"J'ai écouté les experts", et l'hypothèse que ce patient, Eric Gendronneau, ait été victime d'une intoxication aux anesthésiques locaux "est la seule option qui reste, tout le reste a été éliminé", a concédé l'accusé de 53 ans, sans jamais se départir de son calme.
Depuis l'ouverture du procès le 8 septembre, la cour s'est penchée sur les cas de neuf patients, et c'est le quatrième pour lequel le Dr Péchier - accusé d'avoir empoisonné au total 30 personnes, dont 12 sont mortes - admet finalement la réalité d'un empoisonnement. En huit ans d'instruction, il avait pourtant constamment rejeté une telle hypothèse, pour l'ensemble des cas versés au dossier.
"Tout d'un coup, parce que vous êtes acculé, vous êtes obligé d'admettre l'existence d'un empoisonnement, mais non pas votre culpabilité", l'a attaqué l'une des deux avocates générales, Thérèse Brunisso.
Un autre arrêt cardiaque quelques jours plus tard
Après l'arrêt cardiaque de M. Gendronneau, le 8 septembre 2009, des anesthésiques locaux ont été retrouvés dans deux seringues et une poche de perfusion - qui n'a néanmoins pas servi pour ce patient - séquestrées au bloc opératoire, alors que ces produits n'avaient pas été utilisés par les médecins.
Frédéric Péchier a expliqué qu'il ne pouvait pas être l'empoisonneur, car ce jour-là, il était certes présent à la clinique, mais pas dans le bloc opératoire où était pris en charge ce patient. S'il y était entré pour s'en prendre à M. Gendronneau, il aurait forcément été repéré, a-t-il fait valoir. D'ailleurs, "jamais" personne ne l'a vu "entrer ou tripoter des poches", a renchéri son avocat, Randall Schwerdorffer.
La cour s'est également penchée sur un autre arrêt cardiaque suspect, celui de Sylvie Gaillard, survenu dans la même clinique quelques jours plus tard. Pour le Dr Péchier, cette patiente n'a pas été empoisonnée, mais a eu un "trouble du rythme" cardiaque lié à un déficit en potassium. Les experts médicaux ne s'accordent pas sur ce cas: deux concluent à une intoxication à l'adrénaline, deux autres privilégient une cause médicale.
Deux arrêts cardiaques, à quelques jours d'écart, cela "interroge", relève Christine de Curraize, autre avocate générale. Et dans les deux cas "vous êtes juste à côté", lance-t-elle à l'accusé.
Frédéric Péchier comparait libre mais risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.
(AFP)