Les Suisses refusent d'interdire les pesticides de synthèse

Publié le 14/06/2021 - 16:15
Mis à jour le 14/06/2021 - 16:18

Les électeurs suisses ont largement refusé dimanche 13 juin 2021 d’interdire les pesticides de synthèse. Ils ont en revanche accepté de muscler les mesures policières contre le terrorisme, en dépit des critiques de l’ONU et de défenseurs des droits humains.

 © D Poirier
© D Poirier

Aucun grand pays n'a jusqu'à présent interdit les pesticides de synthèse. Ailleurs dans le monde, le Bhoutan avait annoncé il y a quelques années vouloir devenir le premier pays au monde à vivre d'une agriculture "100% bio".

Les Suisses ont refusé dimanche d'engager leur pays - qui abrite un des plus grands fabricants de produits phytosanitaires, le groupe bâlois Syngenta, racheté en 2017 par le géant chinois ChemChina - sur cette voie.

"C'est un choix de la raison et du pragmatisme, c'est un choix qui garantit l'avenir de notre agriculture et qui assure la sécurité alimentaire de notre pays. Ce double non donne la possibilité au monde agricole de poursuivre ses réformes de transition vers une production plus durable", a réagi le président suisse, Guy Parmelin, en conférence de presse.

Un premier texte, qui demandait l'interdiction des pesticides de synthèse dans un délai de 10 ans, ainsi que de toute importation de denrées alimentaires produites à l'étranger à l'aide de ces produits ou en contenant, a été rejeté à 60,56%, selon les résultats définitifs.

Férocement combattue dans les campagnes, l'interdiction, soutenue par les écologistes et la gauche, a également été rejetée dans les villes de Genève et Fribourg. Le "oui" ne l'a emporté que dans le canton de Bâle-Ville - où se trouve le siège de Syngenta.

Le comité ayant présenté le texte a appelé le gouvernement à l'issue du vote à "régulièrement tester la population pour détecter les résidus de pesticides".

Une autre initiative - rejetée à 60,68% - prévoyait que les subventions de la Confédération helvétique aux agriculteurs soient versées uniquement aux exploitations qui n'utilisent pas de pesticides, bannissent l'utilisation préventive ou régulière d'antibiotiques et sont en mesure de nourrir leurs animaux avec le fourrage qu'elles produisent elles-mêmes.

Terrorisme et droits humains 

Les électeurs ont par ailleurs été 56,58% à soutenir la loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, donnant à la police les moyens d'agir plus facilement à titre préventif face à un "terroriste potentiel".

La police pourra mieux les surveiller, limiter leurs déplacements et les obliger à participer à des entretiens, ceci dès l'âge de 12 ans. A partir de 15 ans, les personnes pourront être assignées à résidence pendant neuf mois, moyennant l'approbation d'un tribunal.

Les opposants de gauche à la loi estiment qu'elle ne respecte pas les droits fondamentaux, mettant en danger l'héritage du pays en la matière. L'ONU et plusieurs experts en droit et défenseurs des droits humains avaient également crié au danger.

"La Suisse aura désormais la loi antiterroriste la moins professionnelle, la plus inefficace et la plus dangereuse du monde - un embarras majeur pour la Suisse en tant qu'État de droit", a déclaré à l'AFP le Rapporteur de l'ONU sur la torture Nils Melzer, après le vote.

"Avec cette loi, la Suisse se dote d'une définition du terrorisme imprécise qui ouvre la porte à l'arbitraire policier. Propager la crainte dans une intention politique sera déjà considéré comme du terrorisme, même si aucune menace d'acte violent n'est établie", a déploré Patrick Walder, directeur de campagne chez Amnesty International Suisse.

Le gouvernement assure que les droits fondamentaux seront garantis et fait valoir que les programmes de déradicalisation sont insuffisants face à certaines personnes.

Même si la Suisse a été épargnée par les attentats jihadistes qui ont frappé l'Europe, la menace reste "élevée" selon les autorités, qui ont fait valoir qu'"en 2020 deux attaques au couteau, probablement à +motivation terroriste+, ont eu lieu", à Morges et Lugano.

CO2 et Covid 

Les Suisses ont revanche rejeté de justesse, à 51,59%, la loi visant à réduire encore les émissions de CO2 d'ici 2030. La loi prévoyait notamment d'augmenter la taxe sur le mazout et le gaz naturel, ainsi que l'introduction d'une taxe sur les billets d'avion au départ de la Suisse.

