En plein cœur de l’été, les règles de distanciation physique et de brassage ont été nettement assouplies en juillet, permettant à tous les élèves de pouvoir revenir en classe.
La mesure de distanciation physique dans les espaces extérieurs n’est plus appliquée; dans les espaces clos (salles de classe, bibliothèques, cantines…), celle-ci n’est plus obligatoire « lorsqu’elle n’est pas matériellement possible » ou « qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves ».
Le port du masque n’est plus obligatoire pour les personnels de l’école maternelle ni pour les enseignants se tenant à plus d’un mètre des élèves, en élémentaire, collège et lycée.
Les élèves de plus de 11 ans doivent en revanche le porter, dans les espaces clos et extérieurs lorsqu’une distanciation d’un mètre ne peut être garantie.
Nombreux sont les enseignants ne comprenant pas certaines contradictions. En résumé, le personnel de l'Éducation nationale s'interroge. Pourquoi obliger le port du masque dans les lieux clos, parfois dans la rue, en entreprise dans les espaces partagés et pas en classe ?
Interrogé, le ministère de l'Éducation a souligné que ce protocole pouvait s'"adapter aux réalités du terrain à travers les échanges, au plan local, entre les préfets, les recteurs, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales".
Mais, cela semble insuffisant à Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat d'enseignants SE-Unsa : "A l'école, et en particulier au collège et au lycée, on ne pourra pas faire moins que dans le reste de la société," estime-t-il au lendemain de l'annonce de la ministre du Travail Élisabeth Borne rendant obligatoire le port du masque en entreprises.
L'école "pas hors-sol"
"Les rebonds de l'été amènent à se poser un certain nombre de questions", juge également Philippe Vincent, du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissements, qui note que le protocole de juillet a été "publié à une époque où on était plutôt en phase descendante de l'épidémie".
"On a un peu l'impression que le ministère fait comme si la rentrée était ordinaire", affirme, "préoccupée", Guislaine David, du SNuipp-FSU, premier syndicat du primaire. "Or, l'école n'est pas hors sol. La possibilité d'avoir de nouveaux clusters et de refermer éventuellement les écoles, c'est inquiétant pour les collègues".
"Il faut des ajustements très précis et très conjoncturels", estime, elle aussi, Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat enseignant dans le second degré, qui réclame le port du masque obligatoire, sa gratuité, davantage d'aération des salles de classe, des mesures précises pour "les personnels et les élèves fragiles".
Mais aussi des détails pour les enseignements spécifiques - la manipulation de matériel en sciences, le maintien de la chorale en musique, etc... -
Un collectif de médecins a réclamé, dans une tribune publiée dans Libération, de "rendre obligatoire le port du masque dans tous les espaces clos", y compris "dans toutes les salles de classe et amphithéâtres, et aussi d'encourager (...) les cours à distance et la réorganisation de classes avec des effectifs moins nombreux".
Les syndicats ont, eux, demandé des rendez-vous avec le ministère, dont certains sont calés en début de semaine prochaine. A ce stade, le ministre Jean-Michel Blanquer doit s'exprimer lors de la conférence de rentrée le mercredi 26 août 2020.
Des associations de pédiatres également inquiètes
Elles aussi "inquiètes" avant la rentrée, sept associations de pédiatres ont publié mercredi une lettre ouverte appelant à définir des stratégies "claires et précises" en cas de détection d'un cas de Covid-19 dans un établissement et à privilégier chez les enfants les tests de diagnostic rapide, notamment salivaires, pour éviter le recours actuellement "quasi systématique" aux prélèvements naso-pharyngés.
"Ces tests actuels naso-pharyngés, outre leur aspect désagréable, ont un rendement modeste – car le taux de positivité est faible chez l’enfant –, un coût certain et nous exposent à des refus des enfants et/ou des parents, et le délai peut aller jusqu’à plusieurs jours"entre la réalisation du test et ses résultats, estiment-ils.
"La persistance de la circulation du virus en France, accompagnée ces dernières semaines d'une augmentation significative du nombre de cas dans certaines régions, rend la situation délicate", estiment les signataires, dont la Société française de pédiatrie (SFP), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
Ces associations de pédiatres demandent "des stratégies claires et précises" sur la conduite à tenir en cas de dépistage d'un cas de Covid-19 dans un établissement, pour éviter une rentrée "chaotique" avec "des fermetures de classes voire d'écoles non justifiées", qui seraient "délétères pour les enfants et leurs apprentissages".
(Avec AFP)