À Dijon, des victimes "par ricochet" d'essais nucléaires attaquent l'armée en justice

Publié le 05/12/2023 - 11:32
Mis à jour le 05/12/2023 - 11:32

Deux veuves, se disant victimes "par ricochet" des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie, poursuivent le ministère des Armées mardi devant le tribunal administratif de Dijon, afin de faire reconnaître leur préjudice dû au décès de leur mari militaire.

 © Ekaterina  BOLOVTSOVA
© Ekaterina BOLOVTSOVA

Une loi, du 5 janvier 2010, permet l'indemnisation des victimes des 210 essais nucléaires menés entre 1960 et 1996 au Sahara algérien, ancienne colonie française, et en Polynésie. "Mais elle est limitée car elle n'indemnise que les victimes directes, contrairement aux autres systèmes d'indemnisation fondés dans le cadre de la réparation nationale", comme les victimes d'amiante, d'attentats ou d'accidents de la route, explique à l'AFP, Cécile Labrunie avocate de l'Association vétérans essais nucléaires (Aven). "C'est une carence du droit à réparation", estime l'avocate, car les proches, veuves, enfants ou petits-enfants ont subi "un préjudice moral et une incidence matérielle" de la mort du militaire due aux essais.

Depuis deux ans environ, "une centaine" de procédures de "victimes par ricochet" ont été lancées devant les tribunaux administratifs. Un seul jugement a pour l'instant eu lieu, concernant trois cas, à Strasbourg. Ce tribunal a estimé qu'il y avait prescription. L'Aven a fait appel. 

Un autre tribunal administratif, à Bordeaux, doit se prononcer mi-janvier. L'affaire entendue à Dijon est donc la troisième du genre. 

Les victimes dénoncent "une injustice"

"On ne prend pas en compte nos vies complètement chamboulées", estime Michèle Larmier, 80 ans, une des deux veuves, qui dénonce "une injustice". Elle est l'épouse du capitaine de frégate Claude Larmier, décédé en 1995 d'un cancer du colon, qui avait assisté à cinq essais nucléaires en 1968, depuis le porte-avions Clémenceau mouillé à Tahiti.  "Quand Claude est mort, sa retraite de 15.000 francs qu'on touchait, est tombée à 3.500 francs", soit l'équivalent de 794 euros, raconte la veuve, dont les traitements pour une leucémie grèvent encore le budget. "On paie les charges et on mange avec ce qu'il reste", a-t-elle expliqué à l'AFP avant l'audience, où elle n'a pu se déplacer.

Également absente, en raison d'une santé fragile, une autre femme attaque les Armées: Monique Goret, veuve de Gérard, mort en 1999 d'un lymphome. Ce militaire a été chef de chantier à In Ekker, dans le Sahara algérien, lors du grave accident du 1er mai 1962 où l'essai nucléaire Béryl a fait exploser la montagne où il était censé être confiné, contaminant des centaines de personnes.

Au total durant les décennies d'essais nucléaires français, quelque 150.000 civils et militaires ont été touchés selon l'Aven. 

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

Randall Schwerdorffer demande l’acquittement “purement et simplement” de Frédéric Péchier

Mise à jour à 16h56 + VIDÉOS • La plaidoirie de Me Randall Schwerdorffer a repris ce lundi 15 décembre à 13h30 devant la cour d’assises, dans le procès de Frédéric Péchier. L’anesthésiste est jugé pour 30 empoisonnements présumés, dont 12 mortels, survenus entre 2008 et 2016 à Besançon.

Procès Péchier : la réclusion criminelle à perpétuité requise contre l’ex-anesthésiste

+VIDÉO • Cette semaine s’est terminée ce vendredi 12 décembre avec la deuxième et dernière partie du réquisitoire du ministère public au procès de Frédéric Péchier, anesthésiste accusé de 30 empoisonnements dont 12 mortels entre 2008 et 2017. Les avocates générales, Thérèse Brunisso et Christine de Curraize se sont relayées pour aboutir aux réquisitions…

Procès Péchier : des uppercuts verbaux de Christine de Curraize assénés sur l’ex-anesthésiste

MISE À JOUR À 16H08 • Le ministère public a poursuivi ce vendredi 12 décembre 2025 devant la cour d’assises du Doubs son réquisitoire visant à convaincre le jury de la culpabilité de l’accusé Frédéric Péchier, jugé depuis le 8 septembre 2025. Les avocates générales Christine de Curraize et Thérèse Brunisso se sont relayées pour aborder plusieurs des 30 empoisonnements survenus en 2008 et 2017 pour lesquels l’ancien praticien est jugé. L’anesthésiste sera fixé ce vendredi à l’issue du réquisitoire sur la peine requise à son encontre.

L’anesthésiste Péchier, “un criminel qui a utilisé la médecine pour tuer”, dit l’accusation

"Ce n'est pas un médecin que vous jugez, mais un criminel qui a utilisé la médecine pour tuer", a asséné jeudi 11 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs l'avocate générale Thérèse Brunisso, au début de ses réquisitions contre l'anesthésiste Frédéric Péchier.

Procès Péchier : les parties civiles fustigent le “crime du lâche”

Il a agi en "lâche" pour "transformer un lieu de soin en lieu de mort": les avocats des 30 victimes imputées à l'anesthésiste Frédéric Péchier et de leurs proches se sont dits convaincus mercredi 10 décembre 2025 de sa culpabilité, et ont souhaité qu'il soit "hanté" par leurs visages pendant de longues années en prison.

Procès Péchier à Besançon : “Pas de hasard ici, il n’y a que des rendez-vous avec la mort”

VIDEO • Ce mardi 9 décembre 2025, plusieurs avocats des parties civiles ont poursuivi leurs plaidoiries devant la cour d’assises de Besançon. Si certains tentent encore de comprendre ce qui s’est passé, d’autres, plus incisifs, accusent et rappellent les faits, dont les éléments "convergent tous" vers Frédéric Péchier.

Procès Péchier : le “traumatisme” de ses collègues, “victimes indirectes” des empoisonnements

Les médecins étaient "la cible", les patients "le moyen" : les avocats des collègues de Frédéric Péchier, jugé depuis trois mois à Besançon pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, ont évoqué mardi 9 décembre 2025 le "traumatisme" vécu par ces anesthésistes "rongés par la culpabilité".

Au procès Péchier, des plaidoiries pour “mettre des mots” sur la douleur des victimes

Son crime était "tellement énorme": les avocats des 30 personnes que l'anesthésiste Frédéric Péchier est accusé d'avoir empoisonnées au bloc opératoire, et de leurs proches, ont commencé à plaider lundi 8 décembre 2025 devant la cour d'assises du Doubs, pour "mettre des mots" sur la douleur des victimes.

Procès Péchier : organisation de la fin du procès et modalités d’accès à la Cour d’assises pour le public

Le procès de Frédéric Péchier par la Cour d’assises du Doubs arrive à son terme. On fait le point sur l’organisation et les modalités d’accès à la Cour pour les deux dernières semaines de procès à Besançon, du 8 au 19 décembre 2025. 

Interrogé sur sa personnalité, Frédéric Péchier se dévoile enfin…

"On a dépiauté toute ma vie": souvent décrié par les parties civiles pour son manque apparent d'émotion, l'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements (dont 12 mortels) au bloc opératoire, s'est livré de manière inédite vendredi 5 décembre 2025 devant la cour d'assises, en évoquant notamment sa famille.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 3.62
couvert
le 17/12 à 03h00
Vent
1.1 m/s
Pression
1018 hPa
Humidité
89 %