L'anesthésiste F. Péchier mis en examen pour 17 nouveaux cas d'empoisonnements "sur personne vulnérable"

Publié le 16/05/2019 - 17:16
Mis à jour le 16/05/2019 - 22:00

Mise à jour à 21h •

 30 mois d’enquête, 1.300 procès verbaux, 60 cas suspects. Le procureur de Besançon a tenu une conférence de  presse à l’issue des 48h de garde à vue du Dr Péchier. L’anesthésiste de Besançon doit être mis en examen pour « empoisonnement sur personne vulnérable » dans 17 nouveaux cas dont sept mortels sur des patients de 4 à 80 ans. Le parquet a requis un placement en détention provisoire. 

Après à sa mise en examen en mars 2017  et suite sa garde à vue depuis le 14 mai 2019, le Dr Frédéric Péchier est désormais soupçonné de 24 empoisonnement dont neuf mortels.

Les poursuites engagées par le parquet de Besançon à l'encontre de l'anesthésiste Frédéric Péchier pour "empoisonnement sur personne vulnérable" visant 17 nouveaux cas présumés, s'ajoutent aux sept empoisonnements pour lesquels il avait déjà été mis en examen en 2017.

"17 dossiers ont été retenus" portant notamment sur des arrêts cardiaques survenus lors d'interventions chirurgicales sur des patients âgés de 4 à 80 ans dont "sept n'ont pas survécu", a expliqué lors d"une conférence de presse Étienne Manteaux,  le procureur de la République de Besançon. Ce dernier a requis le placement en détention du médecin de 47 ans. La décision du juge des libertés sera connue dans la soirée.

Frédéric Péchier dénonce un complot

Le procureur a tenu à souligner que le médecin bénéficiait de la présomption d'innocence. "Au début de sa garde à vue, Frédéric Péchier a dénoncé un complot, considérant que les EIG sur lesquels il était questionné étaient la résultante des limites professionnelles de ses collègues", a révélé le magistrat. Plus tard, a-t-il ajouté, "il a admis que des actes criminels, des empoisonnements, ont bien été commis à la clinique Saint-Vincent" tout en affirmant "qu'il n'était pas l'auteur de ces empoisonnements".

Diagnostics précoces, faisceau d'éléments concordants

Évoquant "un faisceau d'éléments concordants", le procureur a énuméré "l'arrêt des EIG depuis qu'il (le Dr Péchier) n'exerce plus à la clinique Saint-Vincent", la "multiplication des EIG dans les périodes de conflit intense entre lui et ses collègues" et son "omniprésence dans la gestion des réanimations en cas d'arrêts cardiaques".

Il "se trouvait le plus souvent à proximité immédiate de la salle opératoire", a-t-il souligné, faisant des "diagnostics précoces" dans des situations "où rien ne permettait à ce stade de suspecter un surdosage en potassium ou aux anesthésiques locaux".

Ces EIG s'inscrivaient "dans un contexte de conflit aigu avec ses collègues anesthésistes ou chirurgiens au sein de la clinique Saint-Vincent" de Besançon. Il était aussi le "seul anesthésiste présent le jour de l'ensemble des EIG suspects" ou peu de temps avant et le seul "à ne pas avoir été concerné par un EIG suspect" pendant la période incriminée.

"Dénominateur commun"

Le Dr Péchier, qui encourt la "réclusion criminelle à perpétuité" est "apparu comme le dénominateur commun" des événements indésirables graves (EIG) relevés par le corps médical entre 2008 et 2016, a dit le procureur. Au terme  de l'enquête, le parquet a choisi d'en retenir 17 sur les 66 dossiers qui avaient été relevés pendant cette période, a-t-il détaillé.

"Nous avons affaire à un professionnel de santé particulièrement habile qui a agi lorsque personne ne se trouvait dans les salles d'anesthésie, qui a su varier dans le temps la nature des poisons administrés pour ne pas éveiller les soupçons", a affirmé le procureur de Besançon.

Retour sur la garde à vue

L'interrogatoire s'inscrit dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte parallèle à l'époque de sa mise en examen, intervenue en mars 2017.

Jeudi 16 mai 2019 à 8h30, deux voitures ont quitté en trombe l’antenne de police judiciaire de Besançon avec, dans la première, un homme dissimulant son visage. A l'issue d'une garde à vue de 48h, l'anesthésiste a été présenté au procureur de la République.

Le médecin-anesthésiste, déjà mis en examen en 2017 pour sept empoisonnements dont deux décès, a été placé en garde à vue mardi 14 mai 2019 au matin dans les locaux de la police judiciaire de la ville pour être interrogé sur 35 autres arrêts cardiaques suspects dont une douzaine mortels provoqués par l'administration de doses potentiellement létales de potassium et d'anesthésiques. Mercredi la garde à vue a été prolongée de 24h.

En marge de la garde à vue, les auditions de témoins se sont multipliées depuis mardi à l'antenne de la PJ de Besançon : des patients, proches de patients, des soignants et la directrice de la clinique St-Vincent, Valérie Fahoury.

La justice cherche désormais à faire la lumière sur une éventuelle implication dans une cinquantaine d'autres incidents médicaux suspects (EIG : événement indésirable grave) qui pourrait dissimuler des "faits d'empoisonnement potentiels", selon une source proche du dossier. Ils avaient pourtant tous fait des arrêts cardiaques et seuls cinq ont pu être réanimés. Le docteur Péchier avait été appelé pour en secourir certains. Ces arrêts cardiaques avaient été provoqués par l'administration de doses potentiellement létales de potassium et d'anesthésiques, a établi l'enquête.

Les enquêteurs privilégient la thèse du "pompier pyromane" et le soupçonnent d'avoir sciemment modifié les poches d'injection de confrères afin de provoquer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.

Les parents de Teddy portent plainte contre le Dr Péchier

Un des EIG concerne le petit Teddy. Le 22 février 2016, alors qu'il a que 4 ans, il est victime de deux arrêts cardiaques suite à choc anaphylactique lors d'une opération des amygdales. Le Dr Péchier, qui n'est pas son anesthésiste selon Me Jean-Marie Vernier, l'avocat de la famille, le "sauve" à deux reprises. Une plainte contre X a été déposée par la famille début 2017. Mardi, ils ont cette fois porté plainte contre le Dr Péchier.

Frédéric Péchier "clame son innocence"

Frédéric Péchier, 47 ans, a toujours clamé son innocence. Il a été déféré ce jeudi 16 mai 2019 dans la matinée au parquet et a été présenté au procureur de la République de Besançon en présence de ses avocats Mes Randall Schwerdorffer et Ornella Spatafora ainsi que Jean-Yves leborgne, qui défend par ailleurs Carlos Ghosn.

Randall Schwerdorffer parle d'un acharnement judiciaire à l'égard de son client. Il estime que la cinquantaine de cas dont font écho les médias est largement surestimée et que le dossier d'instruction "manque d'épaisseur".

Retrouvez le direct de la conférence de presse de France 3 Franche-Comté

1 Commentaire

Il faut le mettre en prison à vie et il n'avouera pas ses faits dont il doit avoir honte
Publié le 17 mai 2019 à 07h02 par Pascal Carry • Membre

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anesthésiste empoisonnement

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