27 septembre 1944 : Étobon, massacre oublié de la Seconde Guerre mondiale

Publié le 24/09/2021 - 15:01
Mis à jour le 24/09/2021 - 12:52

Il y a 77 ans, le 27 septembre 1944, 39 hommes, âgés de 17 à 58 ans,  ont été fusillés en Haute-Saône par les soldats de la Wehrmacht, qui entendaient ainsi se venger des attaques des Forces françaises de l’intérieur (FFI), dans les maquis alentours. Trois autres ont été exécutés un peu plus tard, et sept hommes sont morts en déportation.

 © Google map
© Google map

Chaque fin d’été, quand les pommiers et les pruniers donnent à plein, le coeur de Marianne Stewart Perret se serre : à l’approche de la date du massacre d’Étobon, la sémillante vieille dame, qui a perdu deux frères fusillés par les nazis, se souvient.

Le soleil d’automne caresse les champs moissonnés autour du village rural de Haute-Saône, mais pour les rares survivants de ce massacre oublié de la Seconde Guerre mondiale, la période apporte peu de douceur. Comme à Oradour-sur-Glane ou à Tulle quelques mois auparavant, Etobon a subi les foudres de l’armée allemande en déroute.

Le 27 septembre 1944, 39 hommes, âgés de 17 à 58 ans, y ont été fusillés par les soldats de la Wehrmacht. Trois autres ont été exécutés un peu plus tard, et sept hommes sont morts en déportation.

Au total, un sixième de la population a été décimé en quelques heures, à moins de deux mois de la libération du village.

Chaque année, le 27 septembre à 15 h, ses habitants se retrouvent dans le cimetière où des frères sont enterrés côte à côte. Etobon avait été pourtant relativement épargné par la guerre.

"Jusque-là, nous avions des relations assez correctes avec les Allemands", raconte Philippe Perret, 83 ans, qui a perdu son père, Jacques, fusillé à l’âge de 33 ans. Alors, lorsque le matin du 27 septembre 1944, le tambour passe dans les ruelles pour annoncer à tous les hommes valides de 16 à 60 ans qu’ils doivent se rassembler à la mairie, au prétexte de creuser des tranchées, la plupart ne se méfient pas.

"Philippe, sois sage"

"Je vois mon papa de dos, il s’est retourné et a dit: "Philippe, sois sage". Je ne l’ai jamais revu, ils ont été fusillés le même jour", raconte son fils, six ans à l’époque, qui vit toujours dans la maison familiale. "Les Allemands avaient déjà réquisitionné des hommes pour faire des travaux. Ils y sont allés sans se méfier", abonde Marianne Stewart Perret, qui avait 12 ans. Ses deux frères aînés, Georges, 17 ans, "le manuel", et Jean, 20 ans, "l’intellectuel", se sont rendus eux aussi à la mairie. Mais pour tous ces hommes, point de travaux de terrassement.

Emmenés dans le village de Chenebier à deux kilomètres de là, ils sont interrogés, puis 39 d’entre eux exécutés contre le temple protestant. Les derniers se tiennent debout, chantant la Marseillaise face à la mitraillette, rapportent les quelques témoins qui assistent au drame depuis leurs fenêtres. Les dépouilles sont ensuite déposées dans une fosse commune, dont elles ne seront extraites qu’en décembre 1944. "Une habitante a lavé tous les visages de ces jeunes pour pouvoir les reconnaître", se souvient Marianne Perret. Sans hommes valides, le village luthérien devra compter après la guerre sur la solidarité de la Suisse voisine, qui envoie main d’œuvre et machines pour faire les moissons.

Après avoir recueilli jusqu’en mars 1945 les enfants du village. "Il y avait une belle jeunesse, c’était des familles de plusieurs enfants. Il y avait des pièces de théâtre organisées par le pasteur Marlier, une chorale, il y avait même un terrain de basket", sourit Marianne Perret. "Et on ne manquait de rien".

Mais à l’automne 1944, l’ambiance a changé. Les troupes des libérateurs sont à quelques kilomètres, et les combats s’intensifient dans les forêts. Tout le village aide à faire passer en Suisse des soldats du contingent anglais des Indes, qui ont réussi à s’enfuir d’un stalag proche.

(AFP)

Allez + loin

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Remboursement des fauteuils roulants, prime de Noël, Parcoursup… Ce qui change à partir du 1er décembre 2025

Qui dit nouveau mois, dit nouveautés et le mois de décembre n'échappe pas à la règle. Économie, santé, éducation... On fait le point sur les changements qui pourront concerner les Français à partir du 1er décembre 2025. 

