Tariq Ramadan finalement mis en examen pour viols sur l'une de ses premières accusatrices

Publié le 23/10/2020 - 14:00
Mis à jour le 23/10/2020 - 08:35

L’islamologue de 58 ans, qui s’estime victime de la vengeance d’anciennes maîtresses, s’est présenté ce jeudi 22 octobre 2020 au tribunal de Paris pour un nouvel interrogatoire au cours duquel lui ont été notifiées ces nouvelles charges, a appris l’AFP auprès de ses avocats.

Cette mise en examen avait été réclamée au printemps 2018 par le parquet de Paris. Mais les juges avaient suspendu jusqu'ici leur décision sur le cas de cette ancienne escort-girl. 

"Il n'y aucun élément nouveau, c'est une mise en examen de pure forme pour pouvoir organiser prochainement la confrontation", ont dénoncé les avocats, Mes Nabila Asmane, Ouadie Elhamamouchi et Philippe Ohayon. Dans ce volet, "ce n'est pas la parole de Tariq Ramadan contre celle de cette femme, c'est cette femme contre ses propres mensonges graves et concordants", ont-ils ajouté.

Pour l'avocat de la plaignante, "c'est un tournant fort". "Les investigations ont démontré combien la parole de ma cliente était aussi fiable que constante", a réagi Me Eric Morain.

Robe tâchée de sperme

Le témoignage de Mounia Rabbouj, partie civile lors du procès pour proxénétisme du Carlton, où comparut l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, a joué un rôle important dans l'affaire.

Cette femme de 47 ans avait porté plainte en mars 2018 contre l'intellectuel musulman, l'accusant de l'avoir violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.

A l'époque, en mars 2018, Tariq Ramadan niait encore toute relation extra-conjugale. Il était en détention provisoire depuis sa mise en examen le 2 février pour les deux premières plaintes: celles d'Henda Ayari et d'une femme surnommée "Christelle", qui l'accusent respectivement d'un viol en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon.

A l'appui de son récit, Mounia Rabbouj avait livré une robe tâchée du sperme de l'islamologue. Et en juin 2018, ce dernier admettait finalement des relations adultères avec cette femme et d'anciennes maîtresses ayant témoigné.

Sa défense avait produit plus de 300 vidéos et plus de 1.000 photos à caractère érotique ou pornographique pour démontrer une relation "dominant/dominé", nourrie de rapports "fougueux" mais "complices" et consentis. Les magistrats ne l'avaient pas mis en examen.

"Corps et âme"

Quant à Mounia Rabbouj, après un premier interrogatoire serré des juges en juillet 2018, elle avait hésité à retirer sa plainte.

Sur les réseaux sociaux, elle racontait avoir été influencée par ses premiers avocats, qui l'auraient conduite à porter plainte pour viols alors qu'elle voulait uniquement dénoncer violences et humiliations. "Le mot viol me fait peur", s'est-elle expliquée en juillet dernier, lors d'une seconde audition en deux ans, lors de laquelle elle a maintenu sa plainte. "La violence était tout le temps là. Dans les gestes, les actes, dans les mots (...) c'était vraiment hard", a-t-elle expliqué à la magistrate, selon son audition consultée par l'AFP.

La récurrence des rendez-vous - neuf en deux ans, dont deux chez elle - et l'abondance des communications crues entre elles et l'islamologue ont d'abord sembler laisser les enquêteurs sceptiques.

La plaignante explique s'être sentie "coincée" dans cette relation. "Il me menaçait de révéler au grand jour les choses que je lui avais racontées sur ma vie" mais "je n'ai jamais été d'accord avec le fait qu'il me brutalise", selon son récit. "Il voulait que je lui sois soumise totalement. Corps et âme", a-t-elle encore confié. "C'était comme une punition pour moi (...) je me disais qu'il avait le droit de faire ça parce que j'avais été une prostituée".

L'intellectuel suisse est par ailleurs poursuivi depuis février dernier pour des soupçons de viols sur deux femmes, en 2015 et 2016, dont une a porté plainte.

