Après un siècle d’oubli, l’atelier restauré de Gustave Courbet se révèle à Ornans

Publié le 16/02/2022 - 16:00
Mis à jour le 17/02/2022 - 08:31

Oublié pendant près d’un siècle, l’atelier de Gustave Courbet (1819-1877), qui recèle ses seules peintures murales, a ouvert au public dans sa ville natale d’Ornans où le musée qui lui est dédié offre en parallèle l’exposition « Un atelier à soi ».

 © CD 25 - Jack Varlet
© CD 25 - Jack Varlet

Visites guidées jusqu’au 31 mai 2022 14 avenue Maréchal de Lattre de Tassigny, à Ornans. 

Après une campagne de restauration débutée en 2019, l’atelier de Gustave Courbet d’Ornans, site du pôle Courbet, ouvre ses portes pour des visites guidées sur réservation, assurées par un guide conférencier, des samedis et dimanches à 15h45, du 5 février au 31 mai 2022.

"Ces deux peintures ont survécu aux affres du temps, c’est un trésor !" confie le conservateur du musée Courbet, Benjamin Foudral. Les oeuvres intitulées La Seine à Bougival et L’Escaut se jetant dans la mer occupent chacune un bandeau horizontal d’une quinzaine de mètres carrés sur une surface incurvée au niveau du plafond de l’atelier, une grande pièce carrée fermée d’une verrière et peinte en rouge comme à l’époque où l’artiste l’occupait.

Les rives de la Seine et de l’embouchure de l’Escaut qui se jette dans la mer du Nord, en Belgique, "sont des paysages qui lui tenaient à coeur, où il a beaucoup peint", explique M. Foudral.

L’atelier dans la campagne de Courbet était aussi un lieu d’échanges et de sociabilités où il recevait ses plus fervents admirateurs, comme le critique d’art Castagnary.

Au plafond, des hirondelles voletant dans les nuages ont été peintes "probablement par Courbet", bien que la documentation manque pour l’affirmer de manière catégorique, note le conservateur. De la propriété qui s’étendait jusqu’aux bords de la rivière, l’artiste avait une vue panoramique sur tout le cirque des falaises calcaires de la vallée de la Loue, l’un de ses sujets de prédilection. Le chantre du réalisme a créé son atelier en 1860 à Ornans. Il peignit sur place de nombreux paysages, ainsi que L’Hallali du cerf ou encore Vénus et Psyché.

Un moment patrimonial rare

À sa mort, sa sœur Juliette hérita des lieux et construisit une extension à l’atelier, où elle installa la première salle d’exposition dédiée à son frère. Sans enfant, elle légua ensuite l’ensemble à des amies : elles le vendirent à un négociant en vins, qui utilisa la pièce comme entrepôt. Le Conseil départemental du Doubs racheta l’atelier de Gustave Courbet en 2007 et une minutieuse campagne de restauration fut engagée en 2019.

L’ouverture au public se fait pour l’instant uniquement sur réservation et en visite guidée afin de limiter la jauge et préserver les lieux. À terme, l’atelier, dont les meubles d’époque ont disparu, accueillera des expositions, des ateliers pédagogiques et des résidences d’artistes. "C’est un moment patrimonial très fort car la redécouverte d’un atelier qui concerne un artiste majeur du XIXe siècle, c’est très rare", relève Benjamin Foudral.

Pour accompagner l’ouverture de l’atelier, le musée Courbet propose jusqu’au 27 mars l’exposition Un atelier à soi. Celle-ci explore la place de cet atelier dans la trajectoire artistique du peintre et, plus largement, l’évolution du rapport entre les artistes contemporains de Courbet et leur espace de travail.

Une soixantaine de prêts

L’exposition, qui bénéficie de plus d’une soixantaine de prêts, présente des portraits d’artistes peints dans leurs ateliers, ainsi que des sculptures, des photographies telles que Gustave Courbet peignant l’Hallali du cerf dans son atelier, par Etienne Carjat, des gravures et des dessins de l’époque. Montrée pour la première fois au public, la sculpture en bronze Le pêcheur aux chabots, réalisée en 1863 par Courbet pour la ville d’Ornans, avant d’être déboulonnée, est exceptionnellement prêtée par ses propriétaires.

Au XIXe siècle, on observe un "changement du statut social des artistes qui vont s’approprier leur espace de création", observe le conservateur. "Ils vont l’adapter à leurs pratiques et à leur volonté de visibilité. L’atelier reste un lieu de création, mais aussi milieu de sociabilité, de représentation et d’échanges". "Courbet est symptomatique de cette évolution", selon l’historien, son fameux tableau intitulé L’Atelier du peintre (1855, musée d’Orsay) "synthétise ce changement en montrant toute la société qui gravite autour de l’artiste".

Info +

Horaires d’ouverture au public du 5 février au 31 mai 2022

Les samedis et dimanches à 15h45, sauf les 12, 20 et 26 mars ainsi que les 2,3 et 9 avril et le 14 mai.

Les dates et horaires des visites guidées à partir du 1er juin seront disponibles sur : www.musee-courbet.fr

  • Durée de la visite : 50 minutes environ ; il convient de se présenter dix minutes avant
  • Tarifs : 4€ - gratuité quand la visite guidée de l’atelier est couplée avec la visite du musée Courbet
  • Mesures sanitaires en vigueur et pass vaccinal. Jauge limitée à 17 personnes.
  • Parking autour du centre d’animations et de loisirs, rue de la Corvée.

Achat du billet en ligne sur le site Internet du musée ou à l’accueil du musée Courbet

Deux expositions sont également ouvertes :

Un atelier à soi, jusqu’au 27 mars 2022 au musée Courbet, 1 place Robert Fernier, à Ornans.

  • Ouverture : le lundi de 14h à 17h et du mercredi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 17h. Fermeture le mardi.

Peindre la femme vraie, Gustave Courbet et ses modèles,

  • jusqu’au 17 avril 2022 à la Ferme Courbet, 28 grande rue, à Flagey.
  • Ouverture : jusqu’à mars, du mercredi au vendredi de 13h à 17h, et le weekend de 13h à 18h.
  • En avril : tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h.
  • réservations recommandées - 03 81 53 03 60 - fermecourbet@doubs.fr.
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