Rapatriement depuis l'Australie  : le parcours semé d'embûches d'une Bisontine

Publié le 08/04/2020 - 17:18
Mis à jour le 08/04/2020 - 20:48

Témoignage •

Partie en septembre 2019 pour un Road Trip entre Nouvelle-Zélande, Australie et États-Unis, Florine a enfin réussi à rentrer en France le week-end dernier , non sans stress et quelques difficultés pour revenir à Besançon…

Professeure des écoles, Florine Cholley, 28 ans, a décidé de prendre une disponibilité d'une petite année avec son ami pour voyager, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures et de nouvelles personnes.  "J'avais mis assez d'argent de côté pour pouvoir en profiter et ne pas avoir de soucis financiers. Tout s'annonçait bien..." témoigne-t-elle. Jusqu'à être dans l'obligation de raccourcir de quatre mois son périple.

© Florine C ©
© Florine C

Pays anglophone, "très nature" et à la réputation d'être très accueillant, la Nouvelle-Zélande sera le premier point de chute de Florine. Grâce à un visa vacances-travail , elle y reste avec son compagnon durant cinq mois et sillonne le pays avec un van qu'ils ont eux-mêmes aménagé.

"C'était magnifique, la faune et la flore sont incroyables, les gens adorables. Et même si le mode de vie était un peu rustique - il faut oublier les douches quotidiennes, et la bonne cuisine quand on vit en van ! C'est une expérience incroyable et vraiment enrichissante. J'ai adoré !"

Avant de visiter les États-Unis, Florine poursuit son voyage et arrive en Australie le 16 février 2020 et parcourt la côte Est. Elle arrive le 15 mars à Sidney et retrouve Mathilde, une amie avec qui elle devait voyager durant deux mois pour arpenter le sud de l'Australie en van à partir du 21.

"Je n'ai jamais remis en question mon voyage. C'est en arrivant à Sydney que j'ai commencé à me poser quelques questions. Une ambiance un peu particulière. Les magasins manquaient de papiers toilette, de pâtes et de riz. Les gens sortaient beaucoup avec des masques, les lieux touristiques étaient moins fréquentés. Mais l'Australie ne comptait pas encore beaucoup de cas. On continuait à vivre assez "normalement"

Dans le même temps, le confinement est décrété en France. L'auberge de jeunesse dans laquelle elle se trouve n'accepte plus de nouveaux arrivants uniquement s'ils prouvaient être arrivés en Australie depuis plus de 14 jours.

"Je rentre ou je reste ?"

Ne souhaitant pas mettre un terme au "voyage d'une vie", Florine décide de louer un Van avec son amie jusqu'au 8 avril.  "J'étais loin de m'imaginer que les choses allaient se dégrader aussi vite..."

Deux jours après leur départ de Sidney, l'ambassade de France conseille aux touristes ayant un visa se terminant avant le 30 juin de rentrer au plus vite. "C'était mon cas. J'ai pris la décision de rentrer. Ça a été très dur à accepter. Mathilde a pris la même décision quelques jours après moi..."

Et la galère pour trouver un vol commence avec des prix allant de 500 euros à... 8.000 euros le billet, prix le plus sûr pour rentrer. Impossible. Sans compter sur les annulations. "Sur les comparateurs en ligne, nous trouvions des vols, mais la plupart étaient annulés d'avance, soit parce que la compagnie les avait supprimés ou parce que l'aéroport d'escale était fermé.  Ça a été très compliqué, mais surtout scandaleux que les compagnies vendent des billets perdus d'avance ! Certains aéroports demandaient une attestation d'un médecin prouvant que nous n'étions pas positifs au Covid-19..."

L'ambassade a créé un document afin de recenser les Français, trop nombreux, devant rentrer. "On nous a dit qu'il y aurait des rapatriements, que ça prendrait un peu de temps, mais qu'on serait pris en charge. Nous étions rassurées..."