Sorti de prison en novembre 2018 après dix mois, Tariq Ramadan a vu ces jours-ci son contrôle judiciaire allégé à un pointage tous les 15 jours. Il peut désormais quitter la France, mais uniquement pour déférer aux convocations de la justice suisse. Une procédure pour viol est ouverte depuis 2018 à Genève, où il doit se rendre début novembre.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

Nicolas Sarkozy est arrivé à la prison où il sera incarcéré, une première historique

L'ancien président Nicolas Sarkozy a quitté mardi matin son domicile pour se rendre à la prison parisienne de la Santé pour y être incarcéré, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République. Une demande de mise en liberté a d'ores et déjà été déposée par ses avocats.

Au procès Péchier, une anesthésiste “dévastée” par l’arrêt cardiaque de ses patients

Autrefois "pétillante", elle a quitté la clinique "dévastée" après l'empoisonnement présumé de sept de ses patients: le "lourd tribut" payé par une ancienne collègue de Frédéric Péchier, qu'il aurait en outre voulu évincer, a été au centre des débats lundi 20 octobre 2025 devant la cour d'assises du Doubs.

Disparues de l’A6 : le troisième homme suspecté du meurtre d’une adolescente en 1990 remis en liberté

Le troisième homme mis en examen pour le meurtre et le viol d'une adolescente de 13 ans en 1990 en Saône-et-Loire, l'une des affaires du dossier des disparues de l'A6, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, a indiqué lundi 20 octobre 2025 le parquet de Nanterre, sollicité par l'AFP.

Montbéliard : un an ferme pour des menaces contre un chroniqueur de CNews

Un homme de 29 ans, déjà condamné pour apologie du terrorisme, a écopé de deux ans de prison, dont un ferme, pour de multiples menaces adressées, via le réseau X, au chroniqueur de CNews Erik Tegnér, à qui il reprochait ses positions sur le conflit à Gaza, a indiqué mercredi 15 octobre 2025 à l'AFP le procureur de Montbéliard (Doubs).
 

Procès Péchier : l’accusé admet un nouvel empoisonnement mais dont il n’est pas responsable

L'empoisonnement est la seule explication possible à l'arrêt cardiaque suspect d'un patient au bloc opératoire en 2009, a admis lundi 13 octobre 2025 devant la cour d'assises du Doubs l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier, qui a continué toutefois à nier fermement en avoir été à l'origine.

Procés Péchier : syndrome rarissime ou empoisonnement, une double énigme médicale à la barre

Syndrome rarissime, ou intervention malveillante ? La cour d'assises du Doubs, qui juge l'ancien anesthésiste Frédéric Péchier pour 30 empoisonnements, a remonté le temps jeudi 9 octobre 2025 pour tenter d'expliquer les arrêts cardiaques de deux patients en 2009 dans une clinique de Besançon.

Procès Péchier : “il n’y a pas de cas d’empoisonnement à la Polyclinique de Franche-Comté” selon l’anesthésiste

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier a contesté que trois arrêts cardiaques suspects survenus en 2009 à la Polyclinique de Franche-Comté, un établissement où il a exercé seulement six mois, aient été des empoisonnements, mardi 7 octobre 2025 devant la cour d'assises du Doubs.

Procès de Frédéric Péchier : un mois de procès et une défense fragilisée

Une défense ébranlée et un comportement abrupt à l'audience : après un mois de procès, l'ancien anesthésiste Frédéric Péchier clame toujours son innocence dans 30 cas d'empoisonnements de patients, dont 12 mortels. Cet homme de 53 ans est soupçonné d'avoir frelaté des poches de produits anesthésiants de patients âgés de 4 à 89 ans afin de provoquer un arrêt cardiaque, dans deux établissements de Besançon.

Procès Péchier : la série noire de 2009 qui aurait dû alerter…

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels, commis avant 2017, aurait-il pu être mis en cause dès 2009 ? La question était au coeur des débats jeudi 2 octobre 2025 devant la cour d'assises, où d'anciens collègues ont raconté leur désarroi face à une série noire de trois arrêts cardiaques inexpliqués.

Prison avec sursis requise contre Jean-Louis Fousseret, ancien maire de Besançon

Huit mois de prison avec sursis ont été requis mercredi 1er octobre 2025 à l'encontre de Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon de 2001 à 2020, et un an avec sursis contre sa collaboratrice de cabinet, Alexandra Cordier, jugés pour détournements de fonds publics et prise illégale d'intérêt.  

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 14.95
légère pluie
le 21/10 à 15h00
Vent
4.35 m/s
Pression
1004 hPa
Humidité
83 %