L'Assemblée débat sur l'euthanasie, mais sans parvenir à conclure

Publié le 09/04/2021 - 09:32
Mis à jour le 09/04/2021 - 09:32

« Ultime liberté » contre « rupture éthique »: l’Assemblée nationale a débattu ce jeudi 8 avril 2021 de l’euthanasie dans une atmosphère polémique sans parvenir, malgré un large soutien, ? voter sur un texte complet faute de temps face ? des milliers d’amendements.

Assemblée nationale © D Poirier
Assemblée nationale © D Poirier

Le débat s’est arrêté peu après minuit, une règle pour les journées réservées ? des groupes parlementaires pour présenter leurs propres textes.

L'examen de la proposition de loi ouvrant un droit ? "une fin de vie libre et choisie" du député Olivier Falorni, du groupe Libertés et Territoires, n'y a pas échappé: avec plus de 3.000 amendements pour la plupart destinés ? la contrer, les travaux n'ont pas dépassé l'article premier.

Bertrand Pancher, patron de ce groupe d'opposition, a plaidé pour que cette proposition soutenue par un grand nombre d'élus, notamment dans la majorité, "soit reprise par le gouvernement" pour déboucher sur une loi.

A défaut d'un scrutin final dans le temps imparti, le texte a reçu un large aval de fait lors du vote --240 voix pour, 48 contre et 13 abstentions-- en fin de soirée d'un amendement de Guillaume Chiche (ex-LREM, non inscrit) qui en reprenait des points centraux sur "l'assistance médicalisée à mourir" ou la clause de conscience pour les médecins.

M. Falorni s'est félicité d'un "message fort", même si "l'obstruction ne permet pas d'aller au bout du texte". Le député de Charente-Maritime avait été accueilli dans l'hémicycle par un tonnerre d'applaudissements de ses partisans, présents sur tous les bancs. Les Français "sont une immense majorité à être favorables au droit à l'euthanasie", une "ultime liberté", a-t-il lancé.

Une multitude d'amendements

Il a fustigé les milliers d'amendements à son texte, placés symboliquement en pile devant lui, visant à "empêcher l'Assemblée de voter" sur l'ensemble de la proposition dans le délai imparti.

Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est en revanche déclaré personnellement "pas convaincu qu'il faille ouvrir aujourd'hui ce débat d'envergure", citant notamment le lourd contexte de la pandémie de Covid-19. "Le débat mérite d'avoir lieu, ça ne fait aucun doute" mais il a "besoin de temps", sur un sujet aussi "sensible", a estimé M. Véran.

Il a toutefois promis une meilleure application de la loi actuelle, dite Claeys-Leonetti, qui prévoit une sédation profonde et continue pouvant mener à la mort, mais sans euthanasie active. Les clivages sur ce sujet douloureux et passionnel ont traversé tous les groupes politiques. "C'est peut-être l'un de sujets les plus graves de notre mandat", a souligné Marc Le Fur (LR).

Dans la majorité, Agnès Firmin-Le Bodo (groupe Agir) a plaidé pour la "liberté de choisir notre mort et de l'encadrer", une position reprise par de nombreux élus dans la majorité comme l'opposition.

"Doutes"

Mais face à la mobilisation des partisans de l'euthanasie, "les doutes sont aussi largement partagés sur ces bancs", a souligné Aurore Bergé (LREM). Des doutes aussi exprimés par le communiste Pierre Dharréville face à une "rupture éthique".

Très applaudie, Anne Genetet, autre LREM, a rappelé en tant que médecin que son serment d'Hippocrate "dit que je ne donnerai jamais la mort volontairement". Le texte visait à ouvrir le droit à une "assistance médicalisée active à mourir" pour toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection "grave et incurable".

Parmi ses soutiens, les présidents de quatre groupes parlementaires: Jean-Luc Mélenchon (LFI), Valérie Rabault (PS), Olivier Becht (Agir) et Bertrand Pancher (Libertés et territoires). Quelque 2.300 émanaient d'une poignée de députés LR, qui ont mené une longue guérilla rendant illusoire toute possibilité de vote final avant minuit. Parmi eux Xavier Breton a dénoncé "une aide au suicide" et la "transgression d'un interdit"

La présidente de la commission des Affaires sociales Fadila Khattabi (LREM) a déploré que les échanges soient de fait "censurés par quelques parlementaires opposés au sujet de la fin de vie". Des voix célèbres s'étaient élevées ces derniers jours dans les deux camps: la comédienne Line Renaud pour appuyer "un progrès essentiel", l'écrivain Michel Houellebecq pour estimer qu'avec cette loi, la France perdrait "tout droit au respect".

