La semaine dernière, les débats sur le cas de ce patient, Jean-Claude Gandon, alors âgé de 70 ans, avaient mis en évidence que "l'empoisonneur" avait sévi entre 08H15 et 09H00. Et que les deux personnes les plus susceptibles de lui avoir injecté le poison, de la mépivacaïne (un anesthésique local), étaient le Dr Péchier et une élève infirmière anesthésiste avec laquelle il travaillait.
Or, l'accusé a demandé dans ce laps de temps à cette soignante de quitter la salle d'opération pour prendre une pause. Au même moment, a-t-il raconté mercredi, "le patient allant bien", il est lui-même "sorti" pour aller signaler que des poches de perfusion avaient été retrouvées percées dans son bloc.
De "08H40 à 09H00, le patient reste seul", a résumé l'accusé. "Vous n'en avez jamais parlé", s'étonne la présidente Delphine Thibierge, "alors qu'il y a une suspicion d'empoisonnement de votre patient pendant ce temps là". "On ne m'a jamais posé la question", répond l'accusé, imperturbable. "Au contraire", poursuit la présidente, "dans une écoute téléphonique vous avez dit: +Il y en a toujours un qui est resté (avec le patient), personne n'a pu entrer mettre des trucs+".
Selon les enquêteurs, l'accusé s'en serait pris à lui pour se forger un "alibi"
Quand l'infirmière anesthésiste est revenue de sa pause, vers 09H00, M. Gandon présentait des signes de détresse cardiaque. Le septuagénaire, qui a survécu -il assiste à l'audience- est le seul, parmi les 30 victimes de ce dossier, dont l'anesthésie avait été prise en charge directement par Frédéric Péchier.
Selon les enquêteurs, l'accusé s'en serait pris à lui pour se forger un "alibi" et ne pas être le seul anesthésiste de la clinique dont aucun patient n'avait été empoisonné, alors qu'une enquête venait d'être ouverte sur l'arrêt cardiaque d'une autre patiente, Sandra Simard, survenu quelques jours plus tôt.
L'accusé, lui, accuse un collègue anesthésiste, Sylvain Serri. Intervenu lors de l'arrêt cardiaque de M. Gandon, celui-ci a diagnostiqué une intoxication aux anesthésiques locaux et a conseillé de lui administrer des intralipides, qui sauveront le patient.
Frédéric Péchier, qui a toujours clamé son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.
(Source AFP)