Téléthon 2025 : la mobilisation s’intensifie en Bourgogne–Franche-Comté

Le Téléthon 2025 se déploie en France y compris en Bourgogne–Franche-Comté les 5 et 6 décembre 2025 avec un message fort : "Nous faisons bouger les lignes". Entre avancées en thérapie génique, immersion dans les laboratoires et initiatives locales originales, cette édition met en lumière la mobilisation de tous pour faire progresser la recherche et sauver des vies.

La Région Bourgogne-Franche-Comté triplement récompensée aux Prix Territoria 2025

La Région Bourgogne-Franche-Comté a été largement distinguée lors des Trophées Territoria 2025, en recevant trois prix saluant des initiatives innovantes menées sur son territoire. La cérémonie s’est tenue le vendredi 21 novembre 2025 dans la salle des fêtes de la mairie de Paris, en présence de plusieurs élus régionaux.

Acheter responsable en Bourgogne Franche-Comté : le Pôle Ressources IAE lance son catalogue

Le Pôle Ressources Insertion par l’Activité Économique Bourgogne-Franche-Comté a dévoilé vendredi 28 novembre 2025 son nouveau catalogue d’idées d’achats responsables, un outil destiné à renforcer les liens entre acheteurs publics ou privés et Structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Ce nouveau document vise à rendre plus visible l’offre sociale, locale et environnementale portée par plus de 200 structures régionales.

L214 devant Carrefour Chalezeule pour demander une réduction du nombre d’animaux tués

À l’occasion du Black Friday, l’association L214 organise ce samedi 29 novembre une série d’actions simultanées devant 36 magasins Carrefour en France. À Chalezeule, les militants seront présents de 14 h à 17 h devant le magasin. L’organisation demande à l’enseigne de réduire "de 50 % le nombre d’animaux tués" pour l’alimentation.

Logement en Bourgogne–Franche-Comté : une “évolution lente” face aux mutations démographiques selon l’Insee

L'Insee Bourgogne–Franche-Comté a présenté, le 27 novembre 2025, un diagnostic régional mettant en lumière un parc de logements qui peine à suivre les transformations démographiques et sociales. La progression de la vacance, la diminution de la taille des ménages et les tensions dans certaines zones structurent un paysage contrasté.

Noël 2025 à Besançon… C’est parti !

Depuis ce vendredi 28 novembre à 18h00, Besançon a revêtu son traditionnel manteau de lumières pour célébrer les fêtes de fin d’année. De la place du 8 Septembre aux places de la Révolution et Pasteur, jusqu’à la promenade Granvelle avec son marché, illuminations et chalets gourmands installent peu à peu les Bisontines et les Bisontins dans la magie de Noël.

Le Département du Doubs et la CCI Saône-Doubs récompensés au Salon des maires

Le Département du Doubs et la CCI Saône-Doubs ont été distingués au niveau national lors du Salon des Maires, le 19 novembre à Paris. Les deux institutions ont reçu le Trophée des Territoires 2025 de CCI France, une récompense qui vient mettre à l’honneur le Club RH Haut-Doubs, initiative conjointe destinée à accompagner les entreprises confrontées aux enjeux de recrutement en zone transfrontalière.

Face aux menaces russes, Emmanuel Macron va présenter un service militaire nouvelle génération

Emmanuel Macron doit présenter jeudi 27 novembre 2025 dans les Alpes un nouveau service militaire volontaire, plus long et nettement plus militarisé que le service national universel (SNU). L’objectif affiché : renforcer les capacités des armées face à la montée des menaces russes et constituer un vivier de jeunes mobilisables en cas de conflit.

Plan de lutte contre les violences faites au femmes : les institutions renouvellent leur engagement

L’actualité bisontine récente nous rappelle que la question de la violence envers les femmes reste un problème de société majeur. C’est dans ce contexte qu’a été signé ce mardi 25 novembre le 3e plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes en présence du préfet du Doubs Rémi Bastille et de la présidente du Conseil départemental Christine Bouquin mais également de représentants des collectivités locales, des forces de l’ordre et de l’administration judiciaire. 

La maire de Besançon appelle l’État à renforcer les moyens contre les violences faites aux femmes

À la suite du féminicide récemment survenu à Besançon et d’un quadruple féminicide le même jour en France, la maire de Besançon, Anne Vignot, a adressé le 25 novembre 2025, journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes, un courrier à la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé. Elle y relaie les inquiétudes locales sur la persistance des violences malgré les dispositifs existants.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 0.81
couvert
le 02/12 à 03h00
Vent
0.71 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
91 %