Les violences urbaines ternissent l’horizon des cités du pays de Montbéliard

Publié le 02/02/2022 - 11:01
Mis à jour le 01/02/2022 - 15:35

Dans le nord Franche-Comté, le pays de Montbéliard a longtemps bénéficié de l’industrie automobile, mais dans ses quartiers populaires désormais marqués par la pauvreté, trafic de drogue et violences urbaines ternissent l’horizon des habitants, ce dont tente de profiter l’extrême droite avant la présidentielle.

Poubelles et voitures brûlées, affrontements parfois armés entre bandes rivales, guet-apens tendus aux policiers… Quand la tension est trop importante dans les quartiers populaires de Montbéliard, Audincourt ou Valentigney, les autorités ordonnent couvre-feux et renforts policiers.

"Les jeunes du quartier, ils font des émeutes pour se venger" d’une condamnation judiciaire jugée "trop forte" ou d’une intervention policière, expliquent Chiaa, Amine et Zinedine, au pied des petits immeubles du quartier des Champs Montants, à Audincourt.

Le passage des patrouilles de police est vite considéré comme une "provocation" par ces garçons unis par un fort sentiment d’appartenance à leur quartier, qui se retrouvent dans la rue entre deux heures de cours, deux CDD de courte durée ou deux convocations au tribunal.

Ces épisodes ne sont pas le quotidien des quartiers de l’agglomération montbéliardaise, mais surviennent de manière "sporadique", parfois "pour des raisons futiles", note Ariane Combarel, la procureure de Montbéliard.

"On s'ennuie"

Ersin Arslan, président du centre social Escapade à Audincourt, veut voir dans cette jeunesse "une ressource à mobiliser, plutôt qu’un problème". L’enjeu, selon lui, est d’aider ces jeunes à "redonner du sens à leur destinée, sinon ils sont vite attirés par le côté obscur". "On s’ennuie. On n’a pas d’argent, pas de travail, que des petits contrats d’une semaine, comme chez Amazon pendant les fêtes de Noël", s’agace sous sa capuche un jeune homme croisé au bas des immeubles.

Pendant les Trente glorieuses, l’agglomération a connu un essor considérable, porté par l’usine Peugeot qui employa jusqu’à 40 000 salariés en 1979. Mais les restructurations industrielles ont mis un coup d’arrêt à cette prospérité : aujourd’hui, l’usine ne compte plus que 6 800 permanents.

Le maire PS d’Audincourt, Martial Bourquin, témoigne d’une "augmentation impressionnante du chômage, de la précarité et de la pauvreté" dans les quartiers autrefois "presque chics", comme les Champs Montants.

"La drogue s’est installée", poursuit-il. "La légalisation du cannabis ferait en partie sombrer cette économie quasi-officielle." "Quand la société n’intègre plus, elle laisse de côté une partie de la population qui s’invente une contre-culture, avec la volonté de déstabiliser l’ordre ambiant pour dire "on est chez nous"", analyse l’élu, lui-même ancien ouvrier de Peugeot motocycles. Pour ses 14 000 administrés, il défend une politique sociale de "présence sur le terrain": "Beaucoup de choses peuvent se régler en parlant avec les familles de ces jeunes".

"Reconquérir le terrain"

L’extrême droite tente d’exploiter ces débordements. Le chef de file régional du RN, Julien Odoul, s’affiche sur les réseaux sociaux à chaque épisode de violences. "Il faut reconquérir radicalement le terrain et persécuter judiciairement les racailles", déclare-t-il. Guy, cariste de 59 ans, exprime un sentiment d’insécurité. Lui-même "évite le soir" pour rendre visite à sa mère dans le quartier de la Petite Hollande à Montbéliard.

S’il a longtemps voté RN, il s’intéresse désormais au "discours sur la sécurité d’Eric Zemmour". Une voisine, qui évite d’envoyer ses garçons à la boulangerie de peur qu’ils "tombent dans les trafics", regrette cette insécurité. "C’est dommage pour le quartier, parce qu’il y a tout pour être bien : des services publics, le collège, la piscine, les commerces…" Mais sa principale préoccupation reste néanmoins l’économie et l’emploi, comme pour l’amie qui l’accompagne et qui "revotera Macron, parce qu’il a aidé les entreprises pendant la crise sanitaire".

La police nationale, elle, s’est réorganisée, avec plus d’effectifs sur le terrain, des formations sur les armes intermédiaires et l’intervention dans les quartiers, explique le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Doubs, Yves Cellier.

Et il observe que concrètement, "les violences urbaines sont en repli" dans le secteur de Montbéliard en 2021, mais "les jets de projectiles sur les policiers sont en hausse".

La procureure de Montbéliard, a mis en place un Groupe local de traitement de la délinquance et de lourdes peines de prison ferme ont été prononcées pour ces violences urbaines par le tribunal. "Quand on arrive à identifier deux ou trois leaders et à apporter une réponse pénale ferme, on voit que la situation se calme", constate Ariane Combarel. Signe selon elle que "l’espoir d’améliorer la situation existe".

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