La défiance vaccinale, l'autre épidémie qui se propage en France

Publié le 02/12/2020 - 14:45
Mis à jour le 12/02/2021 - 17:39

Comment le pays de Louis Pasteur, né à Dole dans le Jura, est-il devenu l’un des plus anti-vaccins au monde? La forte défiance, née avant le Covid-19, se propage notamment avec des personnalités, parfois très connues, qui n’hésitent pas à relayer de fausses informations.
 

©DR ©
©DR ©

Lina (prénom modifié) ne se fera pas vacciner contre le Covid-19. Elle n'a d'ailleurs pas fait les vaccins obligatoires à son bébé de 6 mois: elle s'est débrouillée pour obtenir de faux certificats, ce qui est illégal.

Cette artiste de 32 ans dit avoir rencontré, il y a quelques années, un jeune homme handicapé "à cause d'un vaccin". Et depuis qu'elle est devenue mère, elle s'est "renseignée". Elle a "navigué" sur internet, regardé des chaînes YouTube, parlé avec des amis. Sur le coronavirus, "on a tous le sentiment qu'on ne nous dit pas vraiment la vérité", lâche-t-elle.

Lina fait partie des plus radicaux parmi les anti-vaccins, mais ce groupe hétérogène a vu ses rangs grossir ces dernières années. Mi-2019, une enquête mondiale concluait que la France était le pays le plus sceptique envers les vaccins: un Français sur trois ne croyait pas qu'ils soient sûrs.

Et selon un sondage Ifop publié dimanche par le JDD, 59% des Français n'ont pas l'intention de se "faire vacciner (contre le coronavirus) lorsque cela deviendra possible".

Pourtant, il y avait une "adhésion forte" aux vaccins en France, selon Jocelyn Raude, psychologue social à l'école des hautes études en santé publique. Le "basculement" a eu lieu en 2009, avec "le fiasco" de la grippe H1N1: des millions de personnes ont été vaccinées alors que maladie s'est révélée assez bénigne. Puis il y a eu le scandale du médicament Mediator, dans lequel les autorités sanitaires ont été mises en cause.

Des figures anti-vaccin ont émergé: le professeur Henri Joyeux est le plus connu. En 2014 et 2015, il publie sur internet des pétitions anti-vaccin. Il organise des conférences: en 2017, il dénonce "la dictature vaccinale". "Souvent invité à la télé, il a donné de la crédibilité" aux anti-vaccins, explique Jocelyn Raude.

"Pactole inimaginable"

Le coronavirus a accru la notoriété d'autres personnalités, dont les fausses affirmations sont régulièrement démontées par l'AFP.

Parmi les plus suivies, avec plus de 500.000 abonnés à sa chaîne YouTube, Thierry Casasnovas. Ce crudivore adepte du jeûne démontre au fil de ses vidéos que "la maladie n'existe pas" et que l'on peut se passer de traitements médicaux conventionnels.

Il est proche du Belge Jean-Jacques Crèvecoeur, dont la vidéo "Coronavirus – se soumettre ou se mettre debout" a été vue plus de 800.000 fois sur YouTube, qui l'a supprimée.

Il y a aussi un ex-pharmacien, Serge Rader. "Sept milliards de personnes à vacciner, c'est un pactole inimaginable! (...) Toute cette peur volontairement amenée dans le mental des gens pour qu'à moment donné, on accepte le vaccin salvateur", a-t-il lâché sur Sud Radio.

L'acteur-humoriste Jean-Marie Bigard a interrogé sur Facebook: "Moi, je ne me ferai pas vacciner, je ne le sens pas et vous?". Dans les commentaires, une longue série de propos anti-vaccin.

La starlette de téléréalité Kim Glow connait également un certain succès. Début novembre, elle affirmait que le vaccin permettrait de nous injecter une puce: "ça va marcher avec la 5G", a-t-elle assuré, à tort.

"Le vaccin est le thème qui rassemble le plus les complotistes", explique Antoine Bristielle, professeur agrégé en Sciences sociales.