"Le non sorti des urnes aujourd'hui n'est pas un non à la protection du climat. (...) De nombreuses personnes veulent renforcer la protection du climat mais pas de cette manière", a déclaré au cours de la même conférence de presse la ministre de l'Environnement et de l'Energie. "Le changement climatique reste urgent, c'est pourquoi il faut avancer et trouver un chemin très vite".

Pour le WWF, "les vainqueurs de la votation d'aujourd'hui auront à rendre des comptes demain. La Suisse provoque déjà des dégâts climatiques pour près de 20 milliards de francs par année".

Autre texte soumis au vote, la loi Covid, donnant au gouvernement des compétences supplémentaires pour combattre l'épidémie et atténuer ses effets sur la société et l'économie, a obtenu le soutien de 60,21% des électeurs.

(SOURCE AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Hommage aux victimes des attentats de Paris à Besançon : ”Nous devons célébrer la vie !”

VIDÉO • Dix ans jour pour jour après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, un hommage a été rendu ce jeudi matin au cimetière du Champ Brulley à Besançon, devant le cavurne d’Ariane Thieller, tuée par les balles des terroristes islamistes au Bataclan.

À la découverte des métiers de l’industrie le 18 novembre à Dole

Dans le cadre de la Semaine de l’industrie, France Travail Dole et ses partenaires organisent, le mardi 18 novembre 2025, une journée dédiée à la découverte des métiers de l’industrie. Accessible à tous, cette initiative vise à faire découvrir, informer et orienter les jeunes, les demandeurs d’emploi et les professionnels en reconversion vers des secteurs dynamiques et prometteurs.

“Il est vital que les jeunes continuent à vivre” : le témoignage de Viviane, maman d’une victime de l’attaque du Bataclan en 2015

13 NOVEMBRE 2015 - 10 ANS • Plus que les cérémonies de commémoration, Vivianne Theiller, maman d’Ariane, décédée lors de l’assaut du Bataclan le 13 novembre 2015, souhaite transmettre un message fort. Celui de "continuer à vivre, d'aller voir des concerts, s’asseoir dans les bars, rire avec des amis", sinon "les terroristes auront gagné", nous confie-t-elle avec force ce mois de novembre 2025. Pour rappel, une cérémonie est organisée à 11 heures au cimetière des Champs Bruley à Besançon où se trouve la sépulture d'Ariane. Un concert symbolique se tiendra ce jeudi soir à la Rodia avec le groupe de rock américain Frankie and the Witch Fingers et le duo anglo-bisontin Dead Chic.

Le préfet renforce la réglementation sur les armes blanches en Haute-Saône

Certaines armes blanches, présentant une dangerosité particulière, relèvent dorénavant de la catégorie A1. Il s’agit des couteaux dits « zombie » et des coups de poing américains à 4 trous postérieurs à 1900. Les détenteurs, commerces non autorisés et particuliers, ont jusqu’au 7 décembre 2025 pour les remettre à un service de police ou à une unité de gendarmerie.

Attentats du 13 novembre : des hommages au cimetière des Champs Bruley et à La Rodia à Besançon

Jeudi 13 novembre 2025 marquera le dixième anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, survenus à Paris et à Saint-Denis. Ces attaques, qui avaient visé la salle de concert du Bataclan, plusieurs terrasses de cafés et le Stade de France, avaient causé la mort de 132 personnes et fait 493 blessé(e)s.

Le préfet de la Haute-Saône interdit les free party, teknivals et rave party

Un arrêté préfectoral a été déposé ce jour par le préfet de la Haute-Saône, Serge Jacob, pour interdire des rassemblements festifs à caractère musical de type "free party, teknival et rave party" du 7 novembre 2025 à 18 heures au 12 novembre 2025 à 8 heures dans tout le département. Celui-ci concerne également l’interdiction de circulation de véhicules transportant du matériel de sonorisation à destination de ces rassemblements non autorisés. 

Sécurité et narcotrafic : Jérôme Durain embarque les Régions à prendre part aux réflexions nationales

À l'occasion du 21e Congrès des Régions de France, le conseil des régions a annoncé la création d'un groupe de travail consacré aux questions de sécurité et de prévention. Tandis qu'elles n'ont pas la compétence de la sécurité, elles souhaitent mlagré tout renforcer leur place dans la réflexion nationale sur ces sujets. Cette nouvelle instance sera présidée par Jérôme Durain, président de la Région Bourgogne Franche-Comté, lui qui était surnommé 'Monsieur Narcotrafic' lorsqu'il était sénateur.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 11.31
couvert
le 13/11 à 21h00
Vent
0.87 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
100 %