Bilan de la délinquance : le Doubs serait-il un département plus violent ?

Publié le 16/03/2023 - 15:24
Mis à jour le 17/03/2023 - 10:01

Le préfet du Doubs Jean-François Colombet et le procureur de la République Étienne Manteaux ont présenté ce mercredi 15 mars en présence des autorités locales, le bilan de la délinquance de l’année 2022 lors d’une conférence de presse à la préfecture de Besançon. 

Les années 2020 et 2021 ayant été fortement marquées par le covid et les confinements qui en ont découlé, le préfet a rappelé que les chiffres de ces deux dernières années ne "révélaient pas exactement la réalité de la délinquance dans le département du Doubs". En présence du commandant en second du groupement de gendarmerie, du directeur départemental de la sécurité publique, du directeur régional des douanes, le préfet et le procureur de la République Étienne Manteaux ont présenté ce nouveau bilan de l’année 2022.

Les atteintes aux biens en augmentation

Le préfet du Doubs a précisé que l’année 2022 avait été marquée par une augmentation de 11% des atteintes aux biens (vols de véhicules, cambriolages et dégradations) en zones polices et gendarmeries confondues. Jean-François Colombet a tenu a rappelé que cette hausse concerne surtout les vols sans violence dans des entreprises ou des établissements, où cette fois la hausse est forte avec plus de 32% d’augmentation. 

Les vols de véhicules à moteur ont eux aussi progressé de +18,7%. La conjoncture des prix sur les carburants a également eu pour effet de voir une recrudescence des vols de carburant surtout sur les aires de repose de l’autoroute A36.

Ce qui inquiète particulièrement les autorités, c’est la très forte hausse des vols dans les véhicules (+21,9%) dont 1384 ont été comptabilisés en 2022 contre 1102 en 2019. Cela va conduire la préfecture à mener des campagnes de sensibilisation pour "mettre en alerte les propriétaires de véhicules sur le fait qu’ils s’exposent à des vols de cette nature lorsqu’ils laissent des biens dans leur voiture". 

Dans le même temps, "les taux de résolution d’enquête ont doublé quasiment" a insisté le préfet, "on a des taux qui sont passés à 14% alors qu’ils étaient à 7% et qu’ils sont actuellement à 6% au niveau national, donc c’est une satisfaction". 

Le télétravail, une "protection passive" contre les cambriolages

Alors qu’ils sont en augmentation au niveau national, les cambriolages (au sein de l’espace privé) sont en baisse par rapport à l’année de référence 2019 où l’on comptait 1343 cambriolages de logements en 2019 contre 898 en 2022. Une stabilité qui s’explique par un "changement de société depuis la pandémie" selon le préfet. Le développement du télétravail constitue une "protection passive", rappelant que "quelqu’un qui télétravaille chez lui, forcément, il réduit le risque de cambriolage, c’est un fait de société" a expliqué Jean-François Colombet. 

Une évolution plus violente de notre société

Les atteintes à l’intégrité physique sont elles plus nombreuses ce qui "révèlent de l’évolution violente de notre société" a précisé le préfet face à l’augmentation de 6% par rapport à 2021 et de +12% par rapport à 2019 mais elles ont plutôt lieu dans la sphère privée.

Les violences physiques crapuleuses telles que les vols avec arme à feu par exemple, "qui sont les plus traumatisants pour les victimes", sont en recul de 28,1% tandis que les violences physiques gratuites au sein de l’espace privée ont elles, explosé.

Une société "d'hyper violence surtout dans la sphère privée" a précisé le préfet où les victimes de violences intrafamiliales augmentent de 43,43% (dont 80% sont des femmes). Les violences sexuelles sont elles aussi plus fréquentes avec 594 faits en 2022 contre 431 en 2019. Une explosion de ce types de faits qui s’explique en partie par un "puissant mouvement de libération de la parole" selon le procureur de la République Étienne Manteaux estimant "qu’ils peuvent donner l’impression d’une société qui devient ultra violente mais c’est un peu plus compliqué que cela". 

"Je n’ai pas l’impression que les hommes sont plus violents qu’avant mais par contre les femmes déposent beaucoup plus plaintes. C’est en partie grâce à un événement sociétal fort, et d’un effort très sérieux des services d’enquête pour recevoir ces femmes dans de bonnes conditions". Étienne Manteaux, procureur de la République de Besançon.

Les violences ne seraient donc pas forcément plus fréquentes mais elles sont en revanche davantage rapportées, "on est surtout sur une révélation aux services d’enquêtes d’une réalité de délinquance qui existait déjà" a résumé Étienne Manteaux. 

Un relâchement des bons comportements routiers

Du côté des routes, le nombre de morts reste stable (25 décès en 2022) mais la délinquance routière préoccupe également le procureur avec une augmentation de plus de 25% des accidents corporels qui traduit un relâchement sur la route avec comme causes principales "la vitesse et l'alcool". 

Explosion du trafic de stupéfiants

Le nombre d’infractions liées aux stupéfiants a lui aussi augmenté de 12%. 

En revanche, les homicides et tentatives d’homicides crapuleux sont eux en recul de 8% "en dépit des affaires ayant marqué l’opinion publique" a réagi le préfet. Tout comme les violences urbaines, en recul de 9,76% sur le département par rapport à 2021. Un résultat obtenu selon Jean-François Colombet grâce à une présence sur la voie publique forte que le préfet souhaite encore accentuer.

Dissuader avec davantage de présence sur la voie publique

Après consultation avec l’ensembles des autorités, le préfet a fait savoir qu'il avait proposé au ministre de l’intérieur, la création de quatre brigades spécialisées dans le Doubs pour "augmenter notre présence sur la voie publique". Une sur Besançon qui aurait une compétence spécifique sur les violences intra familiales, une autre sur la commune d’ Orchamps-Vennes, orienté sur l’environnement (pollution des milieux naturels), une troisième sur le Pays de Montbéliard pour lutter contre les violences urbaines et enfin une dernières sur la commune de Baume-les-Dames actuellement peu couverte. 

Info +

Étienne Manteaux a rappelé l'augmentation des élucidations en matière de trafic de stupéfiants passant de 300 à 750 en quatre ans. Une satisfaction qui conduit malheureusement à une "situation qui devient très complexe", celle de la surpopulation carcérale. Il y a aujourd'hui 420 détenus à la maison d'arrêt de Besançon, là où il n'y a que 250 cellules individuelles.

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