L'Assemblée nationale adopte un texte intégrant le non-consentement à la définition pénale du viol

Publié le 02/04/2025 - 15:29
Mis à jour le 02/04/2025 - 16:27

Les députés ont adopté mardi 1er avril 2025 en première lecture une proposition de loi intégrant le non-consentement à la définition pénale du viol, une modification à la portée symbolique forte mais qui divise juristes et associations féministes.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

La texte, transpartisan et soutenu par le gouvernement, a été adopté par 161 voix pour et 56 voix contre. Les députés du Rassemblement national, du groupe ciottiste UDR, et certains députés socialistes s'y sont opposés. "Je crois que ce soir, collectivement, nous avons acté que nous passions de la culture du viol à la culture du consentement", s'est félicitée la co-rapporteure écologiste Marie-Charlotte Garin. "C'est une première pierre que nous lançons dans le mur de l'impunité."

La mesure ne fait toutefois pas consensus. Ses opposants craignent qu'inclure le non-consentement à la définition pénale du viol conduise à centrer l'enquête sur l'attitude de la victime. Ses défenseurs le contestent, arguant que cette modification permettrait d'inclure des situations mal couvertes aujourd'hui, comme l'état de sidération. Tout en envoyant un signal fort, quelques mois après le procès des viols de Mazan.

"Ce qui compte, ce n'est pas ce que l'agresseur croit, c'est ce que la victime veut", a martelé la ministre chargée de l'Egalité femmes-hommes, Aurore Bergé. "Le consentement est partout dans la procédure judiciaire, mais il est absent de la loi française", qui en l'état actuel, "ne permet pas suffisamment de sanctionner les agresseurs", a argumenté la députée macroniste Véronique Riotton, également co-rapporteure du texte.

"Libre et éclairé"

La proposition de loi, issue d'une mission d'information parlementaire de plusieurs mois, devra maintenant être étudiée au Sénat. Elle redéfinit l'article du code pénal portant sur l'ensemble des agressions sexuelles, dont le viol. Elle propose de les redéfinir comme "tout acte sexuel non consenti". Le texte précise ce qu'est ou n'est pas le consentement, afin d'aiguiller les enquêteurs et les juges.

"Le consentement est libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable. Il est apprécié au regard des circonstances environnantes", propose d'établir le texte. "Il ne peut être déduit du seul silence ou de la seule absence de réaction de la victime", ajoute-t-il. Enfin, il précise qu'"il n'y a pas de consentement si l'acte à caractère sexuel est commis avec violence, contrainte, menace ou surprise", quatre modalités déjà présentes dans le code pénal.

Toutes les formulations ont été validées par le Conseil d'Etat, dont les suggestions ont été entièrement reprises par les co-rapporteures. Dans son avis début mars, le Conseil d'Etat a estimé que "le principal apport de la proposition de loi" serait de "consolider (...) les avancées de la jurisprudence", qui considère déjà le défaut de consentement "comme un élément clé".

Mais qui ne s'applique pas partout de manière égale, pointe Mme Garin.

"Changement de mentalité"

L'extrême droite s'est opposée à l'initiative. "La définition actuelle du viol est déjà suffisamment précise", a déclaré Sophie Blanc (RN). Le droit pénal "n'a pas vocation à s'aligner sur l'opinion ou la douleur, aussi légitimes soient elles", a renchéri Sophie Ricourt Vaginay (UDR). Le groupe socialiste, divisé, avait lui opté pour une liberté de vote.

Si 21 députés socialistes ont voté pour, 9 s'y sont opposés, dont Mme Céline Thiébault-Martinez, selon qui "personne ne peut dire que cette proposition de loi aura l'effet attendu, à savoir une meilleure reconnaissance des victimes". Elle redoute que l'initiative ne "pénalise encore plus les victimes", qui se trouveront interrogées "d'abord et avant tout sur leur consentement".

