Présidentielle : rebelote pour l'abstention et les bulletins blancs ?

Publié le 22/04/2022 - 14:42
Mis à jour le 22/04/2022 - 14:49

Après les 26,31 % du premier tour, l’abstention risque d’être aussi élevée, voire plus forte dimanche, tout comme les bulletins blancs et nuls qui avaient atteint un record en 2017, attestant du refus de millions de Français de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

 © Hélène Loget
© Hélène Loget

Le 10 avril dernier, 12,8 millions des 48,7 millions d'inscrits avaient boudé les urnes, mais sans atteindre le record d'abstention pour un premier tour, celui de 2002 (28,4 %).

De nombreux politologues ont surtout voulu voir le verre à moitié plein, c'est-à-dire le rebond notable de la participation après des taux catastrophiques aux municipales de 2020 et surtout aux régionales et départementales de 2021, où les deux tiers des Français s'étaient abstenus. Et la confirmation que la "présidentielle reste toujours l'élection reine de la Ve République", comme le résume le politologue Gérard Grunberg.

Pour dimanche, l'enjeu est cette fois de savoir si, comme en 1969 et en 2017 (25,44 % après 22,23 %), malgré un duel beaucoup plus serré qu'il y a cinq ans, le taux d'abstention, déjà élevé au premier tour, va encore augmenter, alors que la règle lors des présidentielles est plutôt à la remobilisation électorale pour le tour décisif.

Blanc bonnet

Même si l'exercice est délicat, dans leurs dernières enquêtes, les instituts Ifop et Ipsos Sopra Steria évaluent l'abstention entre 26 % et 28 %, en dessous du record pour un second tour de 1969 (31,1 %) où les électeurs de gauche avaient massivement refusé de choisir entre "bonnet blanc et blanc bonnet" (Georges Pompidou et Alain Poher).

La configuration est en tout cas fort similaire cette fois-ci, avec un électorat de Jean-Luc Mélenchon très partagé sur la conduite à tenir, comme l'a montré la consultation organisée par LFI la semaine dernière.

"Quand vous n'êtes plus dans une vie politique structurée autour de deux camps, le troisième camp qui est éliminé s'intéresse moins. Il y a des Français, nombreux, qui ne se sentent pas représentés par l'affiche du second tour, et qui soit s'abstiendront, soit voteront par défaut", analyse le directeur délégué de la Fondation Jean Jaurès, Gilles Finchelstein.

"Le plus probable reste que l'abstention augmente, comme en 2017. Si ce phénomène se répète, cela confirmera que la France connaît aujourd'hui un désajustement entre son système institutionnel, basé sur un scrutin majoritaire à deux tours, et l'évolution de la demande politique, la bipolarité gauche-droite étant aujourd'hui désuète", complète dans Alter Eco le spécialiste de la participation Jean-Yves Dormagen.

"La question de la participation sera absolument centrale, ce sera une des clés du scrutin", insiste le sondeur (Ifop) Frédéric Dabi, qui prend l'exemple a contrario de 2002, où "Jean-Marie Le Pen avait été noyé sous un déluge de participation forte".

Inconnue supplémentaire, le 2e tour a lieu alors que deux zones scolaires sont en vacances et "en 2002, il y avait eu un impact, notamment dans la zone parisienne qui, de ce fait, s'était moins mobilisée que les autres", rappelle le politiste Vincent Tiberj.

L'équation des pronostiqueurs se complique encore avec l'arbitrage que feront une partie des électeurs mécontents entre l'abstention et les bulletins blancs ou nuls.

"Majorité fictive"

"Rappelons-nous que 2017, c'est le record des votes blancs et nuls, plus de 10 %, ça nous raconte énormément de choses du refus de choisir, ça va être une des vraies interrogations du second tour", souligne Vincent Tiberj, professeur à Sciences Po Bordeaux.

Au premier tour, le 10 avril, les électeurs étaient déjà plus de 770.000 à avoir glissé un bulletin blanc ou nul. Mais cela reste très en-deça des plus de 3 millions de bulletins blancs et du million de bulletins nuls du 2e tour de 2017.

"Au second tour, je pense qu'il y aura davantage de votes blancs et nuls, et davantage d'abstention, comparé à 2017 car de plus en plus de personnes ne feront pas barrage", prédit le sociologue Jérémie Moualek, qui a rédigé une thèse sur le sujet.

Selon l'enseignant-chercheur à l'université d'Evry, "les électeurs ne se contentent plus de voter à contre-opinion ou par défaut" et "demander à ces électeurs de faire deux fois barrage", pour une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon du 1er tour, "c'est quand même très compliqué".

