulement 34% à croire que le débat permettra une sortie de crise.

L'opposition a elle critiqué la petite phrase qu'il a prononcé plus tôt devant le conseil municipal de Gagny (Eure), quand il a déclaré vouloir "responsabiliser" les personnes en situation de pauvreté car "il y en a qui font bien" et d'autres "qui déconnent".

"L'année 2019 débute comme elle s'est achevée. Des débats s'ouvrent mais toujours le même mépris pour les Français !", a dénoncé Valérie Soyer (LR). Olivier Faure, le patron du PS, a jugé "insupportable" cette "façon de jeter en pâture les plus faibles".

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Face aux menaces russes, Emmanuel Macron va présenter un service militaire nouvelle génération

Emmanuel Macron doit présenter jeudi 27 novembre 2025 dans les Alpes un nouveau service militaire volontaire, plus long et nettement plus militarisé que le service national universel (SNU). L’objectif affiché : renforcer les capacités des armées face à la montée des menaces russes et constituer un vivier de jeunes mobilisables en cas de conflit.

La maire de Besançon appelle l’État à renforcer les moyens contre les violences faites aux femmes

À la suite du féminicide récemment survenu à Besançon et d’un quadruple féminicide le même jour en France, la maire de Besançon, Anne Vignot, a adressé le 25 novembre 2025, journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes, un courrier à la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé. Elle y relaie les inquiétudes locales sur la persistance des violences malgré les dispositifs existants.

Protoxyde d’azote : Laurent Croizier tire la sonnette d’alarme

Dans un communiqué du 25 novembre 2025, le député du Doubs a évoqué le "fléau de plus en plus récurrent" concernant l’usage détourné du protoxyde d’azote notamment chez les jeunes et a insisté sur la nécessité de définir un cadre législatif "strict" lors de la réunion d’un groupe parlementaire et d’élus locaux au ministère de l’Intérieur. 

Commission permanente : la Région Bourgogne – Franche-Comté vote 61,2 M€ de financements

Réunis à Besançon vendredi 21 novembre 2025, les élus régionaux ont adopté 61,2 millions d’euros de financements destinés à soutenir l’économie, la transition écologique, la formation, le tourisme et l’attractivité locale. Cette enveloppe vise à "soutenir l’économie, la transition écologique, la formation et l’attractivité des territoires".

Ensemble! valide sa dissolution et acte la création d’une nouvelle dynamique politique avec L’Après

Ensemble!, Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire, a annoncé sa dissolution volontaire à compter du 15 décembre 2025. Cette décision marque l’aboutissement d’un processus engagé de longue date. Pour autant, ses adhérent(e)s n’arrêtent pas leur engagement à cette décision, en rejoignant L’Après. Explications.

Marie-Guite Dufay et Dominique Voynet appellent à “l’union des forces de la gauche et de l’écologie” à Besançon

Municipales 2026 • L’ancienne présidente socialiste de la Région Bourgogne - Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, et la députée écologiste du Doubs, Dominique Voynet, publient une lettre ouverte ce lundi 24 novembre appelant à l’unité de la majorité municipale sortante autour de la maire Anne Vignot (EELV), en vue des prochaines échéances locales. 

Municipale 2026 : la liste Besançon Forte et Solidaire de Jean-Sébastien Leuba “dans une dynamique de construction”

La liste Besançon Forte et Solidaire portée par le candidat socialiste Jean-Sébastien Leuba à la mairie de Besançon a tenu ce vendredi 21 novembre 2025 une conférence de presse dans la capitale comtoise. Parmi les points évoqués, l’apport du Parti radical de gauche, quelques tacles au candidat LR Ludovic Fagaut, un appel aux citoyens désireux de s’investir et des discussions avec Anne Vignot qui semblent toujours en cours. 

Election municipale 2026 : “Nous serons en tête au premier tour des opposants à Besançon” selon le candidat RN Jacques Ricciardetti

Avant son meeting prévu ce 21 novembre 2025 à Besançon, Jacques Ricciardetti, candidat à l’élection municipale de Besançon pour le Rassemblement National a tenu une conférence de presse aux côtés de ses trois premiers colistiers, Anaïs Vial, responsable du RNJ sur circonscription 1 et 2 du Doubs, Thomas Lutz, conseiller régional RN et Géraldine Grangier, députée RN du Doubs.

Municipales 2026 à Besançon : Séverine Véziès lance officiellement sa campagne sous le slogan ”Faire mieux pour Besançon”

La candidate de La France insoumise (LFI) a lancé ce vendredi 21 novembre sa campagne pour les élections municipales de 2025 lors d’une conférence de presse organisée au Bodega, au cœur du quartier Battant à Besançon. Séverine Véziès a été officialisée comme tête de liste d’une ”union populaire”, accompagnée de son co-chef de file, Martin Meilhon et de citoyens engagés avec la candidate.

Déforestation : Dominique Voynet et Marie Pochon appellent l’UE à “ne pas céder aux lobbies”

Deux députées du groupe Écologiste et Social, Dominique Voynet (Doubs) et Marie Pochon (Drôme), ont annoncé ce jeudi 20 novembre le dépôt d’une proposition de résolution européenne visant à défendre l’application du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE). Elles entendent ainsi répondre aux pressions croissantes qui visent à retarder ou affaiblir ce texte adopté en 2023.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 0.99
couvert
le 27/11 à 18h00
Vent
0.88 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
93 %