La Suisse veut enfouir les déchets radioactifs à 300 mètres sous terre...

Publié le 09/04/2022 - 10:48
Mis à jour le 14/04/2022 - 11:18

La guerre en Ukraine a montré les risques du stockage en surface des déchets radioactifs. De quoi conforter la Suisse qui veut enfouir ses déchets de haute activité profondément sous terre, un projet à un tournant décisif.

"On se trouve à 300 mètres sous terre dans un laboratoire creusé" pour étudier l'enfouissement des déchets radioactifs dans l'argile, explique le géologue Christophe Nussbaum, responsable du laboratoire international du Mont Terri, près de Saint-Ursanne dans le canton du Jura. Trois sites dans le nord-est de la Suisse, proche de l'Allemagne, sont en course pour accueillir ces déchets.

Les exploitants des centrales devraient annoncer leur préférence en septembre. Le gouvernement tranchera en 2029, mais les opposants pourraient lancer un référendum.

Le centre du Mont Terri est en fait composé de 1,2 km de galeries creusées dans la roche.

Des niches, dont les parois d'environ 5m de hauteur sont stabilisées à l'aide de béton projeté, abritent diverses simulations d'entreposage, grâce à de petites quantités d'éléments radioactifs suivis par des milliers de capteurs.

Plus de 170 expériences ont été réalisées pour simuler les différentes phases - mise en place des déchets, scellement des galeries, surveillance - et reproduire tous les effets physiques et chimiques imaginables.

8.000 générations d'êtres humains

Selon les experts, il faut environ 200.000 ans - soit environ 8.000 générations d'êtres humains - pour que la radioactivité des déchets les plus toxiques revienne à son niveau naturel. Mais les chercheurs, indique M. Nussbaum, analysent un stockage dont la durée est estimée à environ "un million d'années, puisque c'est la durée pour laquelle on doit assurer un confinement sûr". Pour l'instant les "résultats sont positifs".

Pour Greenpeace, la Suisse va trop vite.

"Il y a une myriade de questions techniques qui ne sont pas résolues : c'est-à-dire la garantie que le système ne conduira pas à des rejets de radioactivité, que cela soit dans 100, 1.000 ou 100.000 ans", indique à l'AFP Florian Kasser, chargé au sein de l'ONG des questions nucléaires. "On met la charrue avant les boeufs car sans avoir résolue des tas de question on est en train de chercher des sites", poursuit-il, estimant que la Suisse devait aussi d'abord décider de la façon dont le site serait signalé pour qu'il ne tombe pas dans l'oubli et que les générations des siècles à venir soient conscientes du danger.

© www.mont-terri.ch/fr

 Horizon 2060

En Suisse, des déchets radioactifs sont produits depuis plus de 50 ans dans les centrales, et sont gérés par la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra), fondée en 1972 par les exploitants des centrales nucléaires et la Confédération. Pour l'instant, ils sont dans un "dépôt intermédiaire" à Würenlingen, à environ 15km de l'Allemagne.

Très peu de pays se trouvent à des stades avancés dans le stockage géologique profond. Seule la Finlande a construit un site (dans du granit), et la Suède a donné fin janvier son feu vert à l'enfouissement des déchets, dans du granite aussi.

Vient ensuite la France, dont le projet Cigéo, piloté par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), prévoit de stocker sous terre les déchets radioactifs à Bure (Meuse), dans une roche argileuse. "Nous attendons la déclaration d'utilité publique, et en parallèle nous allons déposer une demande d'autorisation de construction", explique une porte-parole de l'Andra, Emilie Grandidier, lors de la visite au Mont Terri.

Suite à l'accident nucléaire à la centrale de Fukushima, la Suisse a décidé de sortir du nucléaire mais progressivement: les quatre réacteurs utilisés peuvent servir tant que les centrales sont sûres. Environ 83.000 m3 de déchets radioactifs, dont une minorité de haute activité, devront être enfouis. Ce volume correspond au scénario d'une durée d'exploitation de 60 ans des centrales nucléaires de Beznau, Gösgen et Leibstadt, ainsi que de 47 ans de celle de Mühleberg fermée fin 2019.