Mais la défiance vaccinale touche aussi des personnes simplement inquiètes de possibles effets secondaires. Antoine Bristielle les met en garde contre "les nombreux sites internet trompeurs".

"On ne sait pas qui est derrière certains sites. Ils singent des sites officiels pour créer de la confusion et se donner une forme de crédibilité", explique Jocelyn Raude. Les autorités sanitaires ont payé, indique-t-il, "pour avoir un meilleur référencement de leurs sites sur Google face aux sites vaccino-critiques".

La géographe Lucie Guimier note des disparités régionales. "On pourrait croire qu'avec internet, tout est uniformisé. (...) Mais historiquement, le refus vaccinal est plutôt ancré dans le sud". Elle relève le cas de Marseille: "l'idée s'est renforcée que c'est une ville rebelle face à l'Etat central. C'est assez dangereux en terme de santé publique".

Samia Ghali, deuxième adjointe à la mairie, a affirmé en septembre qu'elle refuserait le vaccin.

"Les discours anti-vaccins de personnalités publiques font beaucoup de dégâts. Les gens se disent: +Ils sont au pouvoir, ils savent ce qui se cache derrière+", s'inquiète Lucie Guimier.

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Coronavirus COVID-19

Covid-19 : le repli de l’épidémie se confirme selon l’agence régionale de santé

Avec un taux d’incidence en population générale désormais sous la barre des 400 cas pour 100/000 habitants, l’épidémie confirme son repli en Bourgogne-Franche-Comté selon les derniers chiffres de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté.  Le taux de positivité des tests perd 5 points mais reste cependant élevé à près de 25%.
 

Covid-19 : le nombre de patients testés a doublé en un mois en Bourgogne-Franche-Comté  

Le nombre de tests a "de nouveau franchi" la barre des trois millions en une semaine, selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé, sur fond de septième vague de l'épidémie de Covid-19. En Bourgogne-Franche-Comté, plus de 77.000 personnes ont réalisé un test antigénique ou PCR entre le 27 juin et le 3 juillet 2022 contre 54.000 la semaine précédente et 33.000 début juin.

Santé

Parler du don d’organes en famille : l’appel de Philippe Patton, nouveau président de France ADOT

Philippe Patton, président de ADOT 25 à Pontarlier depuis 2014, a été élu président de France ADOT lors de l’assemblée générale annuelle de la fédération, qui s’est tenue à Paris samedi 28 juin 2025. Ce militant engagé dans la cause du don d’organes depuis 16 ans succède à la présidence de cette fédération nationale qui regroupe 63 associations départementales. Avec lui, on fait le point sur le don d’organe en France et la loi.

”Bonjour la santé” à Besançon : un théâtre forum primé et salué par les professionnels de santé

Présenté le 2 juillet 2025 à la séance plénière de la Conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA) à Besançon, le projet ”Bonjour la santé” a suscité l’intérêt des acteurs régionaux de la santé. Ce théâtre forum, fruit d’un travail collectif avec les habitants du quartier des Clairs-Soleils, a reçu le 1er prix du concours Droits des usagers en Bourgogne-Franche-Comté, une reconnaissance forte pour cette initiative locale.

Canicule meurtrière à Besançon : la Ville de Besançon rappelle les dispositifs de soutien 

Comme nous vous en informions ce mardi matin, un homme sans domicile fixe est décédé sur la place du 8 Septembre, en plein centre-ville de Besançon. Selon la Ville de Besançon, ce décès serait ”très certainement en lien avec la canicule en cours”, alors que la région est frappée par une vague de chaleur intense depuis plusieurs jours. Elle rappelle les mesures en place et réflexes à avoir en cas de détresse.

Canicule en Bourgogne Franche-Comté : les conseils en cas de pic de pollution de l’air

Selon le dernier bulletin de l’air communiqué par l’organisation Atmo Bourgogne Franche-Comté, une dégradation est attendue mardi 1er juillet 2025 sur une grande partie de la région suite à la formation d’ozone en raison de la météo. Voici quelques recommandations sanitaires du ministère de la Santé en cas d’épisode ou de pic de pollution de l’air.