Un argument balayé par Mme Garin, pour qui l'introduction du consentement dans la loi "n'a jamais" mis la victime "au cœur des audiences", dans les pays qui l'ont fait, citant l'Espagne, la Suède ou le Danemark. "Demain, ce sera l'auteur qui devra démontrer par des actes positifs qu'il s'est assuré du consentement, et l'enquête devra porter sur ce qu'il a compris, ce qu'il a perçu, ce qu'il a fait pour s'assurer de l'accord de l'autre", a abondé le ministre de la Justice Gérald Darmanin.

Sans toutefois que le texte n'impose "d'obligation de preuve positive, comme on signerait un contrat", a-t-il ajouté. Près de l'Assemblée, quelques dizaines de femmes se sont rassemblées dans l'après-midi à l'appel de mouvements féministes. Il est "important de montrer qu'une partie des féministes est avec les parlementaires", a estimé Sarah Durocher, présidente du Planning familial, pour qui le texte reflète "un changement de mentalité".

(Source afp)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Vote de confiance : Dominique Voynet veut consulter les habitants lors d’une “semaine de grande écoute”

Comme chaque député de l’Assemblée nationale, Dominique Voynet, députée du Doubs, sera amené à voter lundi 8 septembre 2025 lors du vote de confiance demandé par le Premier ministre. Mais pour cela, la députée souhaite avant tout consulter les habitants de la 2e circonscription du Doubs lors d’une "semaine de grande écoute" du 1et au 5 septembre 2025. 

Budget 2026 : François Bayrou va demander un vote de confiance à l’Assemblée nationale

Le premier ministre a annoncé lundi 25 août 2025 qu’il engagera la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre prochain lors d’une session extraordinaire sur une déclaration de politique générale ayant pour objet la maîtrise des finances publiques françaises. François Bayrou va ainsi abattre une périlleuse carte pour faire adopter son plan d'économies budgétaires, mais son gouvernement semble voué à tomber tant les oppositions refusent unanimement de lui accorder un sursis.

Un drapeau blanc érigé en symbole de paix par Anne Vignot à Besançon

VIDÉO • Ce jeudi 21 août 2025 à 13h30, Anne Vignot, maire de la ville de Besançon, a hissé le drapeau blanc, symbole universel de paix, sur l’esplanade des droits de l’homme. Cet acte humaniste vise à exprimer la solidarité envers les populations touchées par les conflits dans le monde, notamment à Gaza, en Ukraine et en République Démocratique du Congo.

Annulation des comices du Doubs : une décision “responsable” selon Géraldine Grangier

Jeudi 14 août 2025, la fédération départementale du Doubs a annoncé l’annulation complète des 20 comices de l’année, en raison de la dermatose nodulaire bovine qui sévit en Savoie. Géraldine Grangier, députée Rassemblement national de la 4e circonscription du département, qualifie cette décision de "responsable et guidée par le bon sens sanitaire". 

Canicule et polluants atmosphériques : Alternatiba dénonce le “combo macabre de nos étés”

Dans un communiqué reçu ce mercredi 13 août 2025, le mouvement écologiste Alternatiba alerte sur le "combo macabre" généré par la vague de chaleur actuelle et les polluants atmosphériques. Il met aussi en avant la nécessité de "conduire les politiques publiques vers plus de responsabilité", notamment en ce qui concerne les transports.

Censure de la loi Duplomb : les agriculteurs dénoncent le maintien de la vente d’acétamipride aux particuliers

Ce jeudi 14 août 2025, selon les informations de l'AFP, des agriculteurs bourguignons et alsaciens ont dénoncé la poursuite de la vente aux particuliers de produits contenant du pesticide acétamipride, malgré la récente censure de la loi Duplomb par le Conseil d'État.

Municipales 2026 : Jacques Ricciardetti candidat RN à la mairie de Besançon

Après une première annonce le 24 juin 2025, l’élu du Rassemblement National Jacques Ricciardetti a officiellement acté sa candiadature pour la prochaine élection municipale de Besançon en mars 2026 par le biais d’un communiqué réagissant à l’accueil à Besançon d’une partie des migrants délogés de l’Hôtel de Ville de Paris. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 14.32
légère pluie
le 02/09 à 21h00
Vent
2.66 m/s
Pression
1015 hPa
Humidité
90 %