Plus fondamentalement, l'importance des bulletins blancs et nuls peut, selon lui, compromettre la légitimité du futur président.

"On va encore une fois avoir une personne à la tête de l'État élue avec une minorité des voix. Depuis de nombreux scrutins, on crée des majorités fictives. On dit que Macron a obtenu 66 % des voix en 2017, quand en réalité il a eu 44 % des votes des inscrits", met-il en garde dans un entretien au magazine Basta.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Municipales à Besançon : le Rassemblement national et Némésis main dans la main pour soutenir Jacques Ricciardetti

Trois élu(e)s du Rassemblement national ainsi que la présidente du collectif féministe d’extrême droit Némésis animeront une rencontre publique dans la cadre des élections municipales vendredi 26 septembre 2025 à la salle de la Malcombe à Besançon.

À Besançon, l’eau de la piscine Mallarmé bientôt réutilisée pour arroser le complexe Léo Lagrange ?

VIDEO • Afin de respecter les normes sanitaires, la piscine Mallarmé voit partir chaque jour des litres et des litres d’eau dans les égouts… Et cela depuis des années. Une aberration pour la municipalité, notamment face à la multiplication des épisodes de sécheresse. Elle propose ainsi d’installer deux cuves de 2.000 m2 chacune pour récupérer l’eau et arroser le complexe Léo Lagrange. Le projet sera soumis au vote des élus lors du Conseil municipal du 18 septembre 2025.

Jurisprudence relative aux congés payés : le sénateur Olivier Rietmann écrit au Premier ministre

À la suite de la décision de la Cour de Cassation relative à la récupération de congés payés durant un arrêt maladie, le sénateur de la Haute-Saône, président de la délégation aux entreprises, Olivier Rietmann, a écrit au Premier ministre le 12 septembre dernier pour alerter sur les dangers économiques de la nouvelle législation. 

Christophe Grudler à Berne pour un partenariat visant à améliorer “la vie des citoyens des deux côtés de la frontière”

Christophe Grudler (Mouvement Démocrate / Renew Europe), rapporteur du Parlement européen sur les relations avec la Suisse, sera en mission officielle à Berne (Suisse) les 11 et 12 septembre 2025, dans le cadre d’une délégation de la Commission des affaires étrangères (AFET) du Parlement européen.

Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre, promet des “ruptures”

Des "ruptures" dans "la méthode" mais aussi sur "le fond" : pour sa première prise de parole depuis sa nomination mardi soir, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a lancé un message aux Français et aux oppositions mercredi 10 septembre 2025 lors de sa prise de fonctions afin de trouver un compromis permettant la formation d'un gouvernement et l'adoption d'un budget.

10 septembre : pas de jour chômé et rémunéré pour les agents de la Ville de Besançon

Le 5 septembre dernier, l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, FO, SUD et UNSA avait interpellé la maire de Besançon pour lui demander une journée chômée et rémunérée pour tous les agents de la ville lors de la journée de mobilisation du 10 septembre 2025. Une demande à laquelle Anne Vignot a répondu par la négative le 8 septembre 2025. Une réponse qui déçoit mais "ne surprend pas" les syndicats. 

“Pot de départ” de François Bayrou à Besançon : prochaine mobilisation le 10 septembre

Ce lundi 8 septembre à 20h, plus de 200 personnes se sont retrouvées place du 8 Septembre à Besançon, pour marquer la fin du mandat de François Bayrou et de son gouvernement, écartés après le vote de confiance. L’occasion, pour les participants, de "fêter" ce départ mais aussi de préparer la mobilisation prévue le 10 septembre.

Rebondissement : Raphaël Enthoven maintenu au festival Livres dans la boucle

Le 4 septembre, Grand Besançon Métropole annonçait avoir retiré Raphaël Enthoven de la programmation du festival littéraire Livres dans la boucle prévu du 19 au 21 septembre 2025. Cette décision faisait suite à une prise de position du Parti communiste local, qui avait dénoncé certains propos de l’écrivain et philosophe sur Gaza publiés sur X. Mais ce lundi 8 septembre, la présidente de GBM, Anne Vignot, a finalement déclaré par voie de communiqué que Raphaël Enthoven serait maintenu dans la sélection du festival.

Déprogrammation de R. Enthoven de Livres dans la boucle : le RN réclame le retrait de la subvention régionale

Le groupe Rassemblement national (RN) au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté a réagi à la décision de l’agglomération du Grand Besançon de déprogrammer l’écrivain et philosophe Raphaël Enthoven du festival Livres dans la boucle, prévu du 19 au 21 septembre.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 25.99
ciel dégagé
le 18/09 à 15h00
Vent
0.87 m/s
Pression
1024 hPa
Humidité
47 %