Il y a un an éclatait l'affaire Daval

Publié le 26/10/2018 - 12:00
Mis à jour le 18/04/2019 - 12:31

Quand il se présente à la gendarmerie de Gray (Haute-Saône) pour signaler la disparition de son épouse
Alexia le 28 octobre 2017, Jonathann Daval semble rongé par l’inquiétude. Mais un an plus tard, l’informaticien de 34 ans est plus que jamais le suspect numéro un du meurtre de sa femme qu’il a avoué avant de se rétracter et d’accuser son beau-frère.

Dans ses premières déclarations aux gendarmes, il explique qu'Alexia, 29  ans, est partie faire un jogging, qu'elle n'est pas rentrée et qu'il s'est vainement lancé à sa recherche. D'emblée, les enquêteurs soupçonnent une issue dramatique. Des battues sont organisées. Une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration" est ouverte. Deux jours plus tard, le corps en partie calciné de la jeune femme est trouvé dans un bois, non loin de Gray.

Une joggeuse assassinée ? L'affaire en rappelle tant d'autres. Mais ce nouveau drame survient aussi en pleine affaire Weinstein et mouvement #MeToo. Bientôt, le visage d'Alexia avec ses lunettes cerclées de noir et ses cheveux blonds envahit les écrans.

Dans leur bar-PMU de Gray, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, ses parents, font face, stoïques et dignes. "Votre silence est le plus beau des hommages. Merci de respecter notre sérénité", ont-ils écrit sur une affichette qui s'y trouve toujours.

 "Mon oxygène"

Le 5 novembre, 8 à 10.000 personnes participent à une marche silencieuse à Gray. Jonathann Daval est au premier rang. Il tient deux roses à la main. Ses beaux-parents le soutiennent. Alexia "était ma première supportrice, mon oxygène(...). Cette plénitude me manquera terriblement", articule-t-il, le visage luisant de larmes.

Quand les obsèques de la jeune employée de banque sont célébrées, trois jours plus tard, c'est encore son visage tourmenté par le chagrin qui bouleverse la France. Les parents de la jeune femme sont toujours là, aux côtés de celui qu'ils "aimaient comme leur gamin".

Mais trois mois plus tard, leur monde s'effondre une deuxième fois. Entre-temps, les enquêteurs ont accumulé des "éléments accablants": des traces de pneus qui correspondent au véhicule de Jonathann, trouvées dans le bois, le GPS de la voiture qui signale qu'elle a été déplacée la nuit précédent la "disparition", un voisin qui confirme l'avoir entendue partir, les lambeaux d'un drap semblable à ceux du couple trouvés auprès du cadavre...

Le 29 janvier à 09H00, ils arrêtent le jeune homme dans le pavillon de Gray-la-Ville, où résidait le couple. Pendant de longues heures, il résiste à la pression. Mais l'étau se resserre. "Jonathann n'est pas soupçonné par hasard", finit par concéder son avocat, Me Randall Schwerdorffer, devant les micros qui se tendent.

En fin de garde à vue, le jeune homme craque. Il plaide "l'accident"."Oui, il l'a étranglée dans des violences volontaires", reconnaît Me Schwerdorffer. "Alexia avait une personnalité écrasante, il se sentait 
rabaissé, écrasé. A un moment, il y a eu des mots de trop, une crise de trop, qu'il n'a pas su gérer".

"Quand vous étranglez quelqu'un à mains nues et que vous voyez ses yeux, on ne peut pas dire que c'est un accident", réplique Me Jean-Marc Florand, conseil des parents d'Alexia. Mis en examen pour "meurtre sur conjoint", Jonathann Daval encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Traits pervers

Derrière les barreaux, sa santé se dégrade. Il maigrit et doit être pris en charge par le service médico-psychologique de la maison d'arrêt de Dijon. Une première expertise psychiatrique relève les "traits pervers" de sa personnalité et le dit capable de "manipulation". Me Schwerdorffer s'agace et dénonce une "violation du secret de l'instruction" destinée à "décrédibiliser la parole" de son client.

Car le suspect se reconstruit. Il se confie aux experts psychiatres, avance de nouvelles versions et, devant le juge d'instruction le 27 juin 2018, finit par accuser son beau-frère Grégory Gay d'être l'auteur du crime.  A l'en croire, le drame se serait noué au domicile des parents d'Alexia, dans la nuit du 27 au 28 octobre, quand Grégory Gay aurait tenté de la maîtriser au cours d'une "crise d'hystérie".

"Un pacte secret"

Tous auraient alors scellé un "pacte secret" pour dissimuler les faits. Se disant désormais innocent, Jonathann Daval dépose logiquement une demande de mise en liberté début octobre. Elle sera rejetée quelques jours plus tard.

Au tribunal, l'instruction qui pourrait s'achever d'ici à l'été 2019, suit son cours. Les très nombreuses expertises techniques demandées par le magistrat instructeur "rentrent" avec leur cortège d'indices supplémentaires. Parmi eux, un capuchon retrouvé près du corps d'Alexia. Il pourrait  correspondre à celui d'une bombe aérosol présente au domicile du jeune couple  et susceptible d'avoir été utilisée pour brûler le corps.

En novembre, Jonathann Daval devrait être de nouveau entendu sur ces nouveaux éléments avant d'être confronté aux parents, au beau-frère et à la soeur d'Alexia qui veulent lui parler "les yeux dans les yeux".

A Gray, le pavillon du couple est toujours sous scellés. "Avant on ne connaissait pas où était situé Gray, maintenant on le sait", lâche une commerçante du centre-ville. "Mais au final, ce sont deux familles en souffrance. C'est un fait divers terrible...".

Jeudi, la mère d'Alexia a publié une lettre ouverte à sa fille défunte, un cri de douleur qui s'adresse aussi à Jonathann, le "monstre" qu'elle exhorte à "assumer ses actes". Au jour anniversaire de la disparition d'Alexia, dimanche, une messe sera célébrée en sa mémoire en la basilique de Gray. Puis ses parents iront se recueillir sur sa tombe, comme chaque jour.

(Source AFP)

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