Nommé par Emmanuel Macron en septembre 2017 pour préparer la réforme des retraites, M. Delevoye considère que la "confiance est fragilisée sous les coups d'attaques violentes et d'amalgames mensongers" et qu'à travers son "procès", on "veut porter atteinte au projet" de réforme des retraites qu'il juge "essentiel pour la France", explique-t-il dans une déclaration transmise à l'AFP. Il sera remplacé "dans les plus brefs délais", a précisé l'Élysée qui a accepté sa démission "avec regret".
Une démission à la veille d'une journée de grève
Le désormais ex-"Monsieur retraites" du gouvernement a reconnu avoir omis de déclarer sa fonction d'administrateur bénévole dans un institut de formation de l'assurance, l'Ifpass, et a rectifié ce weekend sa déclaration d'intérêts en déclarant 13 mandats, dont 11 bénévoles, soit dix de plus que dans la version initiale.
Il a aussi cumulé sa fonction gouvernementale avec celle, rémunérée, de président de Parallaxe, un institut de réflexion sur l'éducation, cumul déclaré mais pas autorisé. Il s'était engagé à rembourser les sommes perçues.
Cette démission intervient à la veille d'une journée peut-être décisive, l'ensemble des syndicats appelant désormais à la grève et la manifestation, y compris les réformistes, comme la CFDT, la CFTC, l'Unsa ou les étudiants de la Fage.
L'âge d'équilibre en jeu
Ces organisations sont furieuses que le Premier ministre ait maintenu une mesure d'âge d'équilibre dans son projet de transformation des 42 régimes de retraite existants en un système universel par points.
La fixation d'un "âge d'équilibre", de 64 ans en 2027, signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d'un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d'un bonus. Il s'agit d'encourager l'allongement des cotisations pour maintenir l'équilibre financier du système.
Sur cette mesure, "le gouvernement fait une profonde erreur en terme de justice sociale et aussi une profonde erreur politique s'il persiste", a insisté Laurent Berger, renouvelant ses revendications également sur la pénibilité ou l'accompagnement des transitions.
Favorable à une retraite universelle par points, la CFDT ne sera pas dans la tête du cortège parisien, entre République et Nation. Elle refuse de défiler au côté de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU et des organisations de jeunesse) dont elle ne partage pas le mot d'ordre de retrait de la réforme.
Cette intersyndicale a prévu de se retrouver mardi soir pour décider de la suite, alors que les syndicats réformistes attendent toujours une date pour une réunion à Matignon.
Outre les cheminots, les enseignants, les fonctionnaires, les avocats et magistrats, les internes, médecins et soignants seront mobilisés, parfois dans des cortèges séparés, dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour l'hôpital.
Noël avec ou sans trains ?
Y aura-t-il des trains à Noël? Gouvernement et syndicats se renvoient la responsabilité d'une éventuelle paralysie du pays pendant les fêtes."Faire grève, c'est légitime, mais on peut respecter des moments comme les fêtes de fin d'année", a affirmé la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne.
"Si le gouvernement retire son projet et (qu')on discute sérieusement (...), tout se passera bien. Sinon, les grévistes décideront de ce qu'ils ont à faire jeudi ou vendredi", a déclaré dimanche le numéro 1 de la CGT, Philippe Martinez.
L'entreprise ferroviaire doit informer individuellement mardi les usagers sur le maintien ou l'annulation de leur train pour le premier weekend des vacances. Comme prévu, la région parisienne a vécu une nouvelle matinée noire lundi.
Sur les routes d'abord, avec près de 200 km de bouchons à la mi-journée, après un pic à plus de 600 km peu avant 9H00, soit deux fois plus qu'une journée normale.
Dans les transports publics ensuite, où les très fréquentés RER A (1 sur 2) et B (1 sur 3) continuent de connaître de fortes perturbations. Huit lignes de métro sont encore totalement fermées, six très perturbées. Seules les lignes automatisées (1, 14, Orlyval) circulent normalement. A la SNCF, où 61% des conducteurs sont en grève (un taux en légère baisse), un tiers des TGV, un quart des Transilien et 4 TER sur 10 en moyenne circulent.
Par ailleurs, des blocages ont été mis en place par des routiers tôt dans la matinée à Lille, Vannes, Toulouse, Lyon, Nancy ou Miramas pour réclamer de meilleures conditions de travail et de salaires. Face à ces difficultés, plusieurs universités ont décidé d'annuler ou de reporter les examens de fin d'année.
(Source AFP)