"Le confinement nous pendait au nez... "

L'Australie émet alors des règles plus strictes. "Ils commençaient à fermer les campings, les lieux touristiques, et la population devenait un peu moins accueillante. Il n'y avait pas de confinement, mais la population était appelée à rester à domicile.  Nous avons fait plus d'une heure de route pour arriver sur un camping, finalement fermé à cause du coronavirus."

Le confinement nous pendait au nez et nous nous sommes inscrites sur sosuntoit.fr un site pour ressortissants français qui sont à la rue. Malheureusement il y avait trop peu d'accueillants. Quand nous contactions les volontaires, ils avaient déjà eu 150 appels avant nous ! Échec pour nous : on a donc continué à vivre dans notre van, en attendant un rapatriement. C'était long !"

27 mars 2020

Nouvel appel à l'ambassade et changement de discours. Tous les Français ne pourront pas être rapatriés. Uniquement les mineurs, personnes fragiles ou sans ressources. "Ils nous ont dit de nous débrouiller par nos propres moyens et avant le 15 avril, sinon nous risquions d'être bloquées pendant longtemps. Gros stress ! " Après cette date, il n'y aurait en effet plus aucun accord avec les compagnies aériennes. "Ils nous ont donné le nom d'une compagnie sûre avec qui ils avaient négocié des vols et à 1.700 euros environ au lieu de 8.000, ce qui reste très cher..."

Après quelques heures de réflexion et plusieurs recherches, Florine et Mathilde tombent sur un vol à 830 euros pour le 3 avril. Soulagement. "L'ambiance du pays se dégradait et les locaux nous voyaient vraiment d'un mauvais oeil. Il fallait trouver des endroits "cachés" pour dormir. Ça a été la galère et j'étais vraiment contente de ne pas être seule. Avec Mathilde on s'est beaucoup soutenues."

En attendant leur vol, les jeunes femmes ont reçu trois mails de l'ambassade proposant des places dans des avions de rapatriement mis en place par le gouvernement. "Chaque mail est arrivé deux heures avant l'heure de décollage de l'avion. Impossible de les avoir à temps. Certains n'étaient pas pleins. Ces vols de "rapatriement" étaient négociés avec la même compagnie que nous avions prise. "Rien à voir avec les rapatriements qu'on voyait à la télévision avec Air France (...) La situation en Australie ne justifiait pas de vol de rapatriement, étant donné que la situation sanitaire en Australie était meilleure qu'en France. Mais ça on l'a su un peu tard..."

"En traversant la moitié de la Terre pour rentrer, on se rend vraiment compte que tout, et tout le monde est à l'arrêt..."

3 avril 2020

Le Jour J. Florine monte à bord du vol commercial Melbourne - Paris via à Doha " Aéroports vides. "Tout le monde se méfiait de tout le monde. J'avais l'impression que c'était irréel, d'être dans un film."

Je n'ai pas réussi à trouver un masque avant de partir pour prendre l'avion, "mais le point positif dans cette galère, c'est que j'avais mon masque naturel : après une semaine sans douche, personne ne voulait s'approcher de moi (rires)"

Arrivée ce samedi 4 avril à Paris, la Franc-Comtoise est revenue en TGV sur Besançon avec la légère amertume de ne pas avoir pu terminer son voyage. Mais Florine se dit heureuse d'être de retour en France et de revoir sa famille après sept mois d'absence. "Je voulais vraiment aller jusqu'au bout et profiter de cette année. Mais dans ces conditions, je sais que ce n'était plus possible. J'ai pris la bonne décision de rentrer et je relativise. Le plus dur est peut-être le voyage annulé avec mes parents adorés aux États-Unis au mois de mai. Mais bon, il y a plein de belles expériences à vivre à Ecole-Valentin !"