Les travaux d'enfouissement devraient commencer à horizon 2060. "C'est le projet du siècle: pendant 50 ans nous avons mené des recherches scientifiques, et nous avons maintenant 50 ans pour l'autorisation et la réalisation du projet", indique Félix Glauser, porte-parole de la Nagra.

La période de surveillance s'étendra sur plusieurs décennies avant le scellement du site le siècle prochain.

(AFP)

Allez + loin

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Nature

Météo : un Noël sous le soleil en Franche-Comté

D’après les prévisions de Météo France, la Franche-Comté bénéficiera d’une belle journée ensoleillée ce jeudi 25 décembre 2025. En revanche, la présence du soleil sur tout le territoire ne permettra pas au mercure de monter très haut. Il ne faudra donc pas oublier de s’habiller chaudement en cas de balade digestive. 

Souvenir, souvenir… À quand remonte le dernier Noël sous la neige à Besançon ?

Un Noël sous la neige à Besançon : l’image fait rêver, mais elle appartient désormais davantage aux souvenirs qu’à la réalité. En 2025, la capitale comtoise s’apprête à vivre son 15e Noël consécutif sans flocons. Une situation qui contraste fortement avec le Haut-Doubs, où la neige était bien au rendez-vous il y a encore un an. Ilyès Ghouil, fondateur de Météo franc-comtoise, fait le point sur cette évolution climatique locale.

Météo en Franche-Comté : un week-end hivernal entre nuages, averses et températures fraîches

La région de Franche-Comté s’apprête à vivre un week-end typiquement hivernal les samedi 20 et dimanche 21 décembre 2025, avec des conditions météorologiques variables selon les zones. Selon les prévisions de Météo France, le ciel sera souvent nuageux, les températures resteront fraîches et quelques averses ou bruines sont possibles localement. 

Dermatose nodulaire : expertises, échanges et éléments de réponses apportés ce lundi à Besançon

VIDÉOS • Environ 200 éleveurs se sont rendus à Micropolis Besançon pour assister à la première des deux réunions publiques organisée lundi 8 décembre 2025 par la préfecture edu Doubs concernant la dermatose nodulaire contagieuse. Pendant près de 3h, le préfet du Doubs Rémi Bastille, entouré du directeur de crise au ministère de l’Agriculture pour la DNC, Olivier Debaere et l’épidémiologiste Guillaume Gerbier ont répondu aux questions soulevées par les éleveurs et exposés leurs conclusions concernant le cas de Pouilley-Français. 

Dermatose nodulaire : à Besançon, Genevard appelle à un strict respect du protocole sanitaire

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) pourrait tuer 10% des bovins en France si le strict protocole sanitaire en vigueur n'était pas respecté, a mis en garde samedi 6 décembre 2025 la ministre de l'Agriculture, venue défendre à Besançon le récent abattage d'un troupeau de 83 vaches dans le Doubs.

Dermatose nodulaire : la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rendra ce samedi à Besançon

Pour rappel, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté dans le Doubs le 28 novembre 2025 dans une exploitation de Pouilley-Français. La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est attendue ce samedi 6 décembre 2025 à Besançon pour faire un point sur la situation sanitaire dans le département à la préfecture du Doubs.

Dermatose nodulaire à Pouilley-Français : trois bovins étaient infectés depuis trois semaines

A l'issue des opérations de dépeuplement qui se sont déroulées le 2 décembre 2025 dans une ferme à Pouiley-Français, les services de la préfecture du Doubs ont constaté la présence de nodules typiques de DNC sur quatre autres bovins. Explications.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 -1.23
ciel dégagé
le 28/12 à 18h00
Vent
3.31 m/s
Pression
1023 hPa
Humidité
93 %