Ancien médecin réanimateur-anesthésiste réputé, l'homme de 53 ans est jugé depuis lundi par la cour d'assises du Doubs pour 30 empoisonnements de patients sur la table d'opération, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017. "Les docteurs Sébastien Pili-Floury et Anne-Sophie Balon ont fait figure de lanceurs d'alertes dans cette affaire", a souligné devant la cour l'ancien commandant adjoint de la sûreté départementale du commissariat de Besançon, Fabrice Charligny.
Son service est saisi par le parquet dès l'ouverture de l'enquête, après l'arrêt cardiaque inexpliqué de Sandra Simard, 36 ans, le 11 janvier 2017. La patiente avait été transférée au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon pour terminer sa réanimation. Anne-Sophie Balon était chargée de son anesthésie. "Sidérée" face à l'arrêt cardiaque de sa patiente, que rien ne prédisposait à un tel incident, la jeune anesthésiste se rend au CHU avec son électrocardiogramme. "Elle voulait comprendre ce qui c'était passé", se remémore M. Charligny.
Une quantité de potassium 100 fois supérieure à la normale est découverte lors des analyses
En regardant les tracés, le chef du service de réanimation du CHU, Sébastien Pili-Floury, soupçonne un excès de potassium (hyperkaliémie). Sur son conseil, Mme Balon fait saisir le matériel médical ayant servi à l'intervention. Une quantité de potassium 100 fois supérieure à la normale est découverte lors des analyses. La direction de la clinique alerte alors le parquet de Besançon qui ouvre une enquête. L'affaire Péchier commence.
Le docteur Pili-Floury fait part ensuite aux enquêteurs de plusieurs cas similaires de patients de la clinique Saint-Vincent, qui avaient dû être réanimés au CHU. Avant ces faits, "plusieurs enquêtes" de police portant sur des arrêts cardiaques suspects "n'avaient pas abouti, c'est vraiment ce cas de 2017 qui a permis de tirer les fils" de l'ensemble des 30 empoisonnements dont est aujourd'hui accusé le docteur Péchier, a remarqué la présidente de la cour, Delphine Thibierge.
Frédéric Péchier est soupçonné par l'accusation d'avoir pollué les poches de perfusion de patients pour provoquer leur arrêt cardiaque et discréditer des collègues avec qui il était en conflit, tout en démontrant ses qualités de réanimateur.
Ce père de trois enfants a toujours clamé son innocence. Il comparaît libre, mais risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.
(Source AFP)