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Coronavirus COVID-19

Covid-19 : le repli de l’épidémie se confirme selon l’agence régionale de santé

Avec un taux d’incidence en population générale désormais sous la barre des 400 cas pour 100/000 habitants, l’épidémie confirme son repli en Bourgogne-Franche-Comté selon les derniers chiffres de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté.  Le taux de positivité des tests perd 5 points mais reste cependant élevé à près de 25%.
 

Covid-19 : le nombre de patients testés a doublé en un mois en Bourgogne-Franche-Comté  

Le nombre de tests a "de nouveau franchi" la barre des trois millions en une semaine, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé, sur fond de septième vague de l'épidémie de Covid-19. En Bourgogne-Franche-Comté, plus de 77.000 personnes ont réalisé un test antigénique ou PCR entre le 27 juin et le 3 juillet 2022 contre 54.000 la semaine précédente et 33.000 début juin.

Société

La véritable recette de l’Irish coffee

À l’occasion de la Saint-Patrick dimanche 17 mars 2024, l’équipe de maCommune.info a souhaité vous partager la vraie recette de l’Irish coffee. N’étant pas spécialistes en la matière nous avons donc demandé à l’une de nos connaissance irlandaise Brian (un nom comme ça, ça ne s’invente pas), de nous donner la vraie recette du délicieux breuvage irlandais. So come with us in the Brian's kitchen !

Toxicomanie : le cœur de ville abritera-t-il une salle de shoot à Besançon ?

Comme nous vous l’annoncions le 30 janvier 2024, la Ville de Besançon réfléchit à la mise en place expérimentale d’une "halte santé addiction", appelée plus vulgairement "salle de shoot". Où sera-t-elle implantée ? Combien de personnes pourraient être accueillies ? Si le chiffre est encore difficile à évaluer, a minima 150 à 200 personnes pourraient déjà être concernées selon les données collectées par le CCAS, apprend-on vendredi 15 mars 2024 lors d’une conférence de presse.

Guerre en Ukraine : menace nucléaire, envoi de troupes… ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

Jeudi 14 mars 2024, Emmanuel Macron a affirmé aux journaux télévisés de 20H de TF1 et France 2 en direct de l’Élysée, que les Européens devaient être prêts à "répondre" à une "escalade" de la Russie, jugeant qu'elle ne "s"arrêtera pas là" si elle gagne la guerre en Ukraine, mais a assuré que jamais ils ne prendraient "l'initiative" de l'engagement militaire face à cette puissance nucléaire.

Dans le Jura, une association appelle à abandonner la réfection de la piste de l’aéroport Dole-Tavaux

Partout en France, y compris dans le Jura, des associations de protection de l’environnement élèvent la voix pour demander un plafonnement des mouvements d’avions ”au-dessous du niveau de référence de 2019”. Objectif : diminuer le bruit, la pollution de l’air et les émissions de CO2. À Menotey, l’association Serre Vivante appelle à stopper le projet de réfection de la piste de l'aéroport Dole-Tavaux.

Protection judiciaire de la jeunesse : le ministère de la Justice recrute 157 éducateurs

Avec un budget sans précédent qui dépasse pour la première fois les 10 milliards d'euros, sous l’impulsion d’Éric Dupont-Moretti, garde des Sceaux, le ministère de la Justice poursuit le recrutement en 2024, avec de 157 postes d’éducatrices et d’éducateurs pour sa direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), accessibles par concours. Leur mission : accompagner les jeunes confrontés à la justice. Les inscriptions sont ouvertes.

Où fêter la Saint-Patrick à Besançon ?

La fête de la Saint-Patrick, le patron de l’Irlande, est le 17 mars. Cette année 2024, puisqu'elle tombe un dimanche, les brasseries, bars et autre débits de boissons spécialisés dans la bière à Besançon, proposent de festoyer (avec modération) vendredi 15 et samedi 16 mars. Voici quelques idées de sorties...

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 5.02
nuageux
le 19/03 à 6h00
Vent
1.71 m/s
Pression
1018 hPa
Humidité
95 %