Les partisans du texte soulignent que l'euthanasie active avec assistance médicale est déjà permise en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas, et que l'Espagne et le Portugal viennent de légiférer en sa faveur.

Emmanuel Macron n'avait pas pris d'engagement en 2017 sur ce sujet, hormis indiquer qu'il préfèrerait personnellement choisir sa fin de vie.

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Budget de la Sécu : les députés votent sur le projet de loi ce mardi

C’est ce mardi 9 décembre 2025 que les députés doivent se prononcer sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Lundi, à la veille d'un scrutin qui s'annonce extrêmement serré, le patron du PS Olivier Faure a appelé ses députés à voter pour le projet de budget de la Sécurité sociale, menacé de rejet par les refus de LR et d'Horizons de le soutenir. De son côté, le gouvernement a multiplié les gestes pour tenter de convaincre, notamment les Ecologistes.

Dermatose nodulaire contagieuse : plusieurs élus du Doubs apportent leur “soutien total aux éleveurs de Pouilley-Français et à leur famille”

Plusieurs parlementaires du Doubs, la présidente du Département du Doubs et le président de l'association des maires ruraux du Doubs ont souhaité réagir ce mois de décembre 2025 au sujet au sujet des cas de dermatose nodulaire contagieuse de Pouilley-Français.

Dermatose nodulaire : à Besançon, Genevard appelle à un strict respect du protocole sanitaire

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) pourrait tuer 10% des bovins en France si le strict protocole sanitaire en vigueur n'était pas respecté, a mis en garde samedi 6 décembre 2025 la ministre de l'Agriculture, venue défendre à Besançon le récent abattage d'un troupeau de 83 vaches dans le Doubs.

Dermatose nodulaire : la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rendra ce samedi à Besançon

Pour rappel, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté dans le Doubs le 28 novembre 2025 dans une exploitation de Pouilley-Français. La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est attendue ce samedi 6 décembre 2025 à Besançon pour faire un point sur la situation sanitaire dans le département à la préfecture du Doubs.

Municipale 2026 à Besançon : le syndicat de la filière des musiques actuelles adresse ses questions aux candidats

Dans la perspective des prochaines élections municipales des 15  et 22 mars 2026, le syndicat de la filière des musiques actuelles (SMA) souhaite engager un dialogue avec les diverses formations politiques. C’est pourquoi, il adresse un questionnaire aux candidats à l’élection municipale de Besançon…

83 vaches abattues à Pouilley-Français : LFI dénonce une “stratégie sanitaire dépassée et destructrice”

Suite à la décision du juge des référés du tribunal administratif de Besançon qui a rejeté la requête déposée par le Syndicat des usagers de la justice (SUJ), agissant pour le compte d’un exploitant agricole de Pouilley-Français, 83 vaches ont été abattues ce 2 décembre 2025 en raison d’un cas confirmé de dermatose nodulaire contagieuse. Ce même jour, de nombreux agriculteurs s’étaient réunis pour s’opposer à cette décision. La France Insoumise du Doubs a souhaité réagir.

La Ville de Besançon repense le stationnement en centre-ville pour les professionnels

VIDÉO • Parmi les points à l’ordre du jour du prochain conseil municipal de Besançon qui aura lieu jeudi 4 décembre 2025, les élus auront à se prononcer sur plusieurs sujets, dont celui concernant le stationnement des artisans et des professionnels de santé dans le centre-ville bisontin. 

La Bourgogne–Franche-Comté organise ses premières Assises régionales de l’International

Les premières Assises régionales de l’International se sont tenues le 2 décembre 2025 à Dijon, réunissant plus de 140 participants issus d’entreprises, d’universités, d’associations, de collectivités et de la société civile.

Municipales 2026 : Nicole Friess mènera la liste “Lutte Ouvrière – le camp des travailleurs” à Besançon

Nicole Friess a annoncé samedi 29 novembre 2025 par voie de communiqué qu’elle conduira la liste "Lutte Ouvrière – le camp des travailleurs" lors des prochaines élections municipales à Besançon. La candidate inscrit cette démarche dans une volonté de porter un programme centré sur la défense du monde du travail.

Marché de Noël à Besançon : LFI dénonce “la logique du profit”

La France insoumise (LFI) Besançon exprime ses préoccupations quant au changement d’organisation du marché de Noël, place Granvelle. Dans un communiqué du 28 novembre, journée d’ouverture des festivités, le parti réagit aux inquiétudes formulées par certains exposants concernant le coût des chalets et les conditions d’accueil.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 13.53
couvert
le 09/12 à 12h00
Vent
2.22 m/s
Pression
1018 hPa
Humidité
100 %