Quatre ans de prison pour Stan Maillaud, "gourou" d'un prétendu groupe antipédophile

Publié le 04/02/2020 - 17:05
Mis à jour le 04/02/2020 - 16:24

Un ancien gendarme devenu « gourou » d’un groupuscule complotiste, qui projetait d’enlever à leur père des enfants menacés, selon lui, de pédophilie, a été condamné vendredi 31 janvier 2020 à quatre ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Saintes. Il avait été recherché en 2012 dans le Doubs après s’être enfui lors d’un contrôle de la gendarmerie.

 © Succo via Pixabay
© Succo via Pixabay

Quatre ans avaient été requis contre Christian Maillaud, 52 ans, qui avait déjà été condamné pour ces faits en août 2018 mais était alors en fuite. Finalement arrêté au Venezuela, il a été extradé en décembre dernier, et était détenu depuis.

L'homme, jugé pour association de malfaiteurs en vue de préparation d'un enlèvement, était accusé d'avoir projeté d'enlever en 2012 trois enfants qui vivaient chez leur père à Montendre, dans le sud de la Charente-Maritime. A la même époque, il avait pris la fuite lors d'un contrôle de gendarmerie à Amancey, dans le Doubs. Sa femme, Janette Seeman, avait ensuite accusé la gendarmerie d'avoir fait disparaître son mari. Elle avait notamment organisé une mobilisation à Amancey. 

Un enlèvement des enfants avec la complicité de la mère

La mère des enfants, aujourd'hui âgés de 19, 18 et 13 ans, avait orchestré elle-même cet enlèvement. Elle avait déjà réussi à les kidnapper de décembre 2008 à avril 2011, avant d'être retrouvée avec eux près d'Alès (Gard) par les gendarmes.

Elle accusait alors sa belle-mère, ainsi que son ex-compagnon, de pédophilie et avait en vain tenté de faire constater ces sévices par des médecins. En 2015, la justice l'avait déclarée irresponsable pénalement pour troubles délirants.

Christian Maillaud, qui dit avoir été gendarme de 1986 à 1992 en Rhône-Alpes et Guyane - une carrière toutefois difficile à retracer -, avait été qualifié de "gourou charismatique" au premier procès. "C'est quelqu'un qui a un ascendant, qui veut ses adeptes, il pratique la manipulation mentale", a redit vendredi le procureur Mathieu Auriol.

"Je ne reproche pas une tentative d'enlèvement. On n'est pas sur le projet criminel, mais on a commencé sa préparation", a-t-il souligné en requérant quatre ans fermes.

Déjà condamné en 2009 pour avoir soustrait un enfant qu'il affirmait en danger, Christian Maillaud avait pris la tête d'un petit groupe d'activistes adhérant à diverses théories complotistes, et qui prétendait sauver des enfants de la pédophilie. Dans des vidéos postées régulièrement sur internet, le quinquagénaire - se présentant comme "Stan" sur la toile -, dénoncait l'"organisation pédocriminelle satanique qui est l'organe judiciaire" et le "procès d'inquisition" d'août 2018.

A l'audience vendredi, l'homme, grand, musclé, s'exprimant bien et constamment - au point de se voir rappeler par la juge qu'elle était "le patron" - n'a cessé de répéter que "la justice ne voulait pas l'entendre", justifiant ses actes par le "devoir de mettre fin à un délit".

"Il ne parle que de son nombril, il considère qu'une décision de justice ce n'est pas la justice, parce qu'(à ses yeux) nous sommes coupables de protéger les réseaux pédophiles", a plaidé l'avocate du père et des enfants, Me Francesca Sata. "Sa façon de raisonnner lui interdit de rester dans un cadre (légal)".

Pour la défense, Me Jean-Pierre Joseph a reconnu que "oui, il y a eu repérage, mais pour rechercher la vérité, pour ramener les enfants" à leur mère, "sans recherche de profit". Christian Maillaud a également été condamné à verser au total 12.000 euros de dommages et intérêts au père et aux trois enfants.

A l'extérieur du tribunal, une cinquantaine de partisans du prévenu ont affirmé après l'audience qu'ils poursuivraient son combat contre les pédophiles.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

“On tombait systématiquement sur le Dr Péchier” : l’enquête sous la loupe

Vidéos Me Schwerdorffer et Me Berna • L’après-midi du deuxième jour du procès du Dr Frédéric Péchier, ce mardi 9 septembre, a été consacrée à la suite de l’exposé du commissaire Olivier Verguet, directeur d’enquête, sur la genèse et l’évolution des investigations ouvertes en 2017 autour des arrêts cardiaques suspects à la clinique Saint-Vincent. La présidente de la cour, les deux avocates générales, deux avocats de la partie civile et me Randall Schwerdorffer ont également posé leurs questions au policier à la barre.