Pollution de l’air : une nette dégradation attendue en Bourgogne-Franche-Comté

Selon le bulletin d'Atmo Bourgogne Franche-Comté publié lundi 30 juin 2025, la qualité de l'air sur l’ensemble de la région est fortement affectée par les conditions météorologiques actuelles. Les fortes chaleurs combinées à un ensoleillement soutenu favorisent la formation d’ozone, principal polluant mesuré ces jours-ci.

Canicule : l’association Peta alerte sur les dangers pour les animaux

Alors que la France affronte une intense vague de chaleur cette semaine au moins jusqu’au 2 juillet 2025, l’organisation de défense des droits des animaux Peta (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux) alerte sur les dangers que représentent les températures élevées pour les animaux de compagnie et la faune sauvage.

Alimentation : les 6 conseils de Valentine Caput pour bien profiter de l’été !

L'OEIL DE LA DIET • Barbecues improvisés, apéros chips-saucisson, glaces, churros, restaurants en tout genre… les tentations sont nombreuses en cette période de l’année pour lâcher son rythme et ses habitudes alimentaires ! Mais équilibre et plaisir ne sont pas incompatibles… il faut juste avoir les bons réflexes !

Mobilisation le 28 juin à Besançon contre la loi Duplomb, une ”loi poison” selon des associations

Un large front d’associations, de syndicats agricoles et de formations politiques appelle à un rassemblement régional samedi 28 juin 2025, de 16h30 à 18h30, place Granvelle à Besançon. L’objectif : dénoncer la loi Duplomb, qualifiée de “loi poison” par ses opposants.

Baignade en Bourgogne-Franche-Comté : 87% des sites jugés d’”excellente ou de bonne qualité”

Alors que l’été démarre et que les congés approchent, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté rappelle les dispositifs mis en place pour garantir une baignade sûre sur les sites naturels et artificiels de la région. 87% des sites étaient jugés d’excellente ou de bonne qualité, assure l’Agence.

Qualité de l’air en Bourgogne-Franche-Comté : une situation qui se dégrade avec la chaleur…

La qualité de l’air en Bourgogne-Franche-Comté est jugée ”majoritairement moyenne” ce mardi 24 juin, selon les dernières prévisions d'Atmo BFC. Toutefois, elle pourrait être ”localement dégradée notamment sur l’est de la région”, en raison des conditions météorologiques actuelles.
 

Accès aux soins : une situation encore contrastée dans le Doubs

L’UFC-Que Choisir du Doubs – T. Belfort alerte sur les dérives d’un système de santé à deux vitesses, à l’occasion de la publication d’une nouvelle étude nationale sur l’accès aux soins. Si le département du Doubs conserve une densité médicale relativement élevée avec 34,88 médecins pour 10.000 habitants, au-dessus de la moyenne nationale de 27,28 en 2023, la tendance reste préoccupante. Cette densité était de 36,47 en 2019, marquant une dégradation progressive de l’offre médicale.

Le CHU de Besançon au coeur de la journée de réflexion sur le don d’organe

Le 22 juin 2025, ce sera la Journée nationale de réflexion sur le don d’organe et la greffe, et de reconnaissance aux donneurs. D’années en années, le CHU de Besançon multiplie ses efforts concernant la sensibilisation sur ce sujet. En 2024, le CHU et la Ville de Besançon sont même devenus ambassadeurs du don d’organes.

Saison estivale 2025 : rappel des bons gestes à adopter pour se protéger des fortes chaleurs

La surveillance sanitaire renforcée des vagues de chaleur se met en place comme chaque année à compter du 1er juin 2025, rappelle le ministère de la Santé. À cette occasion, les autorités sanitaires rappellent la nécessité d’adopter les bons gestes pour se protéger en amont et durant des épisodes de fortes chaleurs.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 20.19
ciel dégagé
le 04/07 à 09h00
Vent
2.53 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
100 %