Procès de Frédéric Péchier : deux seringues pour “armes du crime”

Le procès de Frédéric Péchier, anesthésiste bisontin accusé de 30 empoisonnements, dont 12 mortels, s’est poursuivi ce mardi matin au palais de justice de Besançon. Cette deuxième audience a consacrée à l’enquête préliminaire ouverte en 2017, présentée par le directeur d’enquête Olivier Verguet, de la police judiciaire.

Procès Péchier : énumération complète et chronologique de l’audience de ce lundi

+ interview vidéo des avocats de la défense • L’après-midi du 8 septembre 2025 a été consacrée à une présentation concise des faits reprochés à l’accusé, Frédéric Péchier. Une lecture à trois voix effectuée par la présidente Delphine Thieberge aidée de ses deux assesseurs et qui durera près de 3 heures 30 au tribunal de Besançon.

Procès Péchier : ”J’ai un dossier qui m’a convaincu de sa culpabilité” (Me Berna)

Le procès de Frédéric Péchier a commence ce lundi 8 septembre au palais de justice de Besançon. Après une longue matinée durant laquelle les 170 témoins et experts ont été appelés, ainsi que l’ensemble des 156 parties civiles, Me Frédéric Berna, avocat de plusieurs familles de victimes s’est exprimé à la sortie de l’audience.

Silencieux et stoïque, le Dr Péchier entre dans son procès hors normes

Ce lundi 8 septembre 2025 à Besançon s’est ouvert le procès du Docteur Frédéric Péchier, accusé de 30 faits d’empoisonnement dont 12 mortels. La première journée de procès était réservée à la constitution des jurés, le renouvellement de constitution des parties civiles, l’appel des témoins et experts. L’après-midi a été consacrée à la restitution concise des faites reprochés à l’accusé.

Procès de Frédéric Péchier à Besançon : les premières images de l’anesthésiste

VIDÉO • Ce lundi 8 septembre marque le premier jour du procès à la cour d’assises du Doubs à Besançon de Frédéric Péchier, soupçonné de 30 empoisonnements dans deux cliniques bisontines entre 2008 et 2017, dont 12 mortels. Ce matin, en arrivant au palais de justice vers 09h00 sans escorte policière et accompagné de ses avocats, il s’est dit "serein".

Frédéric Péchier devant les assises : un procès hors norme pour 30 empoisonnements présumés à Besançon

Le palais de justice de Besançon accueille, à partir de ce lundi devant la cour d’assises du Doubs, un procès hors norme par son ampleur et sa durée. Celui de Frédéric Péchier, médecin anesthésiste de 53 ans, poursuivi pour 30 faits d’empoisonnement présumés, dont 12 mortels, commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques de Besançon. L’audience devrait durer jusqu’au 19 décembre.

Procès de Frédéric Péchier : rues fermées, entrées limitées… un dispositif exceptionnel mis en place à Besançon

Le procès de Frédéric Péchier, anesthésiste-réanimateur poursuivi pour 30 empoisonnements aggravés, s’ouvrira le 8 septembre 2025 devant la cour d’assises du Doubs. Il se tiendra jusqu’au 19 décembre 2025 au palais de justice de Besançon. Une très forte affluence est attendue pour ce procès, c'est pourquoi un dispositif exceptionnel sera mis en places dans les rues situées autour du palais de justice ainsi que pour y entrer.

Le Mouvement Franche-Comté dépose plainte contre L’Humanité et Hasni Alem

Le Mouvement Franche-Comté (MFC), présidé par Jean-Philippe Allenbach, a fait savoir qu’il engageait une série de procédures judiciaires à la suite de propos tenus à son encontre par le journal L’Humanité et par l’adjoint communiste à la maire de Besançon, Hasni Alem, suite à des propos publiés le 28 août 2025 dans une interview.

Procès Péchier : le conseil de l’ordre “déplore” les faibles moyens alloués à la défense

Le conseil de l'ordre des avocats de Besançon a "déploré" la faiblesse de l'aide juridictionnelle allouée aux deux défenseurs de l'anesthésiste Frédéric Péchier, qui doit être jugé à partir de lundi pour 30 empoisonnements de patients dont 12 mortels, a-t-on appris mardi 2 septembre 2025 auprès de la bâtonnière de l'ordre.
 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 10.99
couvert
le 10/09 à 06h00
Vent
0.73 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
94 %